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TimFaitSonCinema
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PRISONERS

Dans une banlieue pavillonnaire américaine, un jour de Thanksgiving, deux petites filles de 6 ans disparaissent. Un suspect est arrêté mais relâché, faute de preuve. Le père de la fillette va alors décider de se faire vengeance alors que l’enquête devient de plus en plus compliquée.
Verdict:
Un thriller « poisseux » plutôt pas mal fichu même si on voit trop venir les retournements et les incohérences sont un peu trop nombreuses à mon goût. A la performance un peu trop forcée de Hugh Jackman, je préfère celle plus sobre de Jake Gyllenhall.
Coup de coeur:

Jake Gyllenhall

La date de sortie du film:

09.10.2013

Ce film est réalisé par

Denis VILLENEUVE

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


Denis Villeneuve est vraiment la démonstration de comment un film peut bouleverser une destinée cinématographique. Alors qu’il déroulait une carrière assez confidentielle, principalement au Canada, celle-ci a pris un tour tout nouveau en 2010 quand est sorti Incendies, son précédent film. Cette adaptation d’une pièce de Wajdi Mouawad a fait un véritable carton à travers le monde, remportant de nombreuses récompenses et étant même nominé comme meilleur film en langue étrangère aux Oscars (battu par Revenge). Je ne l’avais même pas vu (la honte !) et je ne sais même pas pourquoi même si j’en avais entendu plutôt du bien à l’époque. Toujours est-il que de nombreuses portes se sont ouvertes pour ce réalisateur puisqu’il s’est vu offrir deux projets en même temps. Le premier filmé (et qui n’est pas encore sorti), c’est une sorte de thriller fantastique produit en Espagne et tiré d’un livre écrit par un Portugais. Et le second, c’est donc Prisoners, une plus grosse machine américaine même si le budget n’est pas forcément énorme sur une trame d’un jeune scénariste qui voyait son script traîner depuis pas mal de temps. En plus d’un casting de choix, Denis Villeneuve s’est entouré d’une équipe technique de qualité avec, entre autres, Joel Cox, le monteur attitré de Clint Eastwood et Roger Deakins, un directeur de la photographie connu pour son travail avec les frères Coen ou encore pour quelques autres réussites, c’est le moins que l’on puisse dire, sur le plan de l’image (L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ou encore Skyfall). Tout cela mis bout à bout donnait plutôt envie de voir le film et, honnêtement, je n’ai pas été déçu. Ce n’est pas le thriller du siècle mais c’est un film policier sombre, que je qualifierais même de « poisseux » et qui, malgré sa durée (presque deux heures et demie), réussit à tenir en haleine le spectateur.

L’histoire est quand même particulièrement dure car la disparition d’enfants est un sujet qui touche forcément tout le monde. A partir de ce point de départ, le film prend deux directions différentes : celle « légale » incarnée par l’enquête menée par l’inspecteur Loki et une autre plus parallèle, puisque, de son côté, le père de l’une des fillettes va se venger à sa manière sur celui qu’il estime être le coupable. Ces « deux enquêtes » se rejoignent finalement peu et sont menées de front, sans avoir trop d’interactions. Prisoners est donc aussi un film sur la vengeance personnelle, par rapport à la justice régulière. Personnellement, je trouve cela toujours un peu problématique, surtout que, là, le scénario et la réalisation ne lésinent pas sur le côté « torture ». Ça en devient un peu gênant et, selon moi, ça brouille un peu le propos en le radicalisant trop. C’est dommage car le fond de l’histoire est plutôt intéressant et le film est dans l’ensemble bien mené. On sent un peu trop venir les rebondissements à mon goût mais ça n’en reste pas moins un thriller labyrinthique qui peine à réellement surprendre mais demeure efficace. En plus des éléments que l’on attend trop fortement, on trouve selon moi quelques incohérences et des choses qui manquent de logique et de crédibilité. C’est notamment le cas de cet inspecteur qui s’occupe visiblement seul d’une affaire où deux fillettes ont disparu. Etrange sur le principe, non ? En plus, dès qu’il a une fouille à faire, il est invariablement seul, ce qui renforce le suspense, évidemment, mais qui me paraît un peu gros. Prisoners est aussi un vrai film d’ambiance. Au cœur d’une banlieue comme on en trouve partout aux Etats-Unis se déroule cette historie qui vire au glauque. Il faut rendre hommage au travail sur l’image opéré par Roger Deakins et qui plonge vraiment cet endroit dans une ambiance à la fois inquiétante et presque sans espoir avec des teintes assez sombres et un camaïeu de marron et de gris. Quand la neige se surajoute à ce décor, ça donne vraiment des images parfois impressionnantes et une sensation qui colle bien à l’ensemble du film.

Denis Villeneuve s’était donc entouré d‘un casting de qualité avec la présence de nombreux acteurs confirmés. Les seconds rôles tenus par Paul Dano et Melissa Leo le sont avec talent mais ce sont surtout les deux performances principales qui ont ici de l’importance. On a déjà Hugh Jackman, en père éploré qui décide de se faire justice lui-même. Personnellement, je trouve qu’il en fait un peu trop et qu’il manque globalement de nuances dans son jeu. Forcément, avec un tel personnage, il est compliqué de ne pas en rajouter mais, quand même, l’acteur australien est suffisamment doué pour ne pas surligner de cette manière tout ce qui se passe dans l’esprit de cet homme torturé. Face à lui, on trouve Jake Gyllenhaal, parfait en flic consciencieux et bon élève mais qui voit peu à peu l’enquête qu’on lui a confié partir en vrille, du fait de ses supérieurs mais aussi de ses propres erreurs. Lui, justement, apporte vraiment de la nuance à son personnage et, avec son tic (de cligner les yeux sans arrêt), il lui donne une vraie bonne consistance. En fait, on a envie de suivre l’enquête avec ce flic et qu’il réussisse à retrouver les deux jeunes filles. Va-t-il y réussir ? Je vous laisse le plaisir de le découvrir même si je ne dirai qu’une chose par rapport à la toute fin, c’est que c’est très loin d’être le meilleur moment du film et qu’elle m’a plutôt laissé une mauvaise impression. Et c’est dommage car l’ensemble du long métrage est plutôt correct et se laisse largement regarder. Ce n’est pas le film du siècle, mais, dans le genre, ça faisait un petit temps qu’on en n’avait pas vu un de cette qualité. En bossant à peine plus le scénario et en évitant quelques petites incohérences, il y avait même peut-être moyen de faire encore mieux.



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