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TimFaitSonCinema
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SKYFALL

Donné pour mort après une mission qui finit mal à Istanbul, James Bond se voit obligé de revenir à Londres alors que le MI6 est sévèrement attaqué. Il va alors avoir à faire à un redoutable ennemi mais aussi à son propre passé.
Verdict:
Si Skyfall n’est pas le film dément que l’on pouvait attendre, Sam Mendes nous offre quand même un James Bond de qualité, peut-être moins porté sur l’action et recentré sur l’agent et son histoire personnelle. Quelques séquences méritent bien plus qu’un coup d’œil.
Coup de coeur:

La scène de Shanghai

La date de sortie du film:

26.10.2012

Ce film est réalisé par

Sam MENDES

Ce film est tagué dans:

Film d'action

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 La Critique


Dire que ce nouveau James Bond était attendu est un euphémisme. D’abord pour une raison toute simple. 2012 est l’année du cinquantième anniversaire de la « naissance » à l’écran de celui qui est devenu le plus célèbre espion de Sa Majesté. En un demi-siècle, vingt-deux films ont été réalisés, dont j’ai du voir, à peu de choses près, la totalité, même si je n’ai pas jeté un œil attentif à chacun des visionnages. Pour cette occasion unique, on était en droit de s’attendre à un très grand film. Ensuite, il y a à peu près trois ans, juste après la sortie de Quantum of Solace, lorsque l’on a appris le nom du réalisateur du vingt-troisième opus de la saga, je dois avouer que j’ai été plus que surpris puisqu’il s’agissait ni plus ni moins que de Sam Mendes, plutôt connu pour la réalisation de drames (American Beauty, Les noces rebelles) et non pour ses films d’action. Pour moi, c’était presque comme si on me disait que Michael Bay (Armageddon, Transformers) était prévu pour faire un remake américain de Quelques heures de printemps (qui n’est pas à l’ordre du jour, je tiens quand même à le préciser). En même temps, en y réfléchissant un peu, cela confirme une évolution déjà prise avec Quantum of Solace, confié à l’époque à Marc Foster, pas un spécialiste du film d’action, loin de là. Je dois bien avouer que voir Sam Mendes aux commandes d’un James Bond avait quelque chose de vraiment excitant. Mais alors, ça donne quoi finalement ? Skyfall s’avère finalement être un film réussi bien qu’assez difficile à appréhender, parce qu’il n’est pas un simple long-métrage d’action.

Et si la première scène résumait en fait tout le film ? Du flou le plus total surgit une silhouette qui se précise peu à peu jusqu’à devenir claire quand on voit le regard perçant de James Bond lui-même, comme une forme de résurrection ou de passage à la lumière. La séquence d’ouverture s’enclenche alors et on comprend assez vite que l’on va avoir droit à du lourd. Dans un Istanbul surpeuplé s’engage une poursuite en voiture, en moto puis dans un train. C’est vraiment un enchaînement de très grandes scènes d’action avec une gestion du rythme et de l’espace en tous points remarquables. Honnêtement, ça ressemble vraiment aux meilleures séquences de Jason Bourne avec une musique (ici, de Thomas Newman) qui, elle aussi, tire un peu (trop ?) vers la partition qu’a composée John Powell dans les différents opus de la trilogie bournienne. Foncièrement, ce n’est pas pour me déplaire et cela confirme en tout cas le rôle qu’ont eu les trois longs-métrages sur notre agent amnésique préféré. A l’issue de cette séquence, 007 est laissé pour mort et démarre alors le générique qui joue sur ce thème de la chute vertigineuse en passant de trous en trous. C’est loin d’être le meilleur qu’on ait vu chez James Bond car il lui manque un véritable fil conducteur (comme pouvaient l’être les cartes de jeu pour Casino Royale). Pourtant, la musique, elle, est vraiment chouette (en même temps, c’est Adèle, donc…). C’est après ce passage obligé, codifié et toujours attendu de la série que débute véritablement le film.

On se retrouve alors au cœur des arcanes du MI6, avec une M qui se voit gentiment mettre dehors du fait de la perte de données absolument confidentielles et potentiellement très dangereuses. Ce que l’on ne sait pas encore, c’est qu’en fait, toute l’intrigue tournera autour de ces données et de la direction du MI6 en général. Un véritable recentrage de l’univers de James Bond s’opère donc sur le territoire même des prises de décision : Londres. En effet, il n’y a finalement que peu de voyages à l’étranger. Shanghai et Macao constituent les seuls et sont placés dans la première partie du film. La deuxième moitié se passe donc uniquement en Grande Bretagne, à Londres principalement puis en Ecosse. Dans tous les derniers épisodes, on ne voyait presque jamais la nation mère de l’espion, si ce n’est à travers les bureaux du MI6. Là, Londres est un décor spécifique, à la fois pour l’intrigue mais aussi pour les scènes d’action (notamment dans son légendaire métro). Ce choix peut être vu comme une volonté de revenir à quelque chose de plus organique et moins « folklorique ». C’est aussi en lien direct avec toute la thématique du film qui joue en fait principalement sur le thème du retour aux origines, de l’enfance à la façon dont James Bond est devenu l’agent 007. C’est aussi pour cela que ce film donne une grande part au personnage de M qui se retrouve personnellement confronté à l’ennemi, bien plus que Bond qui est, ici, là pour la défendre.

Ainsi, Skyfall est plutôt sombre, parfois presque un peu crépusculaire. Il n’y a par exemple aucune scène de « sexe » dans ce film (on s’entend, hein, les James Bond n’ont jamais été des films porno) et la seule véritable « James Bond Girl » est vraiment réduite à un rôle très annexe (celui d’emmener Bond vers le méchant) alors que, dans les deux films précédents, elles tenaient une place absolument centrale dans toute l’intrigue. J’irais même jusqu’à dire que pour cette Séverine, le titre de « James Bond Girl » est vraiment à discuter… De même, le côté assez funky des répliques bien senties est présent, bien sûr, mais beaucoup moins que d’habitude. Ce James Bond est moins déjanté (ça fait trois films que cette tendance est notable) et plus rude, plus brut de décoffrage. Seuls les personnages de Q, renouvelé car campé ici par un tout jeune homme et, dans un sens, celui d’Eve, apportent une touche d’humour typiquement britannique et, par extension, bondien. Dans cet esprit, Daniel Craig, son regard minéral et sa musculature imposante, n’est pas loin d’être parfait. Il a en plus le petit sourire en coin facile quand il en a besoin. Il y a tout de même un dialogue qui se place dans la grande lignée du second degré et des sous-entendus chers à James, c’est celui qu’il a avec le méchant où tout tourne de façon assez maligne autour d’une possible homosexualité du héros (lui-même ne faisant rien pour démentir). Pour les cinquante ans, il y a tout de même quelques clins d’œil comme ce passage dans la mythique Aston Martin, cette reprise du thème musical original, ou ce rapport aux gadgets qui ont aussi fait le succès du héros mais qui, aujourd’hui ont moins de sens et d’utilité. Ainsi, entre hommages et modernité, Skyfall parvient à trouver le bon compromis.

L’un des aspects les plus étranges de cet épisode des aventures de 007 tient dans l’un des éléments tout de même centraux : celui du méchant. Il n’est au départ qu’un spectre qui terrorise virtuellement le MI6 et plus particulièrement M et il faut attendre le milieu du film pour le voir en chair et en os, lors d’une séquence qui nous propose un très long plan assez génial dans ce qu’il montre et qui y est dit. Il nous fait comprendre assez rapidement à quel type d’individu on a à faire. Et on n’est pas déçu du voyage. Javier Bardem, la moumoute blonde, campe un cybercriminel psychopathe, assoiffé de vengeance par rapport à une vieille histoire avec M. C’est en quelques sortes un « Joker du pauvre » qui ne s’en prend pas directement à Bond mais qui cherche bien à régler un problème personnel avec son ancienne chef. Et pour cela, il est prêt à tout. Mais, bizarrement, ce méchant apparaît presque comme annexe car il semble n’être là que pour guider Bond dans son retour aux origines et pas vraiment pour être combattu en tant que tel. Il s’inscrit en fait dans un scénario plus qu’il ne le provoque vraiment. Et d’ailleurs, dans l’ensemble, le script n’est pas forcément le point fort de cet épisode car il se révèle un peu trop simpl(ist)e pour être vraiment digne de la série. Encore que, je préfère ça à des trucs complètement alambiqués comme les opus de la fin des 90’s-début des 00’s. Cela confirme en tout cas l’impression que Skyfall est bien centré sur James Bond, son passé et sa façon de se reconstruire, plus que sur une histoire à part entière. C’est comme si on arrivait à la fin d’un cycle et qu’il fallait redonner au héros une vraie assise pour lui permettre de se relancer. La toute fin va d’ailleurs dans ce sens.

Un James Bond est, quand même, avant toute chose un film d’action et, de ce côté-là, encore, l’impression est quelque peu mitigée puisqu’on a l’impression qu’il n’y a pas tant que ça de véritables scènes d’action. Il y a, en plus de la séquence pré-générique, une poursuite dans le métro qui est assez géniale, une fusillade et toute la séquence finale du manoir (celle-ci a un côté très Maman, j’ai raté l’avion qui ne peut que me réjouir) plus quelques montées de tension plus brèves. Le taux d’improbabilité de toutes ces scènes reste assez haut, mais, bon, avec James, tout est possible, c’est comme ça. Sur presque deux heures trente, ça fait finalement assez peu ou c’est en tout cas l’impression que ça donne. Mais cela est aussi du à la façon dont le réalisateur s’empare du sujet Bond. Sam Mendes fait de ce Skyfall un film qui ressemble plus à un drame qui se déguise en film d’action. En effet, il donne une grande importance aux dialogues, à la façon dont les personnages évoluent. Dans sa manière de réaliser aussi, cet aspect est particulièrement prégnant. Il est posé et use beaucoup des gros plans, notamment, de M, jouée par une Judi Dench toute en détermination et en rides. On a vraiment l’impression qu’il ne veut jamais que son film dérape dans une succession un peu frénétique de séquences musclées. Il y a ainsi de longues plages beaucoup plus calmes et posées.

Sam Mendes est aussi capable de nous offrir de merveilleuses séquences, notamment celle dans l’immeuble de Shanghai. Le jeu combiné de miroirs, d’ombres et de lumière est assez incroyablement mis en scène et donne vraiment un rendu original et même assez extraordinaire. La gestion de toute la séquence dans le métro est aussi à noter car, dans un espace clos comme celui-là, il arrive à créer de vraies perspectives et une véritable sensation de mouvement perpétuel. En tout cas, Sam Mendes donne à son film une couleur et une ambiance particulières qui font de ce James Bond un film assez différent des précédents. Je ne m’en plaindrai pas car j’ai trouvé celui-ci plutôt costaud, au premier comme au second visionnage. Maintenant, la question est la suivante : qui va réaliser le prochain épisode ? Si l’évolution engagée depuis cinq ans continue de la même manière, je peux proposer un nom : celui de Michael Haneke. Avec Jean-Louis Trintignant en 007 et Emmanuelle Riva en « James Bond Girl » ?

REVU LE 28/10/2012


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Soph' 11.11.2012, 23:56

Jaaaaaaaaaaaaaaaaaaaames <3 ;)
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Soph' 12.11.2012, 00:04

"le joker du pauvre"... Tim tu me fais hurler de rire ;)
Pour "Maman j'ai raté l'avion", c'est exactement ça, j'ai bien pensé à toi à ce passage ;)
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Nico 22.11.2012, 18:23

Très bonne critique !!
... Pour un opus que j'ai trouvé très réussi. Même si effectivement, on y voit un James Bond plus sombre et torturé que passionné et séducteur. La scène de rasage avec Moneypenny (superbe !) aurait sans doute méritée de trouver une suite.
Finalement, la véritable présence féminine de cet épisode c'est M qui l'incarne. Ca change des pin-up.
Pour moi c'est un des tous meilleurs !
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Emma 15.12.2012, 14:08

Et moi, je ne l'ai toujours pas vu ... :'(


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