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TimFaitSonCinema
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DON JON

Jon est un séducteur né qui enchaîne les conquêtes. Il est aussi un très gros amateur et consommateur de films pornographiques. Un soir, il rencontre Barbara, jeune femme amatrice de films à l’eau de rose. Leur rencontre improbable va-t-elle pouvoir déboucher sur une relation stable ?
Verdict:
Pour son premier long métrage, Joseph Gordon Levitt nous offre une fausse comédie romantique à la fois trash mais loin d’être inintéressante sur le fond. La première moitié est meilleure que la seconde même si l’ensemble reste largement correct. JGL mérite d’être revu des deux côtés de la caméra.
Coup de coeur:

Joseph Gordon-Levitt

La date de sortie du film:

25.12.2013

Ce film est réalisé par

Joseph GORDON-LEVITT

Ce film est tagué dans:

Comédie romantique

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 La Critique


Joseph Gordon-Levitt est un acteur que l’on a appris à connaître et à apprécier depuis quelques années. S’il a une longue carrière derrière lui (notamment à la télévision), c’est surtout (500) jours ensemble qui l’a fait véritablement connaître du grand public. Dans cette comédie romantique un peu décalée, il interprétait un jeune homme un peu perdu face aux errements amoureux de celle qu’il considérait comme sa petite amie. Christopher Nolan lui a ensuite offert des seconds rôles consistants dans Inception et The Dark Knight Rises. C’est donc maintenant un acteur qui compte à Hollywood et il n’est finalement pas si illogique de le voir passer à la réalisation car ça a toujours été un touche-à-tout (musicien, fondateur d’une société de production à 23 ans et producteur de Looper, dans lequel il tient l’un des rôles principaux). En ce sens, Joseph Gordon-Levitt peut être rapproché de James Franco, autre comédien trentenaire passé cette année à la mise en scène de longs métrages. Mais là où James Franco a pris la sécurité (encore que, ça se discute) d’adapter des romans pour ses premiers films (As I lay dying de William Faulkner et Child of God de Cormac McCarthy), Joseph Gordon-Levitt a lui-même écrit le scénario de sa première réalisation. Et sans vouloir faire de jeux de mots vaseux, on peut dire que, pour un premier projet, celui qu’il choisit est plutôt « couillu ». En effet, en orchestrant une fausse comédie romantique, il parle surtout de l’addiction au sexe, et plus précisément ici de la question de la pornographie. C’est fait sur le ton de la comédie, contrairement par exemple à Shame de Steve McQueen, qui était bien plus dramatique, mais ça dit quand même beaucoup de choses. On peut donc vraiment dire que Joseph Gordon-Levitt réussit son « examen de passage » en tant que metteur en scène avec ce film assez singulier et par moments vraiment génial.

C’est notamment le cas lors de la première demi-heure qui est très réussie. Accompagnés d’une voix off (très présente pendant tout le film), nous apprenons à connaître ce Jon pour qui, comme il le dit lui-même, peu de choses comptent vraiment (tout est d’ailleurs marqué sur l’affiche). Ces activités se suivent et pendant tout le long métrage, elles permettront un processus de répétition à la fois assez drôle (toutes les confessions ou les repas en famille sont par exemple de grands moments) mais qui montre aussi le côté obsessionnel de ce jeune homme. Et ce qui est le plus marquant chez ce Jon, c’est bien l’addiction aux films pornographiques. D’entrée de jeu, pas grand-chose ne nous est « épargné » puisqu’on voit au final beaucoup d’images tirées de films X même si c’est toujours très court et presque subliminal. En ce sens, Don Jon a un côté particulièrement trash qui est visiblement totalement assumé par le réalisateur qui en joue largement. Ce qu’il faut dire ici, c’est que Joseph Gordon-Levitt signe avec Don Jon un long métrage vraiment personnel, qui ne ressemble pas du tout à ce que l’on peut attendre d’une comédie romantique. Tant dans le scénario (trash assumé) que dans la mise en scène (rythme effréné, passages presque clipesques), il fait vraiment les choses à sa façon et c’est appréciable. Toute la première partie du film montre vraiment cette volonté de surprendre et de chambouler les codes de la comédie romantique. En fait, on pourrait presque dire de Don Jon que c’est plutôt une réflexion sur deux visions de l’amour qui se font face. Il y a d’un côté un consommateur effréné (en « vrai » mais surtout virtuellement) et de l’autre côté, une jeune femme qui croit encore aux bluettes. Et cela se cristallise autour du cinéma (ce qui n’est pas neutre comme idée) et des messages qui peuvent être véhiculés soit par l’industrie du cinéma pornographique, soit par les comédies à l’eau de rose (incroyable séquence du long métrage avec Anne Hathaway et Chaning Tattum). Bref, tout cela donne à ce Don Jon un aspect vraiment original et très agréable.

Ce qui est un peu dommage, c’est que la deuxième moitié du film est moins réussie. Le changement correspond à l’arrivée du personnage interprété par Julianne Moore. Celui-ci s’inscrit de façon assez étrange dans le film et lui fait perdre beaucoup de rythme (c’est sans aucun doute volontaire). Cette femme apporte un autre message, un peu moins caricatural et plus réaliste sur l’amour. Mais, personnellement, je trouve que les dialogues entre Jon et cette Esther, qui agit comme une mère pour lui, ne sonnent pas vraiment justes. Toute la fin du film devient ainsi un peu étrange, et ce n’est pas vraiment ce à quoi on pouvait s’attendre après une première moitié si irrévérencieuse et plutôt anticonformiste. Sans doute Joseph Gordon-Levitt a eu peur de se laisser trop emporter dans une comédie qui tiendrait uniquement sur des gags plus ou moins douteux. Et, d’une certaine manière, on peut lui en être gré car il réussit justement à parfaitement doser ce qu’il faut de vulgaire avec un peu plus de « réflexion ». C’est loin d’être un film théorique mais, à sa façon, il pose beaucoup de questions, tout comme Shame, d’ailleurs, le faisait d’une manière très différente. Le réalisateur est aussi très doué pour orchestrer des scènes de dialogue assez formidables (avec ses potes ou sa famille). Il faut dire que les seconds rôles sont tenus à la perfection, notamment le père de Jon, italien jusqu’au bout des ongles, ou ses deux meilleurs amis, toujours dans les bons coups. Les personnages principaux sont aussi bien interprétés, notamment par une Scarlett Johansson qui réussit bien à surjouer le côté fausse poufiasse dans les attitudes mais terriblement naïve dans son comportement de cette Barbara. Joseph Gordon-Levitt, lui, est assez génial dans ce rôle de macho finalement plus sensible qu’il n’y paraît. Des deux côtés de la caméra, il assure donc et, pour commencer l’année, c’est bon de voir un film comme celui-ci qui, bien que pas exceptionnel, a le mérite de ne pas ressembler aux autres et d’être ainsi une vraie œuvre.



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