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TimFaitSonCinema
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ROYAL AFFAIR

Dans les années 1770, alors que l’Europe est en pleine ébullition, au Danemark, un nouveau roi prend le pouvoir. Un peu fou sur les bords, il se prend d’amitié pour son médecin, épris d’idéaux neufs. Quand ce dernier commence à fréquenter de plus en plus intimement la Reine, les intrigues se font de plus en plus insistantes à la cour…
Verdict:
De ce long-métrage, on ne peut finalement pas redire grand-chose mais, le problème c’est qu’il n’y pas grand-chose à en dire, tout simplement. Formellement plutôt réussi, Royal Affair manque tout de même à la fois d’ambition mais aussi de souffle. Mads Mikkelsen y est très bon et Alicia Vikander est une vraie révélation.
Coup de coeur:

Alicia Vikander

La date de sortie du film:

21.11.2012

Ce film est réalisé par

Nikolaj ARCEL

Ce film est tagué dans:

Drame historique

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 La Critique


Et voilà que je me mets à aller voir des films danois deux fois par semaines… Après La chasse il y a quelques jours, c’est à Royal Affair que je me suis confronté cette fois. Un seul point commun entre ces deux longs-métrages : la présence de Mads Mikkelsen, sans conteste l’acteur danois le plus connu dans le monde, surtout depuis son interprétation assez glaçante et sanguinolente du Chiffre, le méchant de Casino Royale. Sinon, mis à part cela, il n’y a vraiment pas grand-chose en commun entre ces deux films. Alors que La chasse montrait la réaction d’une petite communauté face à une terrible rumeur, Royal Affair s’intéresse à l’Histoire du pays scandinave à travers la vision de quatre ans décisifs dans la façon de gouverner et dans l’évolution du Danemark, comme son nom l’indique d’ailleurs un peu. C’est la « vraie » histoire de ce peuple (enfin, surtout de ceux qui le dirigent) qui nous est contée ici, avec tout ce que l’adjectif vrai peut avoir de discutable. C’est un réalisateur danois qui s’est attelé à cette tâche. C’est pour lui son premier film à vocation plus internationale même s’il faisait partie (dans un rôle que je n’ai pas forcément défini, scénariste a priori) de l’équipe qui s’est occupée de l’adaptation du roman Millenium de Stieg Larsson en série et en film. Avec Royal Affair, il ne prend pas énormément de risques et livre un film honnête, sans grands défauts mais sans grandes qualités non plus. Un long-métrage assez lisse, en somme.

Comme tout bon film historique qui se respecte, Royal Affair débute (et se conclut aussi, d’ailleurs) par la mise en contexte – puis en perspective – de ce qui va suivre. C’est une forme d’exercice obligé, ou presque, qui permet de cadrer la temporalité du long métrage dans un premier temps puis de le conclure en ouvrant sur l’avenir. Là, en plus, c’est suivi d’une voix-off, celle de la mère qui écrit à ses enfants pour tout leur expliquer. Autre artifice bien connu et qui ne me plaît pas énormément car je trouve que c’est une manière assez facile à la fois de débuter son histoire mais aussi de se mettre d’emblée le spectateur dans sa poche, ici du côté de celle appelée à devenir Reine du Danemark. Au moins le réalisateur n’use-t-il pas trop de ce subterfuge en cours de film, tout juste un fois. Très vite, on est plongé dans la réalité de la Cour du Danemark, avec son Roi plutôt barré, ses personnages intrigants, sa belle-mère qui veut mener son propre fils au trône… Avec un tel matériau, il y aurait quasiment de quoi faire une série. En plus, cette période-là (entre Renaissance et fin du dix-huitième siècle) est plutôt à la mode en ce moment avec le succès des Tudor ou de Borgia. En ramassant le tout sur deux heures de film, Nikolaj Arcel s’oblige à capter des instants, à faire des ellipses, et à survoler quelque peu certains évènements. C’est forcément un exercice compliqué à la fois de scénariste mais aussi de réalisateur. Il rate notamment un peu trop tout le côté intrigue à la cour, là où, justement, il y a besoin de développement car ce sont des personnages plutôt secondaires qui prennent de l’importance. En fait, il se recentre principalement sur trois personnes : le Roi, la Reine et Struensee, le médecin. C’est même en fait ce dernier le personnage pivot de toute l’histoire puisqu’il va peu à peu « prendre le contrôle » sur le Roi et, donc, sur le pouvoir, ainsi que sur la Reine, d’une autre façon. Mais justement, cette évolution de la relation entre la Reine et le médecin est montrée beaucoup trop rapidement. Il suffit d’une danse (ou presque) pour que ce personnage au départ plus dangereux qu’autre chose pour la jeune femme devienne son amant. Là encore, ça manque un peu de temps pour creuser de telles modifications dans les comportements.

De plus, Nikolaj Arcel ne se mouille pas vraiment avec sa réalisation : on a l’impression qu’il choisit délibérément de ne donner aucun souffle à son histoire. Avec une telle façon de faire, le film perd forcément beaucoup de la force et de l’intérêt qu’il pourrait avoir, surtout que, pour faire passer le tout, certaines facilités tant scénaristiques que de réalisation sont utilisées. Alors la mise en scène reste particulièrement plate, pas désagréable parce que c’est techniquement propre et que quelques séquences ressortent du lot. De plus, le côté reconstitution a été très bien travaillé et la production n’a pas lésiné sur les moyens de ce côté-là. En fait, on pourrait presque penser que, comme les femmes de cette époque étaient corsetées, Royal Affair l’est aussi. Cela expliquerait beaucoup de son manque de souffle. De même, sans doute que le grand soin apporté aux décors et costumes bride aussi la mise en scène en l’empêchant de véritablement se lâcher. Les acteurs, eux, s’inscrivent parfaitement dans une telle ambiance, notamment Mads Mikkelsen comme toujours assez formidable dans cette partition pas forcément évidente et ambiguë d’homme qui prend peu à peu le pouvoir par un moyen détourné, et tout cela pour imposer des idéaux qu’il pense justes. Face à lui, on trouve la vraie révélation de ce film, Alicia Vikander, jeune actrice suédoise, qui joue ici le rôle de la Reine. Elle donne une vraie grâce à son personnage et sait moduler quand il le faut les émotions. Royal Affair m’aura au moins permis de découvrir celle que, paraît-il, tout Hollywood est en train de s’arracher… C’est déjà ça ! Car sinon, je risque d’avoir oublié bien vite ce long-métrage.



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