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TimFaitSonCinema
Le soir, lorsque les arcades sont éteintes, commence la vraie vie pour les personnages de ces jeux. Ralph est l’un deux et il en a vraiment marre d’être le méchant de service. Il va alors se lancer dans une grande quête pour être reconnu par tous comme un bon gaillard…
Verdict:
Tout comme Rebelle n’était pas vraiment un Pixar traditionnel, Les mondes de Ralph n’est pas un « vrai » Disney. Bourré de références et de petites trouvailles, il pêche néanmoins par un scénario trop basique pour lui permettre d’être un excellent film d’animation. Parce que l’idée est vraiment là.
Coup de coeur:

Tout le principe du film

La date de sortie du film:

05.12.2012

Ce film est réalisé par

WALT DISNEY

Ce film est tagué dans:

Film d'animation 3D

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 La Critique


Et si 2012 était l’année où tout a basculé entre Disney et Pixar ? La question mérite vraiment d’être posée car après le traditionnel film d’été des studios d’Emeryville, qui était loin d’être un Pixar habituel, voilà que c’est le film de Noël de chez Disney qui nous fait le coup inverse. C’est à n’y plus rien comprendre du tout… Depuis que Disney a racheté Pixar et que John Lasseter, figure historique de Pixar, a pris la tête du studio de ce grand studio d’animation, on a de plus en plus de mal à voir la différence réelle qui existe entre les deux alors que, au départ, ce sont bien deux univers très différents avec des chartes graphiques distinctes et des publics visés pas forcément identiques. Et il faut bien dire que les Pixar ont été, dans l’ensemble, de bien meilleure qualité et ont complètement supplanté Disney pendant un temps (d’où le rachat, d’ailleurs). Depuis 2006, donc, il y a bien sûr eu des projets très différenciés comme Wall E (audace maximale) d’un côté et La princesse et la grenouille (animation « à l’ancienne ») de l’autre mais l’écart tend progressivement à se resserrer et le cru 2012 ne peut que nous en apporter une preuve claire et définitive. Les mondes de Ralph part d’un sujet qui semble tout droit sorti de l’univers Pixar mais se transforme assez vite en quelque chose de beaucoup plus conventionnel, et donc, de plus « Disney ». C’est forcément un peu moins intéressant.

L’idée de base est vraiment géniale et les quinze premières minutes l’exploitent à fond : les personnages de jeux d’arcade ont une vraie vie et interagissent entre eux. C’est un concept assez formidable, notamment lancé par cette idée de réunion des « méchants anonymes » (chez Pacman, rien que ça) avec des créatures rappelant forcément celles des jeux de notre enfance. Il y a de nombreuses références, à la fois à des licences mythiques (Street Fighter notamment) mais aussi à l’univers du jeu d’arcade dans son ensemble. Et, c’est bien la première fois que je vais dire cela pour un film d’animation, mais je pense que je suis un peu trop jeune pour comprendre toutes les blagues. En effet, je n’ai jamais connu les vraies salles d’arcade, passant directement aux jeux sur ordinateur. Cela ne pose en soi pas beaucoup de problèmes mais j’imagine que les enfants – qui restent qu’on le veuille ou non le public cible de ce film – ne vont rien comprendre du tout. D’ailleurs, c’est aussi la seule fois de ma vie où j’assistais à un film d’animation sans aucun enfant dans la salle. Bon, il est vrai qu’une séance en VO, le mercredi soir, ne favorisait pas forcément un tel phénomène, mais quand même… Ainsi, le premier tiers du film passe très bien, dans une ambiance punchy à souhait, et traversé ça et là de petites trouvailles assez extraordinaires. Cela culmine dans une séquence assez dantesque où Ralph se retrouve catapulté dans un monde hyper violent où son rôle est de détruire des bugs à tire-larigot… Séquence assez jouissive, il faut bien le dire. Mais on sent déjà largement poindre ce qui va suivre puisque l’idée de base que l’on retrouve maintenant dans tous les gros films d’animation se fait jour d’entrée de jeu : un être différent veut être accepté par tous.

Forcément, assez vite, on dévie donc vers quelque chose de plus attendu, où tout le contexte n’est plus vraiment utilisé : l’histoire d’amitié entre deux êtres rejetés par leurs jeux. L’un parce qu’il est le méchant et l’autre parce qu’elle est une anomalie de programmation – super idée pas du tout assez exploitée, ou mal. Le couple est plus qu’improbable mais il fonctionne pas mal, notamment grâce à la verve de ce petit bout de femme qui veut devenir pilote (toujours cette idée du libre choix et de tout faire pour y arriver qui traverse tous les films d’animation). Ce qui est « amusant », c’est que ce côté un peu guimauve du scénario se met en place au moment où Ralph arrive dans ce jeu (Sugar Rush) où le monde est justement celui des sucreries et du rose acidulé. C’est forcément un peu voulu par le scénario mais on ne peut m’ôter l’idée que c’est tout de même un peu dommage. Parce qu’à partir de là, on va vraiment rentrer dans le schéma classique – entraide, trahison, remise en question, sauvetage – et ça pourrait se passer dans le monde réel que ça serait exactement pareil. Il n’y a plus que quelques références au monde du jeu mais c’est plutôt à Alice au Pays des Merveilles que l’on pense. Il manque aussi des vrais personnages secondaires véritablement intéressants : là, ils ne sont pas assez présents et n’ont finalement que trop peu d’intérêt, même si certains arrachent quelques sourires. Le tout est tellement téléguidé, notamment sur la fin, que l’ensemble manque du minimum d’émotion qu’on est en droit d’attendre pour ce genre de long-métrage.

Ainsi, on peut vraiment regretter qu’une telle idée n’ait pas pu être mise en film par l’un des grands réalisateurs de Pixar. Ils auraient vraiment pu donner un côté épique à la quête du héros et à tous ces personnages. Mais c’est Disney qui s’en est occupé et c’est forcément un peu dommage, car à autant mixer les univers des deux studios, on va finir par ne plus s’y retrouver et, surtout, à y perdre ce qui faisait le sel et le bonheur d’aller voir un film Pixar. Maintenant, il ne risque de plus y avoir la même excitation… Même visuellement, on ne fait plus bien la différence. La seule chose que l’on peut dire, c’est que c‘est quasi-parfait techniquement et la 3D est telle qu’on l’oublie, ce qui est une très bonne chose. C’est sans doute dans l’intérêt commercial de deux entités qui sont maintenant très proches de ne presque faire plus qu’un, mais, artistiquement, c’est bien plus discutable car on a réellement l’impression que, dans l’ensemble, le spectateur se retrouve avec deux films assez équivalents, d’un niveau convenable mais loin d’être exceptionnels. Espérons qu’avec le préquel de Monstres et Compagnie, toujours prévu pour cet été, Pixar revienne un peu aux fondamentaux. C'est-à-dire une excellence graphique, une capacité scénaristique à entremêler les niveaux de lecture et de l’émotion. S’il y a tout cela, alors je serai plus qu’heureux.



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