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TimFaitSonCinema
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LES GAMINS

Thomas et Lola ont décidé de se marier. Il est donc temps qu’il rencontre ses parents… Le père de Lola est en pleine crise de la cinquantaine et va entraîner son futur beau-fils dans son affaire. Au point de le faire réfléchir sur le vrai sens de l’engagement…
Verdict:
Il y a un certain nombre de vrais bons moments mais ils s’inscrivent dans un scénario global qui, lui, manque d’originalité et de « folie ». On rigole quand même beaucoup devant cette comédie, et c’est déjà pas si mal…
Coup de coeur:

Certaines scènes vraiment drôles

La date de sortie du film:

17.04.2013

Ce film est réalisé par

Anthony MARCIANO

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Il souffle décidément bien un certain vent de fraicheur et de jeunesse sur la comédie française. De nombreux jeunes réalisateurs, parfois aidés par des humoristes qui se sont faits connaître par le biais d’internet, sont en train de réinventer certains codes, influencés qu’ils sont par ce qui est encore aujourd’hui la référence, Hollywood, mais plutôt du côté indépendant, pour le coup. Hugo Gélin (Comme des frères) ou Romain Lévy (Radiostars) sont les porte-drapeaux d’un genre qui, visiblement, plait toujours autant au public français (il suffit de voir le nombre d’entrées de ces films). Il faudra donc compter dans cette « bande » un petit nouveau en la personne d’Anthony Marciano, tout jeune dans le métier. Il réussit avec Les gamins une forme de synthèse entre une génération plus « ancienne » (avec tous les guillemets possibles) et ce renouveau évoqué plus haut. Alain Chabat est justement l’une des très grandes figures des films comiques des années 90 et 2000 et lui aussi n’est pas un vrai enfant du cinéma puisqu’il vient avant tout de la télé. Il trouve ici face à lui Max Boublil, sorte de représentant ultime des acteurs venus véritablement à l’écran après avoir été repéré et avoir bâti leur notoriété sur le web. C’est un parcours auquel il faut désormais s’habituer (ce qui n’est pas, en soi, un problème). Cela apporte forcément un renouveau pas inintéressant et Les gamins en est en quelque sorte une preuve, même si l’ensemble n’est pas tout à fait assez abouti.

Le problème principal de ce film, c’est que s’il est un formidable réservoir à très bons mots, dialogues lunaires, situations plus que cocasses mais aussi à scènes appelées à peut-être à devenir mythiques (la traduction du discours est un vrai must de comédie), tout cela s’inscrit dans un ensemble qui, lui, est tout de même beaucoup moins exaltant. L’histoire qui se déroule sous nos yeux est trop cousue de fil blanc pour apporter une vraie surprise. C’est à la fois du à ses rebondissements attendus mais aussi une forme de morale de « dessin animé » (« crois en tes rêves » / « ne renonce jamais à l’amour de ta vie »). Et c’est dommage de voir autant de (très) bonnes idées mises au service d’un scénario qui ne l’est pas autant. Cela donne surtout à la fois une vraie frustration mais aussi un petit goût d’inachevé qui m’empêche d’apprécier davantage ce film. Pourtant, on rigole, c’est le moins que l’on puisse dire, et pour une comédie, c’est déjà un immense pas de fait. Certains passages sont même de vrais très bons moments de pure comédie et un certain comique de répétition nous suit pendant tout le film. Il y a aussi un côté gentiment trash qui est assumé et même, à certains moments, complètement mis en valeur. C’est devenu une sorte de constante dans cette comédie française qui se renouvelle et se rajeunit de plus en plus ces dernières années.

Un des autres soucis de ce film est la sous-utilisation de Mélanie Bernier. Elle a pourtant un rôle très important par rapport au duo qui se forme peu à peu (fils – beau père). Elle est justement ce lien et, dans l’ensemble, je trouve que son personnage est loin d’être assez exploité. Il apparaît parfois mais jamais véritablement pour lui-même mais en « réaction » à ce qui se passe pour les deux bonhommes (qui sont, quand même, soyons honnêtes, les véritables gamins du film). Pourtant, cette actrice, qui n’en n’est pas à son premier rôle, loin de là, mais pour qui c’est sans doute l’un des longs métrages où elle a le plus d’importance, a vraiment quelque chose d’assez unique dans le cinéma français actuel. Elle possède à la fois un physique que l’on ne voit pas si souvent que cela et a une vraie voix (un peu à la Scarlett Johansson) que l’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre. On peut espérer que sa carrière, jusque-là assez confidentielle, décolle véritablement avec ce film, car si elle n’est pas assez mise à l’honneur, elle se débrouille tout de même pour se faire remarquer, ce qui n’est pas forcément évident entre une Sandrine Kiberlain lunaire et les deux loustics. Dans ce duo d’acteurs principaux, justement, Alain Chabat prouve qu’il est encore tout de même l’un des barons de la comédie à la française. Il est une nouvelle fois génial dans ce rôle de cinquantenaire qui va réapprendre à vivre (ou plutôt ce qu’il croit être revivre). Face à lui, Max Boublil se voit offrir sa première occasion dans un premier rôle, pour un film qu’il a coécrit avec un ami qui se trouve aussi être le réalisateur du film. Il dégage une certaine mélancolie qui colle assez bien à ce personnage plus perdu qu’autre chose entre ses envies, ses rêves et son amour.

La réalisation, elle, ne souffre de pas beaucoup de défauts, si ce n’est des petits problèmes de son (mais je commence à me demander si ce n’est pas moi qui ai des soucis d’oreille). Par contre, la Bande Originale est l’un des aspects très intéressant de ce film puisqu’elle reprend des chansons pop-rock actuelles (on peut reconnaître les groupes Revolver ou encore Concrete Knives) revisitées car interprétées par des chœurs d’enfant (ou de gamins…). Cela permet une certaine homogénéisation de l’univers musical, comme l’a confirmé le réalisateur à la fin de la séance. C’est bien sûr une très bonne idée et, en plus, le rendu est de bonne facture, tout en s’inscrivant parfaitement dans la logique du long-métrage. Il n’y a donc pas de fausses notes, c’est certain, mais il manque juste un scénario un peu plus béton et moins bateau pour transformer cette succession de scènes parfois hilarantes en un vrai très bon film. Il faudra quand même suivre le duo Boublil-Marciano car il y a vraiment une touche et un esprit qui peut perdurer dans un prochain film. Pour ce qui est de l’acteur, a priori, sa carrière est lancée puisqu’il fait partie du casting du prochain film de Danièle Thompson. C’est tout le mal qu’on lui souhaite car il a un côté plutôt sympathique. De là à faire une carrière à la Alain Chabat, il y a encore un pas. Après, tout, pour le cinéma, ce n’est encore qu’un gamin…



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