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TimFaitSonCinema
Boris, Elie et Maxime sont très différents mais une chose les rapproche : leur lien avec Charlie, avec qui ils avaient chacun une relation particulière. Mais voilà, Charlie est morte et ils s’étaient promis de faire ensemble un voyage en Corse, dans la maison de cette dernière. Ce voyage, ils ne le feront qu’à trois…
Verdict:
Malgré un nombre de défauts bien au-dessus de l’acceptable, Comme des frères n’est pas un mauvais film parce qu’il réussit à distiller quelque chose d’attachant et de presque réconfortant. Mais bon, quand même,…
Coup de coeur:

Pierre Niney

La date de sortie du film:

21.11.2012

Ce film est réalisé par

Hugo GÉLIN

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Dans la famille Gélin, je demande le petit-fils ! Troisième génération d’une lignée d’acteurs, actrices, producteurs, scénaristes, Hugo Gélin, maintenant trente deux ans se lance lui-aussi dans le cinéma mais sans passer par la case acteur. Après une première expérience avec un court métrage il y a dix ans qui réunissait pas mal d’acteurs connus, le voilà à la tête d’un vrai film, qu’il a lui-même coécrit avec, entre-autre, Hervé Mimran, qui commence lui aussi à se faire une petite place dans le monde de la comédie made in France. Parce que Comme des frères s’inscrit clairement dans une veine lancée maintenant il y a quelques années et qui connaît depuis peu un vrai succès, au moins public : les films de potes qui ne sont pas uniquement des comédies mais qui veulent aussi se baser sur un côté un peu plus dramatique, pour donner de la consistance et de la matière aux personnages et à l’histoire dans son ensemble. Les petits mouchoirs est l’exemple parfait de cela mais Radiostars ou Nous York cette année s’inscrivent aussi complètement dans cette veine. D’ailleurs, ce qui est très amusant, c’est que Comme des frères est une forme de synthèse quasi-parfaite des trois films que je viens de citer. On y trouve des éléments piochés un peu partout (le drame initial des Petits mouchoirs, les sentiments ambigus de Nous York ou le road-movie de Radiostars,…) qui, assemblés, donnent ce nouveau long-métrage. Alors, Comme des frères en représentant ultime de cette forme de comédie bien française ? Peut-être, oui, car il a pour lui tout ce qu’on peut trouver d’agaçant mais aussi d’attachant à ce type de films…

En fait, on pourrait presque dire que Comme des frères a le défaut de ses qualités. Expliquons-nous. Le film part d’une base plutôt intéressante qui est le suivant : pourquoi ne pas faire que trois personnes a priori très différentes (tant socialement que dans l’âge de chacun) puissent être profondément liées. Idée pas bête du tout car peu ou pas exploitée en tant que telle au cinéma. Il fallait ensuite trouver quelque chose qui les unit et c’est une femme (Mélanie Thierry, son sourire forcé et sa voix assez insupportable) qui va servir de ciment. Chacun l’a connu d’une manière différente et a donc une relation très particulière avec elle. Pour l’un, c’est la femme de sa vie, pour l’autre, c’est comme une sœur, et pour le dernier, c’était sa nounou. Tout commence avec l’enterrement de cette fameuse Charlie, où les trois sont, en costume, l’un à côté de l’autre (image qui fait d’ailleurs directement écho à la dernière image du film). C’est alors à la fois une fin mais, surtout, le point de départ de toute l’aventure des personnages. Jusque-là, pas grand-chose à redire car c’est même plutôt ingénieux et bien trouvé. Mais c’est ensuite dans la façon de réellement s’emparer de ces quatre personnages que le bât blesse assez vite car tout devient beaucoup trop caricatural pour être véritablement concluant. Comme nous avons pu le dire, les trois camarades sont très différents et le scénario en joue, mais trop, beaucoup trop. Chacun reste complètement dans son personnage pendant tout le film et s’il y a des évolutions dans les comportements, elles ne paraissent pas vraiment naturelles. Alors, c’est sûr qu’il y a quelques bonnes vannes, mais, dans l’ensemble, ça ne va pas chercher bien loin et devient, à la longue, un peu répétitif.

Les trois garçons s’embarquent dans un road-movie dans la plus grande tradition, et filmé comme tel, avec enchaînement de scènes en voiture et de « pauses », plus ou moins forcées. Là-encore, la construction manque singulièrement d’originalité car le tout est totalement téléguidé. On voit venir les évènements de tellement loin qu’ils en perdent tout intérêt et c’est même parfois un peu désolant de voir aussi peu de singularité dans l’écriture. Mais, là où ça se corse (sans mauvais jeu de mots) ce voyage est aussi temporel car, au cours de l’équipée, plusieurs flashbacks nous sont proposés. Là encore, c’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Ce n’est pas bête sur le principe car ils nous permettent de comprendre pourquoi Charlie est si importante pour eux et pourquoi, malgré leurs différences, ils entreprennent ce voyage. De plus, le principe qui veut qu’on ne voit jamais les personnages seuls mais toujours en lien direct avec Charlie et les deux autres permet de renforcer ce lien entre les quatre. Mais, ces séquences ne sont pas toujours utiles et elles sont même parfois un peu surfaites. Pendant leur voyage, les trois garçons vont se confronter, en plus de la question du deuil, à plein d’autres problématiques (fidélité, paternité, rapport au père) qui se surajoutent un peu au gré du vent, sans forcément être très bien introduites et qui, la plupart du temps, alourdissent plus le propos qu’autre chose.

Globalement, ce scénario use de beaucoup trop de facilités, d’éléments déjà vus et revus, et même parfois, de séquences qu’on ne voudrait même plus avoir devant les yeux. Un seul exemple : tout le passage à Aix-en-Provence (attention, je n’ai rien contre cette ville) mais bon, le coup de « tout le monde s’embrouille, l’un part avec une fille, l’autre dans son coin… », c’est très énervant car, là encore, ça manque de finesse et de justesse à la fois dans l’écriture-même, mais aussi dans la façon de réaliser qui a tendance à être très illustrative. En fait, ce qui m’agace le plus, je m’en rends compte, c’est quand on joue trop artificiellement sur le côté « montagnes russes émotionnelles ». Clairement, le réalisateur fait tout pour que l’on passe du rire aux larmes. Mais c’est tellement visible que, de mon côté, ça bloque toute émotion et je passe plutôt du sourire au soupire. Je déteste qu’on essaie de me prendre comme cela par les sentiments. Et la musique originale, composée par Revolver, n’arrange rien. Elle est plutôt réussie mais si présente et accompagnant tellement les émotions des personnages qu’elle devient à la longue presque écœurante. Comme certaines blagues, d’ailleurs, drôles au départ mais, qui, à la longue se transforment en running-gag un peu plus lassants. Surtout que le scénario se fait un malin plaisir à multiplier le comique de répétition, à la limite de l’indigestion. Enfin, une dernière remarque, d’ordre plus technique, c’est que le son est parfois mauvais et on ne comprend pas toujours ce que disent les personnages, et notamment Nicolas Duvauchelle.

Mais – car il y a toujours un mais – malgré tous ces défauts, qui sont parfois plus qu’horripilants, on ne peut pas s’empêcher d’avoir une certaine tendresse pour ce film, et c’est bien pour cela qu’il n’est pas complètement raté. Il y a vraiment quelque chose qui en ressort, d’assez difficile à cerner – on est plus dans l’ordre de la sensation que de l’explicable – et qui fait qu’on s’y attache, à ces trois personnages, avec chacun leur personnalité et le côté amusant qui en découle. Le plus jeune est notamment très drôle avec tous ses tics, sa vision complètement bisounours du monde et son besoin compulsif de manger et d’être en relation avec sa mère. Mais il vaut en grande partie pour l’interprétation assez formidable de Pierre Niney, qui se révèle véritablement avec ce film. Il lui donne un côté à la fois poétique et touchant. Pour Nicolas Duvauchelle et François-Xavier Demaison, c’est un peu moins probant, leurs personnages étant peut-être aussi un peu moins intéressant. Il y a au cœur du long-métrage, soyons honnête, quelques passages vraiment très drôles, des scènes pas mal écrites du tout et un certain nombre de répliques qui font mouches. Ca ne suffit pas pour faire de ce Comme des frères une vraie bonne comédie mais, au moins, ça l’empêche de plonger complètement et nous permet de passer un bon moment. C’est mieux que rien…


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Nico 07.12.2012, 10:27

Je trouve ta critique à la fois très juste et très dure. Certainement parce que la magie n'a pas tout à fait opérer sur toi, alors qu'elle m'a complètement submergée. Sur le jeu d'acteur on est d'accord (c'est globalement réussi, surtout pour Pierre Niney). Par contre, j'ai adoré passer du rire au larmes, la construction du film, les petites blagues et enfin la BO de revolver qui porte l'ensemble. Tu as raison, les ficelles sont parfois (souvent) grosses et, pour que ça prenne, il faut certainement avoir envie et accepter de se laisser porter. Pour ma part j'étais sûrement dans l'état d'esprit qu'il fallait pour me faire avoir ! Ca m'a fait du bien ! Si je l'avais regardé seul, en milieu de semaine et de mauvaise humeur j'en serai peut-être ressorti "agacé" par tous les qualités/défauts que tu as pointés. Enfin, j'suis tout de même rassuré de voir que tu n'as pas été totalement insensible au côté "attachant" du film :-)
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Tim Fait Son Cinéma 07.12.2012, 10:34

Nico, tu sais bien qu'au fond, je suis un tendre... Mais je vois trop de films dans l'année pour me laisser avoir de cette façon. Je suis peut-être un peu trop méfiant, qui sait...


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