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TimFaitSonCinema
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AVE, CÉSAR !

Eddie Mannix travaille dans un grand studio hollywoodien et il est chargé de résoudre tous les problèmes liés à la production de très nombreux films. On va le suivre au cours d’une journée où ceux-ci vont s’accumuler, avec comme point d’orgue, l’enlèvement de Baird Whitlok, l’acteur le plus célèbre, en plein tournage d’un péplum qui doit être le prochain succès du studio…
Verdict:

Bel hommage à l’âge d’or d’Hollywood, avec une réalisation léchée et par moments virtuose, Ave, César ! pêche bien trop du côté d’un scénario fait de bric et de broc pour en faire un film solide et passionnant. On n’arrive jamais à véritablement accrocher à toutes ces histoires qui se superposent et qui finissent par donner une succession de mini-scènes franchement inégales…

Coup de coeur:

La maitrise d’ensemble de la réalisation

La date de sortie du film:

17.02.2016

Ce film est réalisé par

Ethan COEN Joel COEN

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Décidément, les frères Coen ne sont jamais vraiment là où on les attend… Après avoir pris le temps d’écrire deux scénarii (Invincible pour Angelina Jolie et Le pont des espions pour Steven Spielberg) et d’être Présidents du Jury du denier Festival de Cannes, où leur choix de remettre la Palme d’Or à Dheepan (film réussi mais loin d’être extraordinaire) et leur palmarès dans sa globalité a pu surprendre par son côté extrêmement peu original, ceux qui forment la fratrie la plus célèbre du cinéma mondial (il y a un match avec les frères Dardenne, tout de même) reviennent avec Ave, César !, leur dix-septième long métrage. Trois ans après Inside Llewyn Davis, ils signent un film qui se trouve être dans un style une nouvelle fois très différent de ce qu’ils ont pu faire auparavant. C’est un peu la marque de fabrique des deux américains qui, œuvres après œuvres, ne cessent de se renouveler. Si on ne prend que les films faits lors des dix dernières années, on passe de l’adaptation d’un roman très sombre de Cormac McCarthy (No Country for Old Men) à un film mélancolique sur le New York des années 60 (Inside Llewyn Davis) en passant par une comédie bien plus légère (Burn after reading), un concentré d’humour noir assez hermétique (A serious man) et un véritable western, qui est également un chef d’œuvre (True Grit). Personnellement, j’ai un peu du mal à toujours m’y retrouver dans leur filmographie et même si la règle du « un bon film sur deux » a été stoppée grâce à leur dernier long métrage, je ne suis jamais vraiment sûr de mon coup quand je vais voir l’un de leur film. Et, une nouvelle fois, ça n’a pas raté car, malgré un casting plus qu’alléchant et un pitch pas inintéressant, Ave, César ! a été loin de me convaincre…

 

Pour voir une certaine continuité dans les dernières œuvres des frères Coen, on peut se tourner du côté de la notion d’hommage. En effet, à la fois True Grit (pour le western) et Inside Llewyn Davis (pour le New York des années 60) en étaient de véritables, chacun à leur façon. Et, là, avec ce nouveau film, c’est encore plus vrai. C’est cette fois-ci le Hollywood de la très grande époque (les années 50) qui est l’objet de cet hommage. Ce Hollywood qui était une véritable usine à rêves, là où se tournaient en même temps des péplums, des westerns, des comédies musicales, des drames, et dont les acteurs principaux étaient les véritables vedettes de la société d’alors. Et, pour entrer dans le cœur de cette industrie, c’est plutôt une bonne idée de nous faire suivre la journée d’un fixeur (celui qui doit régler tous les problèmes, et ils sont nombreux…) qui va se voir confronter à des soucis de tous ordres. Mais, en même temps, c’est là que le bât blesse puisque, à force de s’accumuler, toutes ces péripéties vont finir par surcharger un scénario qui devient alors bien trop désordonné pour que le film garde une certaine tenue. On enchaîne les scènes, avec une multitude de personnages, sans ligne directrice claire, de fait que l’ensemble ressemble à une sorte de méli-mélo qui donne l’impression de ne pas être vraiment maitrisé. Tout n’est pas à jeter, loin de là, puisqu’il y a même certaines séquences vraiment drôles, mais le souci est plutôt à trouver dans l’absence d’une cohérence d’ensemble. Ce personnage d’Eddie Mannix devrait être le fil rouge mais on le perd bien trop souvent pour que le spectateur s’intéresse vraiment à tous ces destins, parfois effleurés (une scène ou deux, tout au plus, la plupart du temps). Et il en est de même pour des thématiques qui sont touchées du doigt mais jamais vraiment creusées.

 

C’est évidemment le cas pour l’aspect éminemment politique d’Hollywood, qui était, à cette époque, un véritable outil de propagande pour les Etats-Unis, en plein cœur de la guerre froide. Tout le passage avec les communistes évoque à demi-mots cette problématique, mais en reste globalement à quelque chose de très convenu et de très peu subversif. D’ailleurs, il y a une facette satirique sur cet univers fait de paillettes et de faux-semblants, mais le scénario ne la développe jamais réellement, préférant plutôt l’hommage pur et simple, au risque que celui-ci finisse par écraser le tout. Car, de façon assez nette, ce qui intéresse les réalisateurs, c’est bien de s’en donner à cœur joie, en multipliant les références et les clins d’œil, en mettant des scènes de tous les genres du cinéma, et en faisant passer le spectateur dans les coulisses d’un univers qui peut sembler parfois assez magique. D’ailleurs, l’une des réussites de ce long métrage est la manière dont on alterne très facilement des images d’un (faux) film à celles de ce même film en train d’être tourné. Ainsi, la différence entre ce qui est « réel » et ce qui est « fictif » n’est pas toujours facile à établir. Et c’est là que l’on peut tout de même noter la formidable aisance technique dans la réalisation des deux frères. On sent qu’ils ont atteint une telle maturité qu’ils peuvent faire à peu près ce qu’ils veulent avec leur caméra et, de ce point de vue, Ave, César ! peut être considéré comme une certaine réussite. De plus, certains numéros d’acteurs valent vraiment le déplacement (Channing Tatum en marin de comédie musicale ou encore la « pastille » gratuite avec Frances McDormand) et Alden Ehrenreich, un peu perdu de vue depuis son éclosion dans Tetro, est très bon. Mais ça ne suffit pas vraiment à faire de ce long métrage plus qu’un honnête film, largement oubliable. Les frères Coen peinent décidemment à me convaincre dans la durée…




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