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TimFaitSonCinema
Le Docteur King Schultz est chasseur de prime et libère Django, esclave de son état car lui connaît visuellement ses nouvelles cibles. Ils deviennent associés et partent récupérer la femme de ce dernier, qui est détenue par Candie, un propriétaire assez terrible.
Verdict:
Tarantino signe un western complètement déjanté, traversé de quelques fulgurances mais aussi plombé par des longueurs évitables. Les acteurs se font visiblement plaisir, entrainés par une réalisation qui reste quand même de haute volée.
Coup de coeur:

Christoph Waltz

La date de sortie du film:

16.01.2013

Ce film est réalisé par

Quentin TARANTINO

Ce film est tagué dans:

Western

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 La Critique


Après le film de guerre dont il avait redéfini les contours à sa façon avec Inglorious Basterds, Quentin Tarantino décide de s’attaquer à ce qui est peut-être LE mythe du cinéma hollywoodien et qui en construit en tout cas une bonne partie de sa légende : le western. Pour cela, il s’appuie sur une base déjà existante (comme son film précédent d’ailleurs) puisqu’un long-métrage nommé Django avait vu le jour en 1966, en plein âge d’or du western américain. Mais, bien sûr, il le réinvente à sa façon, c'est-à-dire de manière forcément très particulière. Une œuvre de Tarantino provoque toujours un émoi particulier puisqu’il fait partie de ces rares réalisateurs dont la sortie d’un film est un évènement international. Moi, jusqu’à Inglorious Basterds, j’étais resté hermétique à la filmographie du bonhomme, peu intéressé par ce que je voyais ou ce que l’on m’en disait. Depuis, d’ailleurs, je n’ai pas beaucoup avancé (même s’il faudrait vraiment que je m’y mette si j’en trouve le temps). Mais on entend et on lit tellement de choses sur ce réalisateur que j’ai presque l’impression d’avoir visionné chacun de ses long-métrages. Car Tarantino est bien devenu une forme de mythe, dont on a le sentiment qu’il provoque des réactions parfois irrationnelles. Et ce n’est pas Django Unchained qui va calmer les passions, puisqu’en plus de ses nominations multiples dans les différentes récompenses annuelles, beaucoup en parlent comme du chef d’œuvre absolu du réalisateur (il me semble déjà avoir entendu cela il y a trois ans, mais bon…). Alors, le buzz est-il mérité ?

Il faut bien répondre que, en grande partie, oui. Django Unchained n’est pas parfait mais, en tant que spectateur, on se prend une bonne et longue claque. Longue parce qu’elle dure quand même 2h45 (soit, en y pensant, plus de deux fois la longueur de Une histoire d’amour). Et ce sont 165 minutes qui sont la plupart du temps assez jouissives. On suit pendant tout ce temps l’itinéraire de Django, un esclave tout juste libéré et qui n’a qu’un projet en tête : retrouver sa femme. Autour de lui vont donc graviter de nombreux personnages. Tout le film confirme d’ailleurs le vrai talent du Quentin Tarantino scénariste pour construire des êtres assez fascinants. Ils ont tous quelque chose qui les rend plus ou moins barrés. Les trois principaux qui vont être sur la route de Django le prouvent, chacun à leur manière. Il y a d’abord le Docteur King Schultz, faux dentiste mais vrai chasseur de primes qui va arracher Django à sa condition et le prendre sous son aile. C’est un loustic de première catégorie, toujours prompt à discuter pour se sortir des situations les plus complexes et à la gâchette facile. Christoph Waltz est absolument génial dans son rôle et lui donne, avec son petit accent allemand, un charme et un humour vraiment plaisant. Il mériterait donc tout à fait d’avoir remporté un Prix aux Golden Globes et d’être nommé aux Oscars. Mais pourquoi donc en tant que second rôle ??? Je posais déjà la même question pour le cas Hoffman dans The Master. On le voit pendant presque tout le film et le voilà relégué ainsi à cette catégorie moins prestigieuse, c’est vraiment à n’y rien comprendre. Surtout qu’il y a de vrais seconds rôles. Ce sont ceux joués avec talent par Leonardo DiCaprio (génial en propriétaire terrien un peu sadique sur les bords) et Samuel L. Jackson (énorme dans le rôle de son majordome noir qui se permet tout, comme s’il était un blanc). Le personnage de Django, lui, est plus complexe et il se dévoile au fur et à mesure de sa folle équipée, comme s’il prenait conscience peu à peu de ce que sa liberté peut lui apporter. Jamie Foxx rend bien l’évolution de ce personnage qui va prendre de plus en plus d’assurance jusqu’à devenir peu à peu irrésistible, symbole d’une population noire qui va aussi prendre sa place aux Etats-Unis, mais plus tardivement.

Parce que Django Unchained a aussi le mérite d’aborder à sa manière la question de l’esclavage et de la place des noirs dans la société américaine de cette époque (le milieu du dix-neuvième siècle). Je n’ai jamais vu un film avec autant de fois le mot « nègre » prononcé. D’ailleurs, il y a eu un début de polémique aux Etats Unis avec Spike Lee qui a annoncé qu’il n’irait pas voir le film parce qu’il considérait cette utilisation systématique du mot comme une insulte au peuple noir… Polémique absurde et totalement stérile mais bon, ça fait toujours parler. Ce nouveau film confirme en tout cas la fascination non démentie de Tarantino pour la violence. Pendant tout le long-métrage, ça canarde pas mal et dans tous les sens mais le summum est atteint dans l’une des dernières scènes, carnage complètement fou qui en devient totalement grotesque tant il est dans l’exubérance. C’est d’ailleurs évidemment assumé par le réalisateur qui en rajoute même volontairement en surjouant certaines morts. D’un côté, c’est parfois un peu gênant d’autant en voir, mais c’est pris tellement en dérision qu’il faut bien avouer d’un autre côté que c’est assez jouissif. Tout comme l’humour qui traverse tout le film. Le personnage du Docteur en est un vecteur important puisqu’avec ses bons mots, sa bonhomie permanente et son accent allemand, il est la cause de quelques quiproquos et de répliques mythiques. Il y a aussi tout un passage qui m’a inévitablement fait penser aux meilleurs moments des Monty Python, avec cette discussion absurde autour de masque faits avec des sacs. Ca ne sert absolument à rien pour le film mais c’est juste de l’humour gratuit comme Tarantino peut se le permettre et, en tant que spectateur, ça ne se refuse pas.

On sait qu’on ne changera pas Quentin Tarantino, que ce soit dans ses thèmes ou sa manière de réaliser (d’ailleurs, le veut-on vraiment ?). Certaines séquences sont tout simplement hallucinantes et on a vraiment l’impression qu’il est le seul à pouvoir faire ce genre de choses. Il a, comme pas mal de metteurs en scène, des manies qu’il nous ressert assez souvent comme par exemple le zoom instantané. C’est parfois un peu too much mais, dans l’ensemble, j’ai trouvé le tout plus maitrisé que dans Inglorious Basterds qui me semblait par moments plus foutraque. Sans doute aussi cela vient-il de la structure plus linéaire du film. Quentin Tarantino possède toujours ce don pour faire de très très longues séquences qui se déroulent dans un seul lien (comme le début de son précédent long-métrage). Ici, c’est celle du repas qui dure bien vingt minutes à elle toute seule. Elle est un concentré d’enjeux et on ne se rend pas forcément compte de sa longueur parce que la caméra et les points de vue changent beaucoup. Par contre, au cours du film, il y a ci et là des longueurs qui auraient pu être évitées. Ce n’est jamais bien long, mais, au total, je pense qu’il y a peut-être une petite demi-heure en trop. Néanmoins, on ne s’ennuie jamais véritablement car, avec Tarantino, on se dit qu’il peut toujours se passer quelque chose et qu’il est donc obligatoire d’être attentif. De plus, le talent du bonhomme pour habiller musicalement ses films n’est plus à démontrer. Là encore, il utilise à la fois du Morricone (forcément) mais aussi des chansons anciennes tout à fait dans l’ambiance ou encore des sortes de reprises modernes. Dans ce mélange, il y a quelques pépites qui donnent de la force à certaines séquences, comme son générique initial par exemple. Prélude à un film tout de même plutôt costaud et qui procure une bonne dose de plaisir. Tarantinesque à souhait…


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Aline 20.01.2013, 15:47

J'aime bien ta critique, effectivement Christoph Waltz est vraiment super !
Sinon, je n'ai pas vraiment trouvé de scène avec de longs discours comme il a pu le faire dans Reservoir Dogs (dans le resto au début,...), Inglourious Basterds (dans le bar),... dommage. J'avoue cependant que l'histoire aurait pu se finir plus tôt, une fois que Django tue tout le monde dans la maison, il aurait pu partir avec sa femme et on en restait là.
Je rajouterai juste que Tarantino n'est pas du tout crédible dans son personnage, une apparition aurait suffit !


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