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TimFaitSonCinema
Un banquier très riche a une maitresse avec laquelle il entretient une relation très étrange. C’est une histoire d’amour pas comme les autres qui finira par les détruire tous les deux.
Verdict:
A partir d’une histoire réelle et de son interprétation, Hélène Filières signe un film qui a pour lui une vraie volonté de s’en tenir à un projet. Mais il manque beaucoup trop de choses et certains choix sont trop étranges pour que ce soit un film réussi.
Coup de coeur:

La façon dont la réalisatrice assume son parti-pris

La date de sortie du film:

09.01.2013

Ce film est réalisé par

Hélène FILLIÈRES

Ce film est tagué dans:

Drame amoureux

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 La Critique


Pour son premier film, l’actrice Hélène Fillières ne s’empare pas de prime abord d‘un sujet facile, c’est le moins que l’on puisse dire. Pire que ça, on peut véritablement parler de projet particulièrement casse-gueule. Il s’agit d’un fait-divers qui avait fait grand bruit il y a huit ans (un très riche banquier retrouvé mort dans une combinaison en latex et dont la maitresse était la meurtrière). Cet évènement avait déjà été repris dans plusieurs livres dont l’un, Sévère de Régis Jauffret, source d’inspiration plus particulière de la réalisatrice. Sauf qu’elle décide d’intituler son long-métrage Une histoire d’amour. De fait, d’amour, il en sera question pendant tout le film mais sous une forme étrange, violente, et difficilement appréhendable. C’est en fait une relation bizarre à souhait car complètement destructrice qu’Hélène Fillières veut nous montrer. Et pour jouer les rôles de ce « couple », ce sont Benoît Poelvoorde (que l’on n’imagine pas au premier abord en banquier un peu détraqué) et Laetitia Casta (que l’on revoit de plus en plus au cinéma) qui sont de la partie. Beau casting pour un film vraiment étrange et qui ne peut laisser indifférent. De mon côté, je suis loin d’être fan même si je reconnais à la réalisatrice le fait d’assumer jusqu’au bout un projet compliqué et une façon de le traiter singulière. C’est déjà ça même si ce projet en lui-même m’a beaucoup moins séduit.

Quand je parle juste précédemment de « jusqu’au bout », il faut bien s’entendre. Le film dure à peine une heure et quart, ce qui n’est tout de même pas loin d’être complètement scandaleux. En fait, ça en dit surtout beaucoup sur la manière dont le scénario passe à côté de beaucoup d’éléments dans cette histoire. On peut considérer cette façon de ne presque rien expliquer sur les personnages comme le premier parti-pris du film, scénaristique ici. De fait, surtout dans les quarante premières minutes, les trois personnages principaux que sont le banquier, sa maitresse et le compagnon beaucoup plus âgé de celle-ci (ils n’ont pas de noms, comme s’ils étaient autant l’incarnation de quelque chose que de véritables personnages à part entière), évoluent sans une seule tentative d’éclaircissement de leurs véritables relations ou de leur nature intime. Les séquences s’enchaînent, dans un ordre qui ne paraît pas vraiment chronologique et une vraie part de mystère demeure donc volontairement. En déstructurant la chronologie, le scénario participe aussi de cette volonté de brouiller quelque peu le tout. C’est à la longue assez énervant surtout quand on se rend compte que le scénario avance dans le dernier tiers du film quelques embryons d’éléments qui permettraient de mieux saisir les personnages. Car il y a selon moi véritablement quelque chose à faire avec de telles personnalités, qui, aussi peu compréhensibles, en deviennent caricaturales et perdent donc une grande part de leur intérêt. C’est surtout le cas pour ce banquier, à la fois pervers et violent et traversé de vraies pulsions autodestructrices. Il est plutôt bien interprété par Poelvoorde mais il est trop « déréalisé » pour que le spectateur se penche réellement sur son cas. Laetitia Casta, elle, campe avec talent une femme qui semble plus perdue qu’autre chose, plus intéressante mais qui manque de profondeur.

Mais cette manière de faire de ces personnages presque des ombres s’inscrit dans une volonté de mise en scène plus globale. En effet, dans sa réalisation, Hélène Fillières fait évoluer les trois protagonistes principaux dans des décors très épurés et froids ainsi que dans une lumière souvent sombre. Il y a ainsi un vrai travail sur la géométrie avec une volonté jamais démentie de mettre en valeur des formes très nettes et droites dans un cadre où la caméra est presque toujours en mouvement (longs couloirs, embrasures de porte). Même les quelques scènes en extérieures donnent la même impression de froideur avec des places vides et des bâtiments en béton gris. Un nombre très important de séquences se déroule dans la pénombre (surtout quand le banquier et sa maitresse se trouvent les deux) et la réalisatrice gère plutôt pas mal le jeu de lumières qui offre quelques visions sur les visages des personnages. Mais à force de trop en faire dans ce style, ça devient quelque peu lassant pour le spectateur qui a parfois l’impression de revoir les mêmes scènes et ça en devient presque un film d’ambiance, où les personnages perdent encore de l’intérêt. C’est bien sûr pour insister sur cette relation complexe entre le banquier et sa maitresse, faite d’amour, de haine, de dégout, d’envie, et de violence… Le tout finira par dégénérer peu à peu entre les deux, jusqu’à ce geste fatal, précédé d’une réplique devenue célèbre. Il ne faut pas s’arrêter à l’aspect moral de ce film, mais plutôt le voir comme une vision partielle de ce que peut être un amour total et surtout destructeur. Une histoire d’amour parle de cela en manquant souvent de finesse et sans aller beaucoup plus loin qu’une simple évocation. C’est là que se situe le principal reproche que l’on peut faire à un film qui aurait mérité beaucoup plus d’approfondissement des personnages et des situations pour avoir un réel intérêt.



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