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TimFaitSonCinema
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BLOOD TIES

New York, dans les années 70. Alors que son frère Frank est policier, Chris sort de prison après avoir passé de nombreuses années derrière les barreaux pour meurtre. Mais leurs retrouvailles sont loin d’être évidentes même si Frank l’aide beaucoup pour qu’il se refasse…
Verdict:

Guillaume Canet signe un film plein de style mais justement peut-être un peu trop car l’ensemble est presque trop lisse et parfois un peu désincarné. Néanmoins, on peut estimer qu’il a réussi son examen de rentrée à Hollywood.

Coup de coeur:

Billy Crudup

La date de sortie du film:

30.10.2013

Ce film est réalisé par

Guillaume CANET

Ce film est tagué dans:

Film policier

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 La Critique


Et voilà qu’on retrouve un schéma un peu plus logique puisque Blood Ties est l’adaptation américaine d’un film français sorti en 2007 et réalisé par Jacques Maillot (Les liens du sang, pas vu). Ça parait plus « logique » comme cela mais vu que, ces derniers temps, c’étaient plutôt des films d’Amérique du Nord (surtout québécois, d’ailleurs) qui étaient adaptés chez nous. Là, on en revient à quelque chose de plus traditionnel. Encore que… L’histoire de la création de ce film est assez drôle, puisque, après avoir doublé Ridley Scott pour les droits d’adaptation, Guillaume Canet (qui jouait l’un des deux frères dans la version originale) a mené un véritable parcours du combattant (entre désistements d’acteurs et de financeurs, réécritures du scénario, tournage complexe…) avant de pouvoir sortir son premier film aux Etats-Unis. Car celui qui est un peu l’un des enfants chéris du cinéma français, notamment depuis qu’il réalise, fait le pari de traverser l’Atlantique et d’aller lui-même mettre en scène cette histoire forte dans le milieu des gangsters en la plaçant dans le New York des années 70. Pour un coup d’essai, c’est quand même plutôt ambitieux tant on sait que ce lieu comme cette époque et le milieu décrit ont déjà été filmés un bon nombre de fois et pas par les premiers venus (De Palma, Scorsese ou Coppola par exemple). Forcément, Guillaume Canet va devoir s’inscrire dans une longue lignée et, même si je suis loin d’être un spécialiste de ces films de gangsters, en voyant Blood Ties, on sent bien que le réalisateur français se place dans des sentiers déjà balisés un grand nombre de fois. Et pour finir, l’écriture du scénario s’est faite avec un réalisateur devenu un grand nom des films noirs actuels en la personne de James Gray (La nuit nous appartient ou Two Lovers). C’est loin d’être anodin car on sent aussi toute la patte de ce dernier, notamment par rapport aux thèmes évoqués.

Car l’histoire fait forcément penser à celle de La nuit nous appartient, qui, elle, se déroule plutôt à la fin des années 80, mais aussi à New York. En effet, le thème central (annoncé dès le titre) est bien la relation qui peut exister entre les deux frères, que tout oppose au premier abord puisque l’un est un policier consciencieux alors que l’autre sort de prison. C’est donc une véritable histoire de famille, surtout que comme dans le film de James Gray, le père a un rôle central et il constitue avec ses deux fils un véritable triangle de relation autour duquel tout va graviter et les enjeux se cristalliser. Mais alors que dans La nuit nous appartient, le père était clairement du côté de la loi (lui-même était flic), ce n’est pas le cas dans Blood Ties et c’est l’un des aspects intéressants de ce film : clairement, il a une préférence pour son fils aîné, celui qui a fait le plus de bêtises et ne semble pas vraiment considérer celui qui s’en tient à la loi et qui la fait même régner. Forcément, chez les deux personnages centraux, ces liens familiaux vont avoir une très grande influence et la question est de savoir s’ils seront plus forts que leurs aspirations profondes. On sent bien dès le départ que tout va se jouer autour de cette question et, de fait, même si plusieurs intrigues naissent, c’est bien ces liens fraternels qui seront l’enjeu de l’ensemble du film et qui en constitueront la (belle) conclusion. Mais Blood Ties, c’est aussi l’histoire de plusieurs couples (anciens, nouveaux, plus ou moins dangereux) qui vont justement faire avancer toutes les intrigues. Il est juste dommage que, comme souvent dans ce type de longs métrages, les personnages féminins soient si peu exploités. C’est donc un polar plutôt pas mal écrit, qui ouvre de multiples intrigues et devant lequel on ne s’ennuie jamais malgré un rythme pas des plus élevés et des clichés assez nombreux (la prostituée, l’ami un peu benêt, la sœur silencieuse…). Mais on n’arrive jamais à passer au stade supérieur (celui du vrai grand film noir), et c’est vraiment ce qu’il manque…

Il faut aussi dire que Canet réunit une nouvelle fois un casting détonnant, cette fois-ci aux Etats-Unis, avec de nombreux acteurs déjà bien installés, notamment un Clive Owen assez étonnant et un James Caan génial dans le rôle d’un patriarche en fin de règne. Matthias Schoenaerts, dans un petit rôle, se permet une entrée du côté d’Hollywood et les personnages féminins, bien que finalement trop anecdotiques, sont plutôt bien tenus. La vraie révélation de ce film, c’est quand même Billy Crudup, acteur que j’avais déjà vu ci-et-là mais qui ne m’avait jamais marqué. Il est ici parfait, dans une partition toute en silences et en choix intérieurs. Il est pour moi une vraie surprise et je suis étonné de ne pas le voir plus souvent sur le devant de la scène. Mais, à force de vouloir bien faire, Guillaume Canet fait perdre de sa force au film, notamment en stylisant trop l’ensemble. En effet, en travaillant beaucoup sur la reconstitution (très réussie) et en soignant la photographie pour donner un vrai ton 70s, la mise en scène devient presque plus importante que ce qu’elle raconte et c’est un peu gênant. De fait, Blood Ties semble parfois tourner un peu à l’exercice de style où Canet veut démontrer qu’il sait faire du cinéma comme aux Etats-Unis et qu’il a bien révisé ses classiques. Alors, c’est sûr, il y arrive et l’ensemble est propret mais cela se fait au détriment d’une intrigue et de personnages un peu désincarnés. L’importance donnée à la musique est encore une preuve de ce besoin de s’inscrire réellement dans la culture américaine puisque de nombreux standards des années 70 sont utilisés au cœur du film, un peu dans n’importe quelles situations, et ce n’est pas un hasard si le film commence par une séquence montrant un personnage allumant un tourne-disque. La bande originale est donc très importante mais nuit elle aussi parfois un peu au bon déroulement de l’histoire en rendant celle-ci presque accessoire. Blood Ties est donc un film formellement réussi, peut-être un peu trop tant il apparaît comme un long métrage très lisse et sans aucune aspérité. Réussi mais pas très excitant, donc…




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