La Critique
Bien sûr, le scénario est cousu de fil blanc. Ce dilemme entre la blonde un peu fofolle et la brune plus rassurante n’est pas très original et on imagine bien ce qui va se passer. Mais, finalement, là n’est pas la force de ce film, loin de là. James Gray nous livre une nouvelle fois un film d’une puissance rare. Pourquoi ?
Déjà, parce qu’il a le don de trouver un rythme parfait pour son histoire : ni trop rapide, ni trop lent. On a le temps de comprendre la psychologie des personnages, leurs tiraillements. Aussi parce qu’il est capable de tourner des scènes ahurissantes comme celle hypnotisante de la boite de nuit ou encore ce plan-séquence dingue quand Michelle et Leonard se retrouvent au dessus des toits de leur immeuble (ce ne sont pas les seules) Beaucoup de scènes de ce film ressemblent en fait à des scènes de polar et James Gray nous montre sa véritable maîtrise du jeu entre ombre et lumière.
Mais c’est aussi une réussite surtout car il a des acteurs qui sont absolument magiques. Deux ont surtout retenu mon attention : Isabella Rossellini qui joue le rôle de la mère et qui arrive à faire passer toutes les émotions sans rien dire (ah, cette scène dans l’escalier vers la fin !) et surtout l’immense Joaquin Phoenix, épatant de vérité pour ce personnage un peu fou, un peu déprimé mais très amoureux. Joaquin Phoenix, pour ce qui devrait être son dernier film (snif…) nous livre une partition exceptionnelle et inoubliable. La première scène comme le dernier quart d’heure du film, crépusculaires, nous laissent dans une ambiance très noire car ce film est avant tout pessimiste. Quelle réussite !