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TimFaitSonCinema
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ARGO

En 1979, en pleine prise d’otage de l’ambassade américaine de Téhéran, une mission est lancée pour exfiltrer six personnes qui ont réussi à s’échapper et ses trouvent chez l’ambassadeur du Canada. La seule solution est de faire croire à un repérage en vue du tournage d’un film de science-fiction dans le pays.
Verdict:
Ben Affleck livre un film assez classieux et dans l’ensemble plutôt réussi. Il manque peut-être parfois un peu de nerf mais le réalisateur confirme son talent, notamment pour faire monter la pression de façon progressive.
Coup de coeur:

La séquence de l’exfiltration

La date de sortie du film:

07.11.2012

Ce film est réalisé par

Ben AFFLECK

Ce film est tagué dans:

Thriller Oscar du Meilleur film

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 La Critique


Ben Affleck est l’un des personnages les plus étranges du cinéma américain actuel. Après une carrière d’acteur qui l’a vu enchaîner beaucoup (trop) de nanars, celui qui s’est véritablement fait connaître grâce au scénario de Good Will Hunting, écrit avec Matt Damon et oscarisé en 1998, a décidé de se tourner en 2007 vers la réalisation et, de ce côté-là, il a plutôt rencontré un franc succès. En effet, ses deux premiers longs-métrages étaient dans l’ensemble réussis, que ce soit l’adaptation de Dennis Lehane (Gone Baby Gone) ou de Chuck Hogan (The Town). Ces deux films avaient en commun, en plus d’être plutôt bons, de se passer à Boston, ville à côté de laquelle il a passé son enfance. Par contre, dans le premier, il ne jouait pas (laissant le rôle principal à son petit frère, l’incroyable Casey Affleck) alors que, pour le suivant, il était aussi l’acteur principal. Troisième film pour Ben Affelck-réalisateur, Argo marque un vrai tournant puisque le cadre de Boston est quitté et pas qu’un peu : on se trouve là à mi-chemin entre les Etats-Unis et l’Iran, où se déroule tout de même le principal de l’intrigue et avec un scénario tiré d’une histoire vraie. Par contre, Ben Affleck a visiblement pris goût à la double casquette puisqu’il est une nouvelle fois l’acteur principal. Et alors, Argo se situe-t-il dans la lignée des précédents essais d’Affleck ? Et bien, on peut répondre par l’affirmative même si le film n’est pas exempt de tous défauts.

Argo commence presque comme un documentaire avec cette voix off qui nous décrit comment on en est arrivé à la Révolution de 1979 en Iran. Sur l’écran, une succession de dessins qui rappellent forcément ceux des story-boards et qui nous mettent déjà dans l’ambiance qui va suivre. Tout ça pour en arriver à un « Inspiré de faits réels » qui, personnellement, m’inquiète toujours un peu car je trouve que c’est une façon trop simple de présenter son film et de se dédouaner en quelque sorte si le scénario s’avère raté. Là, tout de même, le fait que l’on ait pour base une histoire finalement assez récemment rendue public (en 1997 par le Président Clinton), me rassurait plutôt. D’ailleurs, Ben Affleck cherche, par sa réalisation, à bien montrer le fait que ce qu’il montre s’est réellement déroulé. En effet, toute la séquence du commencement de la prise d’otage – par ailleurs assez géniale – mêle très finement des images d’archives et scènes filmées (et il en remet une couche lors du générique final où il met en parallèle des photos historiques et celles tirées du film). On aura ce procédé pendant tout le long-métrage d’ailleurs avec, de façon assez intelligente, les différents discours du Président Nixon ou des autorités iraniennes qui font comme une toile de fond qui traverse tout le film, même lors de scènes a priori moins importantes.

Là où Argo est intéressant, c’est qu’il se place vraiment entre les Etats-Unis, où l’opération de sauvetage est lancée et commandée, et l’Iran, là où elle doit se dérouler mais aussi sur plusieurs plans : le côté politique et institutionnel puisqu’on passe de la CIA aux différents cabinets (du Président ou de la Défense) mais aussi, et c’est là où ça devient à la fois original et passionnant, la face purement cinématographique. Pour monter l’opération, il fallait vraiment faire croire à la possibilité de tournage d’un tel film. Ben Affleck nous fait rentrer dans les arcanes de la production d’un long-métrage de cette époque. C’est sans aucun doute la partie la plus drôle et la plus « enrichissante » du film. Avec John Goodman et Alan Arkin comme acteurs pour jouer les faux producteurs de ce film, c’est la rigolade assurée. Les deux sont absolument géniaux et distillent à tire-larigot des répliques mythiques sur l’univers d’Hollywood. Bien que leur rôle soit absolument essentiel dans la mission (la crédibilité de l’ensemble en dépend), ils prennent un peu les choses à la rigolade. Le revers de la médaille, c’est qu’en montrant tout cela, le film perd parfois en clarté et s’avère même un peu trop fouillis à certains moments. De plus, certains épisodes sont évoqués de manière trop rapide et perdent trop de leur crédibilité du fait d’un manque d’approfondissement. Par contre, il y a certains passages qui font trop retomber le rythme pour être considérés comme vraiment utiles. Mais, dans l’ensemble, Argo se tient bien et réussit à instiller une vraie tension sur le sort de ces six personnes. On pense bien qu’ils seront sains et saufs mais le « comment » reste mystérieux.

D’ailleurs, la scène de l’exfiltration en elle-même est un modèle du genre : différents points de vue, gestion du rythme, musique, pression qui monte peu à peu,… Ben Affleck prouve là qu’il est bien un cinéaste de talent. D’ailleurs, de tout le film se dégage une impression de maitrise totale à la fois du sujet mais aussi de la façon de le traiter. De plus, son traitement de l’image, avec un grain qui fait assez ancien, donne une vraie « couleur » à tout le long métrage. Par contre, il a vraiment un tic que j’avais déjà repérer dans ses films précédents, c’est les plans aériens des villes. Là encore, Téhéran doit être filmé cinq ou six fois comme cela. Alors, je ne sais pas vraiment pourquoi Ben Affleck a cette manie mais il va falloir essayer de creuser… Pour la musique, il a décidé de changer car, après Harry Gregson-Williams, il est passé au niveau « au-dessus ». Alexandre Desplat nous prouve en effet une nouvelle fois sa capacité à inscrire sa partition dans l’ambiance du film, au point que l’on se demande si ce n’est pas plus l’inverse qu’autre chose (sa musique ferait l’ambiance). Je pense qu’on lui donnerait des images de pots de moutarde ou de montgolfières qu’il réussirait à composer la musique correspondant. Ce mec est un génie, tout simplement. Et il est Français alors, profitons-en !! Globalement, la réalisation de Ben Affleck est donc une réussite. Du point de vue de l’acteur, il fait le job, sans non plus trop se donner. C’est d’ailleurs le cas pour la majorité des comédiens, très lookés années 70 (surtout les six à exfiltrer). Avec Argo, Ben Affleck rentre définitivement dans la caste de ceux qui ont réussi le passage du jeu à la réalisation. Qu’il continue ainsi, on ne demande pas mieux.



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