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TimFaitSonCinema
A travers ce film, Kheiron raconte l’histoire de ses parents, de l’Iran à la France. Né d’une famille nombreuse, son père s’est battu dans sa jeunesse pour la démocratie, puis a du fuir son pays avec sa femme et son fils pour continuer la lutte et se lancer également dans la vie associative afin de redonner vie au quartier où ils habitent.
Verdict:

Nous trois ou rien est le genre de longs métrages qui, malgré ses défauts, parvient à emporter le spectateur, à la fois dans le rire et dans l’émotion. C’est notamment le cas grâce à son ton singulier, mélange de gravité et d’humour et à des seconds rôles en grande forme. Pour sa première réalisation, Kheiron offre un vrai feel good movie et, franchement, c’est déjà pas mal du tout ! 

Coup de coeur:

Le ton global du film

La date de sortie du film:

04.11.2015

Ce film est réalisé par

KHEIRON

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Pour répondre d’entrée à une question que vous pourriez vous poser, si j’ai vu ce film, c’est lors d’un ciné plein air à Morestel, organisé dans le cadre de l’anniversaire du Conseil Municipal des Enfants de la ville. Pourquoi je vous raconte cela ? D’abord parce que le film a quand même plus de sept mois au compteur (et que je ne veux pas faire croire que dans mon cinéma municipal ne passent que des longs métrages qui seraient déjà sortis en DVD !) mais surtout parce que, étant donné la manifestation, je m’attendais à un film à destination d’un public plus jeune. En fait, comme nous le verrons plus tard, ce n’est pas vraiment le cas. En son temps, j’avais entendu parler de ce long métrage sans y faire trop attention (la bande-annonce ne m’avait pas tant attiré que ça). Il faut dire que je ne suis pas un immense connaisseur de l’univers Canal+ dont Kheiron est issu, puisqu’il s’est surtout fait connaître par ses apparitions dans Bref, la minisérie qui a été une sorte de phénomène pendant quelques mois, ainsi que par ses prestations au sein du Jamel Comedy Club. Il s’avère aussi que le garçon est rappeur et qu’il a déjà sorti un album. On peut donc dire que Kheiron ne manque pas de talents. Mais il a décidé de franchir un pas supplémentaire dans sa carrière, à savoir réaliser un long métrage de cinéma et jouer le rôle principal (lui qui n’avait fait jusque là qu’une apparition dans Les gamins d’Anthony Marciano). C’est franchement osé, d’autant plus quand on sait que son projet est de mettre en images la vie de ses parents, qui les a conduits d’un petit village d’Iran à la Légion d’Honneur en France. Tout ou presque est présent pour un ratage et, toutefois, Nous trois ou rien est un long métrage qui m’a vraiment surpris, et du bon côté !

 

Pourtant, on ne peut pas dire que le début soit franchement emballant et on sent même un peu le déjà-vu : une voix-off qui nous explique la jeunesse d’un jeune garçon dans une famille nombreuse iranienne (on parle de douze enfants, quand même), avec comme images des illustrations assez convenues. Il y a ci et là quelques scènes assez drôles, des répliques qui font mouche mais le tout manque singulièrement d’originalité. C’est en fait quand ce jeune Hibat devient adulte que les choses deviennent bien plus intéressantes. En effet, il devient très tôt un opposant au régime du Shah (incarné par un Alexandre Astier en roue libre) et finit rapidement en prison. On rentre véritablement dans le drame, car les conditions de détention sont très dures et c’est là que le film va prendre tout son sens car Kheiron y déploie un ton vraiment singulier, fait d’humour absurde et de répliques qui font mouche pour masquer une réalité bien moins réjouissante. A partir de là, tout le long métrage se déroulera dans cet esprit un peu décalé. C’est pourquoi on peut ici parler d’une véritable comédie dramatique, dans son acception la plus forte et, il faut bien le dire, la plus réjouissante. Peu à peu, on s’attache à tous ces personnages, que ce soit le couple principal, les parents de la femme de Hibat (incroyable Gérard Darmon dans le rôle du père) ou encore tous ces seconds rôles qui vont apparaître au cours du film (sacré défilé d’acteurs et actrices connus, d’ailleurs) et, lors de certaines séquences, il y a une vraie émotion qui passe. On sent qu’elle est amenée et les ficelles sont parfois un peu grosses mais on ne peut pas s’empêcher d’être emmené dans cette folle épopée entre l’Iran et la France, avec ses moments de joie mais aussi ses difficultés.

 

Là où le film est au départ assez déroutant, c’est dans ce parti-pris très clair de ne pas s’intéresser au contexte spécifique de l’Iran, où se déroule pourtant l’histoire. Si on sait que Hibat est un militant contre le Shah puis contre Khamenei, on ne voit (presque) rien de son véritable combat si ce n'est des bouts de réunion et quelques figures ennemies à travers un écran. Ainsi, la problématique politique est complètement évacuée. Sur le principe, je trouve toujours cela un peu gênant mais, étrangement, pour ce film en particulier, ça ne m’a pas dérangé. Sans doute parce que, pour apprécier cette histoire, ce n’est pas le contexte qui est important mais bien ce que vivent tous ces personnages, de sorte que leur histoire prend la forme d’une sorte de conte universel, qui pourrait se dérouler à peu près n’importe où ailleurs. La deuxième partie du film, qui se déroule en France, est peut-être un peu moins réussie, notamment parce que je trouve la question de l’intégration traitée avec un peu de désinvolture, avec un discours un peu limite (il suffit de vouloir s’intégrer pour le faire, sans voir toutes les difficultés derrière). Et cela fait perdre pas mal de force au personnage principal qui est alors moins convaincant. Forcément, on peut parfois être un peu circonspect devant un discours qui semble trop naïf, devant la performance du Kheiron acteur (pas toujours convaincant), devant cette voix-off trop présente ou encore devant une réalisation sans grandes idées. Mais il reste toujours ce ton joyeux et décalé, ce rythme très important et ces seconds rôles déjantés qui nous font dépasser la plupart de nos réticences. On ne peut quand même pas se plaindre d’avoir là une œuvre sincère, optimiste (peut-être trop par moments) et émouvante. Dans le contexte actuel, c’est en tout cas un film qui fait du bien, ce qui est déjà appréciable.




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