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TimFaitSonCinema
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JOY

Au cœur des années 80, Joy est une jeune mère de deux enfants qui doit gérer dans sa maison son ex-mari, sa mère dépressive, son père de retour après une énième rupture. Elle en a perdu le goût pour son loisir d’enfant, à savoir inventer de nouvelles choses. Un jour, elle a une idée qui pourrait révolutionner sa vie : un balai-serpillière auto-essorant. Mais les épreuves sont nombreuses avant de commercialiser son invention…
Verdict:

C’est surtout une grande frustration qui prédomine après avoir vu ce film. Le sujet aurait pu être vraiment intéressant et le ton doux-amer n’est pas déplaisant mais on a surtout la sensation que le réalisateur ne sait jamais véritablement ce qu’il veut faire avec son histoire, ne parvenant pas à donner une cohérence à l’ensemble. Heureusement, Jennifer Lawrence tient la baraque avec un rôle taillé sur mesure pour elle.

Coup de coeur:

Jennifer Lawrence

La date de sortie du film:

30.12.2015

Ce film est réalisé par

David O. RUSSELL

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Personnellement, j’ai découvert David O. Russell avec Fighter, le film qui l’a véritablement lancé après quatre premiers long-métrages qui lui avaient permis de se faire connaître sans rencontrer un immense succès. C’est grâce à celui-ci qu’il a commencé à flirter avec les récompenses (nominé à l’Oscar du Meilleur réalisateur) ou qu’il a permis à ses acteurs d’en remporter (Oscars et Golden Globes des meilleurs seconds rôles masculin – Chrisitan Bale – et féminin – Melissa Leo). Et, à l’époque (et oui, c’est il y a presque six ans maintenant), je me souviens m’être pris une claque, tant cette histoire d’une relation complexe entre deux frères que tout oppose était traitée avec talent, dans un style fiévreux. Et on y remarquait surtout le grand talent du réalisateur pour diriger ses comédiens et une certaine propension à ne pas faire les choses à moitié en termes de mise en scène. Ses deux films suivants ont fortement confirmé ces deux tendances (avec, là encore, des nominations et des récompenses en pagaille). Mais, le souci, c’est que ces deux longs métrages m’ont également moins convaincu. Happiness Therapy avait beau être une jolie comédie romantique, plutôt bien foutue, ça restait un film trop inégal pour vraiment séduire. Et que dire d’American Bluff, sorte de thriller comique un peu foutraque qui n’était pas assez tenu pour être vraiment intéressant. Dans les deux cas, ce qui ressortait vraiment était la performance d’actrice de Jennifer Lawrence qui a trouvé avec Russell le réalisateur qui la met en valeur dans des films d’auteur, de ceux qui lui permettent de ne pas rester enfermée dans l’image de star pour adolescent(e)s (statut conféré grâce à Hunger Games). Entre les deux, on a l’impression d’une sorte de relation gagnant-gagnant et, pour la première fois, la comédienne est la seule tête d’affiche d’un long métrage du réalisateur. Et alors, cette nouvelle association tient-elle la route ?

 

Du côté de Jennifer Lawrence, on peut dire que oui. Avec un rôle taillé pour elle (une femme qui se bat contre les préjugés tout autant que contre les propres aléas de sa vie), elle laisse parler son énergie communicative et sa capacité à jouer dans tous les registres. Elle prouve une nouvelle fois qu’elle est bien la jeune actrice américaine la plus intéressante et que la grande star des prochaines années, c’est forcément elle. Et, heureusement qu’elle est là, car, franchement, elle sauve à elle toute seule le film. C’est peut-être un peu dur de le dire comme cela mais, honnêtement, ce Joy est plutôt décevant et s’inscrit malheureusement dans une forme de continuité avec ses longs métrages précédents. Le sentiment qui prédomine est que le metteur en scène maitrise de moins en moins ses œuvres, comme s’il pouvait se permettre un peu n’importe quoi maintenant qu’il avait connu le succès. Pourtant, il tient là un sujet vraiment loin d’être inintéressant puisque cette Joy a réellement existé et c’est aujourd’hui une star du télé-achat aux Etats-Unis. Son destin est unique et méritait qu’on s’y intéresse. Mais, c’est comme si le réalisateur (qui est également coscénariste) ne savait pas vraiment quoi faire de son histoire et comment positionner son film : oscillant toujours entre la comédie et le drame, Joy se déroule finalement dans un entre-deux par moments assez agaçant. Parfois, le mélange des genres fonctionne bien mais là, il y a une construction qui fait que ces deux aspects ne réussissent jamais à faire qu’un mais sont toujours en parallèle, comme s’il y avait finalement deux films en un. Avec ces deux styles qui cohabitent, Russell parvient tout de même à installer un ton doux-amer pas déplaisant à l’ensemble mais ça ne suffit pas pour lui donner une cohérence nécessaire. Ce qui est aussi en grande partie du à une construction globale très étrange.

 

En effet, ce qui est surtout marquant avec Joy, c’est son côté particulièrement foutraque et même hystérique par moments. Ca part dans tous les sens, avec un très grand nombre de personnages secondaires, aux caractères très marqués : du père à l’ancien mari, en passant par la mère, la meilleure amie ou l’associé en business, c’est une sacrée galerie que le scénario prend plaisir à dépeindre mais qui fait perdre beaucoup de force à l’ensemble. Bien sûr, le personnage principal doit se débattre au milieu d’un univers compliqué (le réalisateur adore ces familles foldingues où la destinée individuelle se brise presque invariablement sur un tas de problèmes en tout genre) mais sans doute le scénario aurait-il gagné à vraiment se recentrer sur ce personnage principal et ce qu’il accomplit, plutôt que de partir un peu dans toutes les directions. A force de multiplier les pistes, il donne à l’ensemble un aspect très fouillis, avec de vraies longueurs en cœur de long métrage et finit par frustrer le spectateur qui voit de nombreux sujets intéressants être oubliés aussi vite qu’ils sont apparus. Et ce qui est sans doute le plus étrange, c’est que si Joy est réellement au cœur de l’histoire pendant plus de deux heures, on n’a jamais vraiment la sensation de la connaître et de comprendre ce qui la fait avancer et même ce qu’elle a réellement fait de manière concrète. Les ellipses sont très nombreuses et, par moments, on aurait vraiment aimé des précisions sur ce qui rend ce destin si particulier. La fin est par exemple particulièrement agaçante car elle en montre suffisamment pour qu’on soit intrigué mais pas assez pour que ce soit vraiment intéressant. Du point de vue de la mise en scène, tout ce qu’il peut y avoir d’énervant chez ce réalisateur ressort : la capacité à filmer de très belles scènes avant de les enchaîner avec d’autres bien plus discutables, un usage outrancier de la musique (même si elle est de qualité) et une réalisation parfois trop tape-à-l’œil. Il va falloir que David O. Russell se reprenne en main car il est sur une pente glissante, ce qui n’est jamais bon…




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