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TimFaitSonCinema
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BELGICA

Jo est passionné de musique et il vient de réaliser son rêve : ouvrir un bar, le Belgica. son grand frère, Frank, lui propose de le rejoindre pour gérer l'établissement. Assez vite, le Belgica va devenir un lieu incontournable de la nuit Gantoise. Au risque de créer des tensions entre les deux frères...
Verdict:

Belgica est tout à la fois euphorisant par moments, car les séquences de fêtes dans le bar sont parfaitement mises en image et en musique, mais aussi désespérant dans la manière que ce film a de ne pas aller au-delà de ces scènes pour construire quelque chose de vraiment cohérent. Et j’ai ainsi du mal à être complètement satisfait devant ce travail qui me semble trop peu abouti pour être réussi.

Coup de coeur:

La musique

La date de sortie du film:

02.03.2016

Ce film est réalisé par

Felix VAN GROENINGEN

Ce film est tagué dans:

Drame familial Drame amoureux

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 La Critique


Bien que ce soit son quatrième long-métrage, c’est en fait Alabama Monroe qui a véritablement lancé la carrière du flamand Felix Van Groeningen. En effet, si son film précédent, La merditude des choses avait déjà connu son petit succès, c’est bien cette histoire de couple dans un univers musical bien particulier qui lui a permis d’être reconnu par la profession (Meilleur film étranger aux César 2014) et par le public (plus de 200 000 entrées et de très bonnes réactions). Personnellement, j’avais trouvé que c’était plutôt pas mal, avec un savant dosage dans le dramatique alors que le sujet n’était pas forcément évident, bien que l’ensemble n’était pas dénué de certains défauts. Il est donc logique que  son long métrage suivant soit distribué en France en même temps qu’en Belgique (alors qu’il avait fallu attendre presque plus d’un an pour Alabama Monroe). Et on a vraiment la sensation que Van Groeningen a pu se faire vraiment plaisir pour ce film et qu’il se lâche complètement afin de signer son long métrage le plus personnel. En effet, l’histoire qui est racontée ici, c’est aussi celle du bar qu’a tenu son père quand lui était enfant, mais c’est aussi sans doute sa propre expérience en tant que jeune dans des bars. Ce qui est bien, c’est qu’on reconnaît ici la patte Van Groeningen, et notamment cette manière de se donner complètement dans ses films, et de ne pas tricher, au risque de perdre un peu le fil de ce qu’il veut vraiment raconter. S’il parvenait globalement à se réfréner dans Alabama Monroe, parce qu’il avait une vraie histoire à raconter à côté, on a vraiment le sentiment que c’est bien plus difficile ici. C’est ce qui fait à la fois le charme de Belgica mais aussi qui l’empêche d’être plus qu’une simple illustration de la vie d’un bar, avec ses hauts et ses bas.

 

Et moi qui suis plutôt adepte de films « tenus » (ce n’est pas pour rien si Clint Eastwood et James Gray sont parmi mes réalisateurs préférés), je dois bien dire que j’ai eu un peu plus de mal ici… Car Felix Van Groeningen semble plutôt préférer faire un long métrage un peu à l’image de ce bar qu’il décrit, à savoir bien foutraque. En effet, il n’a pas vraiment de scénario et s’il y a bien deux frères au cœur du film, c’est bien le bar en lui-même qui apparaît finalement comme le personnage principal du long métrage. C’est là où l’on revient tout le temps et là où les relations évoluent. Entre ces deux frères, c’est un peu du « je t’aime, moi non plus », eux qui voient leur façon d’être ensemble profondément modifiée par leur expérience dans ce bar : Frank, notamment, perd peu à peu les pédales, avalé qu’il est dans ce monde de la nuit où il se croit tout permis. Cette relation n’est pas un mauvais sujet, loin de là, mais il n’est ici pas assez traité pour que l’on puisse vraiment s’y intéresser. Car, en fait, tout ou presque tourne autour de l’ambiance qui règne dans le Belgica, et notamment toutes les soirées qui en font un lieu à part. Le souci, c’est qu’à force d’y revenir tout le temps, comme si, à chaque fois qu’il y avait une panne d’inspiration pour le scénario, c’était la formule magique, on oublie qu’il y a une histoire à côté et que celle-ci pourrait même être intéressante… Assez rapidement, on se demande ce qui peut faire évoluer ce Belgica car on a le sentiment d’assister à un film sans fin, où les séquences s’enchaînent sans que soit trouvée une véritable cohérence d’ensemble, même si un fil (ténu) tient le tout. Et, honnêtement, ça m’agace parce que Van Groeningen a du talent, et il le prouve ici.

 

Car c’est dans ce bar que le réalisateur prend manifestement le plus de plaisir. Ça, c’est sûr qu’on ne peut pas reprocher au metteur en scène de ne pas se donner à fond dans son projet. On sent qu’il y a derrière toutes les scènes une vraie énergie, une envie de bien faire et si, dans ce Belgica, on danse, on boit et on fait la fête jusqu’au bout de la nuit, la réalisation nous emmène au cœur de cette salle où tout semble possible. Il mise énormément sur ces séquences et, honnêtement, il s’en sort plutôt pas mal du tout. Avec une caméra vraiment proche de tous les personnages, un montage efficace et une musique de très grande qualité, Van Groeningen parvient parfaitement à rendre l’ambiance complètement folle de ce Belgica. Le spectateur est véritablement entrainé à la suite des personnages principaux dans ce tourbillon qui semble sans fin. Alors, forcément, étant donné que le réalisateur se donne à fond, il est aussi capable de s’égarer à certains moments et d’offrir des séquences esthétiquement moins réussies. Mais ce n’est pas la majorité et certains passages sortent même (positivement) de l’ordinaire comme celui où deux chansons s’imbriquent quasiment l’une dans l’autre. Car ce qui est peut-être le plus remarquable ici, c’est bien la musique, pour laquelle le groupe belge Soulwax a été mis à contribution et a même « créé » de toute pièce deux formations qui jouent sur la scène du Belgica à un moment donné. Le souci, c’est que toute cette énergie déployée par la réalisation finit assez rapidement par tourner à vide car, une fois qu’on en a compris les ressorts et que ceux-ci sont toujours utilisés, c’est forcément moins intéressant et la surprise et la certaine euphorie que l’on pouvait avoir au départ disparaissent bien trop rapidement. C’est en ce sens que ce Belgica m’a plus déçu qu’autre chose…




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