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TimFaitSonCinema
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ALABAMA MONROE

Didier est musicien dans un groupe de country. Elise est tatoueuse, découvre cette musique et tombe sous le charme de Didier jusqu’à faire partie du groupe. Mais de leur histoire d’amour naît aussi une fille, Maybelle, qui bouleversera leur couple…
Verdict:
Alabama Monroe est un film qui a vraiment quelque chose : une sorte de poésie qui vient de ce lien entre la musique et ce qui se passe. Les deux acteurs principaux sont géniaux avec une mention pour Veerle Baetens qui est, pour moi, une véritable découverte).
Coup de coeur:

Veerle Baetens

La date de sortie du film:

28.08.2013

Ce film est réalisé par

Felix VAN GROENINGEN

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Après Bullhead il y a maintenant un an et demi, le cinéma flamand revient dans nos contrées grâce à ce film. Et c’est suffisamment rare pour être noté. En effet, on est bien plus habitué au cinéma belge francophone : soit celui qui fait rire, soit celui qui fait pleurer. En gros, François Damiens contre frères Dardenne. Bullhead, déjà, permettait de sortir de cette opposition en traçant sa voie propre vers le film noir. Pour Alabama Monroe, c’est un peu différent car on a là affaire à un film assez singulier, adaptation d’une pièce de théâtre qui a fait un carton en Belgique et qui, depuis sa sortie en octobre dernier, s’est offert suffisamment d’exposition et de bonnes critiques pour lui permettre d’être distribué en France. C’est profondément un drame mais qui a un aspect finalement assez lumineux, notamment grâce au rôle de la musique qui a une très grande importance dans tout le long-métrage. Elle donne le rythme mais a aussi une fonction narrative puisque les différentes chansons scandent le film en insistant sur les moments importants (amour, naissance, morts). On en retrouve ainsi certaines qui se répètent et que l’on retrouve à différents moments. D’ailleurs, cette musique a fait un véritable tabac en Belgique où la bande originale s’est plus vendue que celle de Titanic, ce qui n’est pas rien. Si ce film est très loin d’être parfait et même s’il comporte certaines séquences discutables et des défauts dans sa construction, on ne peut pas s’empêcher de globalement l’apprécier. Il dégage en effet quelque chose qui ressemble à une forme de force de vie et laisse au final le spectateur un peu pantois mais aussi surpris.

Parce que, il faut bien le dire, je ne m’attendais pas à ça, mais plutôt à une comédie un peu dramatique sur les bords mais où l’humour avait toute sa place. En fait, c’est bien un drame, voire même un double drame auquel on assiste : familial d’abord puis amoureux. Rien que ça… C’est vrai que si on raconte le pitch dans sa globalité, ça pourrait paraître très triste (je ne le ferai donc pas !). Ça l’est en parti mais le réalisateur réussit à donner à ce Alabama Monroe un vrai souffle qui lui permet de dépasser cet aspect et le fait plutôt rentrer dans la catégorie des films poignants et touchants. Par rapport au sujet, on ne peut pas ne pas penser La guerre est déclarée puisqu’il y a là aussi une histoire d’enfant gravement malade. Mais la comparaison s’arrête là car c’est traité de manière très différente ici. Felix van Groeningen n’en fait pas forcément le cœur de son film, qui se situe plus dans le couple lui-même (avec deux acteurs exceptionnels dont une vraie révélation avec Veerle Baetens, aussi pétillante qu’émouvante). C’est l’histoire de celui-ci que l’on va pouvoir observer dans sa totalité. Car, au final, le film se déroule sur une petite dizaine d’années, avec une construction qui mélange un peu toutes les périodes. Il y a des passages incessants entre passé et présent qui permettent d’abord de ne pas garder un aspect linéaire qui aurait pu être rébarbatif mais aussi de correspondre à une musique plutôt rythmée, faite justement de changements mélodiques et qui peut aussi bien être entraînante que très mélancolique. Par contre, je me demande vraiment pourquoi les distributeurs français ont fait le choix de ne pas traduire les paroles de ces chansons car, autant que je peux comprendre l’anglais, chacune avait un sens par rapport à ce qui se déroulait. C’est un choix étrange et décevant, n’ayons pas peur de le dire.

Le rapport à l’Amérique (pays qui fascine le personnage Didier) est plutôt bien travaillé avec des paysages qui ressemblent aux grandes plaines américaines mais aussi le côté très cow-boy de leur habitation et de leur style de vie. Enfin, ce n’est pas un hasard si on voit sur un écran de télé les attentats du 11 septembre et quelques discours de George Bush Jr. D’ailleurs, Didier ne semble pas accepter la décision américaine d’interdire les cellules souches (cela est en rapport avec sa fille, évidemment) mais cela tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et la place qui est donné à cela me semble démesurée par rapport à l’histoire globale. Cela fait partie des passages un peu plus étranges qui ne m’ont pas forcément plu, soit parce que je ne leur voyais pas d’intérêt, soit parce qu’il leur était donné trop d’importance. Alabama Monroe est de ce genre de film extrêmement sensible et à fleur de peau, et qui, c’est le revers de la médaille, sont aussi toujours à la limite. Forcément, dans ces cas-là, ça casse un peu à certains moments avec des séquences plus discutables esthétiquement mais j’ai une forme d’indulgence pour ce cinéaste qui ne réussit pas tout ce qu’il entreprend mais qui y met vraiment du cœur et construit l’ensemble avec sincérité. Cela ressort vraiment de ce film et c’est pour cela qu’il touche de cette manière. Pour cela, Alabama Monroe est un long métrage à voir et à savourer car il n’y en n’a pas tant que cela, des films qui marquent de cette façon et qui, tout en étant triste sur le fond, arrivent à créer un univers particulier qui fait passer cela au mieux. On peut donc encore remercier le cinéma flamand pour cette jolie découverte et on n’a plus qu’à espérer en voir toujours plus car, s’ils arrivent jusqu’à nous, c’est visiblement qu’ils sont bons.



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