Toggle navigation
TimFaitSonCinema
A la mort d’un dramaturge célèbre, un certain nombre de ses acteurs se retrouve dans sa dernière maison. Ils vont alors devoir juger une interprétation de la pièce [i]Eurydice[/i]. Mais tous ont déjà joué cette pièce et ils vont alors la revivre…
Verdict:
Film pour le moins étrange dont je ne sais vraiment pas quoi penser. On ne s’ennuie jamais véritablement mais c’est beaucoup trop rarement exaltant.
Coup de coeur:

L’originalité du projet

La date de sortie du film:

26.09.2012

Ce film est réalisé par

Alain RESNAIS

Ce film est tagué dans:

Inclassable

Chargement...


 La Critique


Vous n’avez encore rien vu est peut-être le film qui a fait le plus de buzz lors du dernier Festival de Cannes. Lors de sa projection d’abord, où une grande majorité des critiques a crié au génie toujours présent de ce réalisateur qui a tout de même aujourd’hui 90 ans, j’ai nommé Alain Resnais. Ensuite, le long-métrage a encore fait du bruit du fait de son absence remarquée du palmarès alors que certains le donnaient comme candidat très crédible à la récompense suprême. Moi, je dois bien avouer que ça m’inquiète quelque peu quand toute la profession des critiques commence à dire de concert qu’on tient là un film extraordinaire. Surtout que les derniers longs-métrages d’Alain Resnais ont connu un accueil un peu similaire (même si tout de même moins enthousiaste) sans connaître un réel succès auprès du public (et auprès de moi, puisque je n’en n’ai vu aucun). Mais, je me suis laissé tenter quand même, parce qu’il faut bien, parfois, aller voir des films qui ne nous motivent pas forcément de prime abord. Et, en fait, j’ai plus été dérouté qu’autre chose, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Le problème, c’est que le lendemain du visionnage, je ne sais toujours pas véritablement quoi penser de Vous n’avez encore rien vu.

Le film commence d’abord par une idée assez originale : celle d’un « faux » générique. En effet, après un générique de début déjà assez étrange (à la fois très cheap et avec une musique pas vraiment dans le ton), on voit l’annonce du décès du fameux dramaturge au téléphone de chacun des acteurs qui tourne dans le film, toujours appelés par leur vrai nom, ce qui a une véritable importance ici. Puis, on arrive sans trop de transition dans cette fameuse maison où les acteurs se retrouvent peu à peu, retrouvailles joyeuses sous le regard amusé de l’ancien majordome de ce dramaturge. Tous vont s’installer dans le salon, devant un écran et c’est là que débute véritablement le film. Cette petite introduction, ou prélude, permet de mettre en tout cas au cœur de Vous n’avez encore rien vu les acteurs, dans toute leur dimension : théâtre, cinéma et (presque) vie privée. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la bande-annonce du film avait comme musique « Viens voir les comédiens » de Charles Aznavour. C’est bien sur eux que porte principalement ce film. C’est une forme d’hommage à leur travail.

Au fur et à mesure que se déroule la pièce Eurydice, interprété par une troupe, sous nos yeux (et donc les leurs aussi), les acteurs, qui ont tous joué l’un ou l’autre des personnages pour une mise en scène du dramaturge décédé, se remettent à interpréter leurs rôles. Il y a ainsi par exemple deux couples Eurydice-Orphée (Azéma-Arditi d’un côté et Consigny-Wilson de l’autre) qui vont, peu à peu, prendre le pas sur ce que l’on voit à l’écran. Un vrai jeu se met en place entre ces trois interprétations. Elles se retrouvent parfois, se font face, se répondent,… C’est au départ assez déroutant car il y a forcément des répétitions, des éléments que l’on retrouve et des personnages interprétés par des acteurs différents. Pour moi, la première partie (en gros, le premier acte) a été assez compliquée. J’ai vraiment eu du mal à me mettre dans ce rythme assez particulier, parce qu’en plus, le théâtre, ce n’est pas vraiment mon truc. J’ai ainsi souffert pendant une bonne demi-heure et puis, peu à peu, je m’y suis fait. Et, une fois qu’on prend le pli, on commence presque à trouver tout ce petit jeu plutôt amusant. Ce n’est pas pour l’histoire, au demeurant assez peu intéressante, qu’il y a un intérêt mais bien pour la manière dont elle est développée et véritablement mise en scène.

Parce que c’est bien cela qui fait de ce long métrage un très drôle d’objet. Il y a en fait une triple mise en abyme avec trois interprétations différentes de la pièce, ou du moins ce qui en a été fait puisqu’elle a été en partie mélangée avec une autre pièce d’Anouilh (Cher Antoine ou l’Amour raté). Comme ces deux pièces sont mises ensemble, il y aussi et surtout un vrai mix entre cinéma et théâtre. On ne peut pas dire que ce soit du théâtre filmé car il y a une grande importance accordée par le réalisateur au cadre, au champ et à la mise en scène purement cinématographique. De plus, les personnages s’échappent parfois dans des endroits un peu en dehors de l’espace temporel et spatial. Mais, en même temps, les décors « font » vraiment théâtre et certaines séquences sont tellement tournées d’un seul tenant que c’est au théâtre auquel la performance d’acteur fait penser. Il y a donc une véritable interpénétration des deux et c’est assez vivifiant de ce côté-là. On sent vraiment qu’Alain Resnais s’amuse véritablement dans ce mélange des genres savamment orchestré à la fois par le scénario mais aussi par la réalisation qui choisit de ne jamais choisir. Les acteurs aussi, eux, prennent un malin plaisir à se fondre dans cet entre deux, à être toujours à la limite de surjouer (ils la franchissent tout de même parfois). Je suis tout de même resté assez hermétique à cette façon de faire, mais, au moins, je n’ai pas vraiment vu le temps passer. Et c’est déjà ça car j’avais vraiment peur de m’ennuyer sévère. Ça ne m’a pas enchanté, loin de là, mais bon, ça ne peut pas marcher à chaque fois…



 Rédiger Un Commentaire