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TimFaitSonCinema
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POPULAIRE

A la fin des années 50, à Lisieux, Rose est engagée comme secrétaire par l’assureur de la ville. Mais celui-ci voit surtout en elle la formidable vitesse qu’elle a pour taper à la machine. Il va alors tout faire pour mener au titre de vitesse dactylographique.
Verdict:
Après une bonne première moitié, Populaire perd de sa verve en revenant dans des sentiers beaucoup plus battus. C’est dommage car le travail de reconstitution est vraiment excellent et Déborah François, pour son premier grand rôle de comédie, est épatante.
Coup de coeur:

Déborah François

La date de sortie du film:

28.11.2012

Ce film est réalisé par

Régis ROINSARD

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Lorsque j’ai vu pour la première fois un teaser pour ce film – il y a déjà un certain temps –, je me suis vraiment demandé comment un tel long métrage pouvait être réalisé mais aussi produit. On parle quand même d’un film qui nous conte l’histoire d’une fille qui tape très vite à la machine dans la France du plein cœur des Trente Glorieuses. Si on rajoute par là-dessus une histoire d’amour forcément compliquée, on n’est tout de même pas loin d’avoir devant nous le pitch le plus improbable depuis quelque temps dans le cinéma français. Populaire est aussi l’occasion de profiter que Déborah François, actrice assez rare et pourtant très talentueuse, se voie offrir un premier vrai grand rôle de comédie, face, en plus, à un acteur devenu aujourd’hui un peu plus familier de ce genre de films, Romain Duris. Cela faisait déjà une bonne raison de s’intéresser d’un peu plus près à ce long-métrage. Et puis, les différents échos qui ont fleuri dans les médias ont donné le début d’un vrai crédit à ce film qui réussit un véritable exploit : obtenir les Labels des spectateurs des quatre grands exploitants de salle (UGC, Pathé-Gaumont, CGR, Kinépolis). Petite précision : le dernier (et seul) film à avoir réalisé pareille performance a connu un petit succès puisque c’est Intouchables. Alors, parti pour un succès identique au long-métrage de Tolédano et Nakache ? Je ne le pense pas, notamment parce que Populaire est un film loin d’être complètement réussi bien qu’ayant un vrai charme.

Le film démarre très bien, avec une première demi-heure assez incroyable. Tout y est : l’ambiance – gaieté et presque hystérie collective –, la façon de planter l’intrigue, les répliques cultes, des personnages intéressants… Il y a en tout cas un vrai charme dans cette façon de montrer une certaine France semi-rurale de cette époque, avec tout ce que cela implique en termes de looks, de décors, de voitures, mais aussi de petites expressions savoureuses (« tarte », « mon chou »)… On a presque l’impression que l’histoire n’est qu’un prétexte pour que puisse se monter une reconstitution de cette époque. Et de ce côté-là, c’est vraiment impeccable. Dans toute cette première partie, je trouve en plus que le scénario réussit parfaitement à gérer la relation entre les deux personnages principaux, faite d’amour caché, de disputes mais aussi d’une vraie tendresse l’un pour l’autre. Bien sûr, il y a déjà quelques facilités, tant dans le scénario que dans la façon de le mettre en image mais je me dis alors que l’on peut tenir avec Populaire une vraie bonne surprise, de ces films charmants qui surprennent le spectateur. Mais, malheureusement, le rythme retombe et, surtout, le scénario commence à dangereusement dévier vers des choses déjà vues et revues : l’histoire d’amour tourne mal mais va bien finir (forcément), les concours sont toujours gagnés de façon improbable, les relations distendues se renouent en un clin d’œil… Bref, on tombe beaucoup trop vite dans les travers que toute la première partie repoussait assez intelligemment et élégamment. Et, à partir de là, le film dans son ensemble perd de son intérêt. Apparaissent des personnages beaucoup trop marqués dans le côté méchant pour avoir un vrai intérêt (la rivale française et son fiancé notamment sont gratinés). Tout devient beaucoup trop attendu, les répliques et situation amusantes se font plus rares et l’émotion, tellement suggérée au spectateur, n’arrive jamais. La fin a le mérite de ne pas faire traîner les choses, ce qui est un bon point ici.

C’est vraiment dommage qu’avec une idée aussi originale, les scénaristes n’aient pas réussi à rester sur un sentier un peu moins conventionnel et aient dévié trop vite vers quelque chose d’attendu et donc, en un sens, de décevant. Surtout qu’au niveau technique, Régis Roinsard, dont c’est le premier long-métrage, réussit plutôt son coup. Son travail de reconstitution est vraiment intéressant dans la manière dont il est bien mis en valeur et constitue un vrai élément de toute l’histoire. Il faut dire qu’il s’est adjoint les services de quelques pointures et notamment de Guillaume Schiffman (OSS 117, The Artist notamment) à la photographie ou encore Laure Gardette (césarisée cette année pour Polisse) au montage. Pour la musique, nécessairement très importante puisqu’il y a de vraies références aux films de cette époque qui en utilisaient beaucoup, Emmanuel d’Orlando compose une partition de qualité, qui a le mérite de parfaitement s’insérer dans l’ambiance générale du long-métrage. Au niveau des acteurs, Régis Roinsard n’a pas fait non plus de fausses notes. Avec Déborah François, en tout cas, il ne s’est pas trompé et a eu raison de lui donner sa chance. Elle est parfaite dans son rôle qui lui demande d’être à la fois un peu pataude, pétillante mais aussi très forte de caractère. L’actrice belge manie tout cela avec beaucoup de virtuosité. Assurément, une grande actrice de comédie est née. Romain Duris, de son côté, est assez égal à lui-même, puisqu’il nous sert plus d’une fois sa mimique favorite et son côté gentiment renfrogné. Son personnage perd en tout cas beaucoup d’intérêt dans la seconde moitié du film, symbole d’un film un peu binaire et qui ne réussit pas à prolonger la flamme d’une très bonne première demi-heure et qui, peu à peu, s’étiole. Dommage parce que l’on tenait peut-être mieux que le résultat final. Mais, ne nous plaignons pas, passer un bon moment au cinéma est déjà un plaisir qui ne se refuse pas et Populaire permet cela. Et ce n’est déjà pas si mal.



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