La Critique
Allons voir le dernier Jeunet. Plus de cinq ans qu’on l’attendait, après Un Long Dimanche de Fiançailles qui, dans mes souvenirs, m’avait plutôt plu et un Amélie Poulain qui, dans mes souvenirs, était assez dur à juger. Là, à quoi s’attendre. Sur le principe, ça faisait un peu peur. Mais, au final, ça passe plutôt bien. En tout cas, beaucoup de scènes sont très amusantes. Mais, il y a, selon moi, un défaut assez important à ce film : c’est que les personnages sont bien plus importants que l’histoire elle-même et non au service de celle-ci. Parce qu’en fait de scénario, c’est plutôt une succession de saynètes, souvent très drôles, qui montre comment Bazil et sa bande s’y prennent pour embrouiller les deux fabricants d’armes. Cela donne des situations totalement invraisemblables, décalées et cocasses.
Mais, ce qui semble le plus important pour Jeunet, c’est sa galerie de personnages. Il faut dire qu’il s’y emploie en donnant à chacun des caractéristiques bien caricaturales : Reddington qui n’utilise que des expressions idiomatiques françaises, ce qui donne des dialogues hors de toute réalité ; Fracasse, recordman du monde de l’homme canon, complètement déjanté ;… D’ailleurs, c’est amusant de voir comme, dès la campagne de promotion du film (affiches ou teasers), c’est ce grand nombre de personnages extrêmement différents qui est mis en avant et pas du tout l’histoire en elle-même. Et, pour le coup, le casting est réussi puisqu’on a l’impression que chaque acteur est fait pour son rôle : Omar Sy, délirant ; Dominique Pinon, excellent (mais, en même temps, ça, c’est une constante) et Danny Boon, plutôt à l’aise dans un rôle presque de simplet beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît. Sinon, il y a du Jeunet dans la réalisation : quelques trouvailles, quelques tics agaçants (le mouvement rotatif de la caméra, surtout au début, ça donne un peu le tournis…).