La Critique
J’ai d’abord été surpris par la présence finalement assez discrète de Cantona durant tout le film. En effet, il apparaît en certaines occasions, en devenant le confident et le « coach personnel » d’Eric. Mais son influence sur le film n’est pas si grande que ça. Comme celle du football en général d’ailleurs. Il en est très peu question et quand c’est le cas, c’est l’objet d’une discussion animée entre des supporters de Manchester United et d’autres qui défendent le FC United (club créé en 2005 par des supporters de MU furieux de la prise de pouvoir par Malcolm Glazer de leur club de toujours) : finalement, toujours ce thème d’une forme de lutte sociale qui plait tant à Ken Loach.
Il s’agit finalement bien plus d’un hommage à Cantona, à la fois pour son jeu (des images d’archives qui font plaisir à l’amateur de foot) mais surtout pour la trace indélébile qu’il a laissé à Manchester dans le cœur de ses fans. En effet, il est bien plus le prétexte d’abord à des dialogues exceptionnels truffés de proverbes qui mélangent le français et l’anglais. Mais il est surtout là pour «secouer» le personnage et lui faire prendre conscience de ses possibilités… Il a finalement un peu le rôle du génie dans Aladin (en presque aussi drôle)… Cela permet alors de faire décoller le récit d’une forme de drame social comme Ken Loach les aime tant à une véritable fable.
Par la rencontre Cantona/Bishop, on découvre les raisons qui font que Bishop est malheureux et les moyens qu’il met en place pour faire face à cela. Ca vire même parfois à la limite du bon sentiment, notamment à la fin. Il y a de plus quelques longueurs qui font parfois tourner le film un peu en rond. Mais Ken Loach arrive toujours à garder en trame de fond un aspect social très prégnant qui permet de ne pas tomber dans ce piège. Steve Evets, dans ce rôle de postier désabusé, est parfait, rendant au personnage toute sa sensibilité.