Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Hortense Laborie est appelée depuis son Périgord natal afin de devenir la cuisinière privée du Président de la République. Celui-ci semble apprécier ses talents, mais, au sein du Palais, elle ne fait pas forcément l’unanimité, notamment à cause de son caractère bien trempé.
Verdict:
Film sans goût, d’une fadeur sans nom, qui manque de liant et qui utilise des recettes déjà vues un nombre incalculable de fois. Seule Catherine Frot, particulièrement savoureuse dans son rôle, relève un peu le tout. Pas loin d’être lame-en-table…
Coup de coeur:

Catherine Frot

La date de sortie du film:

19.09.2012

Ce film est réalisé par

Christian VINCENT

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

Chargement...


 La Critique


Deuxième expérience du Label des spectateurs UGC et, là, honnêtement, pendant dix minutes, je ne savais pas du tout ce que j’avais devant les yeux. Je m’étais un peu renseigné sur ce qui sortait le mois prochain mais je n’étais pas allé beaucoup plus loin… Et puis le titre s’est affiché et j’ai été surpris devant ce film dont je n’avais pas du tout entendu parler. C’était donc la première fois que j’assistais à la projection d’un long métrage en ne sachant absolument rien dessus. Voir Catherine Frot au générique m’a plutôt rassuré, car c’est une actrice que j’apprécie et que je trouve toujours très juste, mais le premier quart d’heure a vite refroidi mes (maigres) espoirs. Ce film est basé sur la cuisine, comme son titre peut le laisser deviner avec ce jeu de mot assez discutable. Actuellement, la cuisine est à la mode dans tous les médias : magazines, émissions de télévision, et même cinéma (Le goût de la vie, Julie and Julia ou encore Comme un chef)… Ca s’apparente aujourd’hui presque à un phénomène de société. Christian Vincent (réalisateur qui n’avait plus réalisé depuis son précédent film datant de 2005, Quatre étoiles) s’empare du « sujet » et pas qu’un peu, pour faire un film librement inspiré d’une histoire vraie. Mais le problème est que le film tourne au bouillon. Et, autant le dire, la critique va être salée.

La première question que l’on se pose en sortant de la séance est la suivante : comment des producteurs ont pu décider de faire un film avec si peu ? Parce qu’en fait, Les saveurs du Palais repose sur presque rien : deux ans de la vie d’une cuisinière au service privé du Président de la République. Les seuls rebondissements qu’il y a, ce sont : les crises avec le chef voisin qui s’occupe des cuisines centrales, la modification de l’organigramme de l’Elysée ou encore le changement des habitudes alimentaires du Président de la République. Et avec ça, vogue la galère, on fait un film de 90 minutes… C’est quand même plus que limite et d’ailleurs, le réalisateur (coscénariste aussi) s’en rend assez vite compte puisqu’il ne cesse de multiplier des scènes totalement inutiles, qui semblent sorties d’une émission culinaire à la mode. Et vas-y que je te montre des tartes, des Saint-honoré, des viandes en sauce… Oui, mais dans quel but ? Car, en fait, le principal souci avec ce film, c’est qu’on ne voit vraiment pas ce qu’il veut montrer. Il n’adopte pas vraiment de point de vue, reste neutre, un peu extérieur à la vie de cette femme. D’ailleurs, on ne sait presque rien d’elle si ce n’est ce qu’elle fait dans la cuisine avec les aliments : sa spécialité est de faire une bonne cuisine française, bien rustique. D’ailleurs, les notions de « cuisine de grand-mère », « cuisine de terroir »,… reviennent souvent au cours du film, notamment dans la bouche du Président de la République. En ce sens, ce film m’a paru assez « vieille France » dans cette façon de magnifier de façon un peu trop idéalisée cette cuisine à l’ancienne. Au bout d’un moment, c’en est presque gênant.

Je pense que l’autre « intérêt » de ce film est la volonté de faire découvrir au spectateur les dessous de l’Elysée. A la manière d’une émission comme Des racines et des ailes, nous voilà partis pendant une heure et demi dans une visite presque exhaustive du lieu central du pouvoir en France. Il y a une séquence absolument incroyable de dix minutes en début de film où c’est vraiment ça, de façon complètement caricaturale. Alors, ce n’est pas forcément inintéressant de savoir comment fonctionne le Palais, mais réalisé comme ça, de façon aussi « didactique », cela fait perdre tout le peu de charme qui pouvait subsister. De plus, Les saveurs du Palais ne s’arrête pas là et, après l’aspect « géographique », il a l’intention de montrer les hommes qui composent ce monde à part qu’est l’Elysée. Et là, c’est presque pire puisque tous les clichés possibles et imaginables sont de sortie. Rien qu’à voir la tête des personnages, on comprend où on est. Bien sûr, je veux bien que le Palais soit un lieu différent mais, là, tout de même, tout le monde semble venir d’une autre planète. Et puis, on a le droit aussi à un petit laïus sur les hommes politiques français qui « aiment beaucoup avoir des relations avec la gente féminine, notamment les journalistes ou assistantes ». Très fin mais surtout complètement inutile par rapport au reste du film. Le Président en lui-même, interprété par un Jean d’Ormesson dont on a l’impression qu’on l’a sorti du formol pour les besoins du film, a lui aussi un côté totalement caricatural, empli d’un côté nostalgique sur la France d’antan… La seule réussite de ce film réside dans son actrice principale puisque Catherine Frot se démène comme elle peut pour éviter le naufrage. Elle est parfaite dans ce rôle d’une femme très forte car capable de tout pour obtenir ce qu’elle veut mais aussi à la merci de ce qui se passe au-dessus d’elle. Heureusement qu’elle est là pour donner un tout petit intérêt au film.

En contrepoint de l’essentiel de l’histoire qui se passe à l’Elysée, on voit, trois ans plus tard, le dernier jour du travail suivant de cette femme, devenue pendant un an cuisinière sur une base française dans les terres australes. Honnêtement, l’intérêt de ces séquences est assez mince et si ce n’est permettre de souffler entre deux recettes (et encore…), tous ces passages sont loin d’être utiles. Ils n’éclairent même pas réellement le personnage central de l’histoire. Finalement, mis à part la cuisine proprement dite, le film passe complètement à côté de son sujet. Cette femme n’apparaît que comme une forme de pantin toujours prête à se rebeller et dont les relations aux autres ne sont pas creusées. En ce sens, ce film est très loin de répondre aux exigences minimales d’un vrai film de cinéma. C’est un sujet qui pourrait aller pour un téléfilm, à la limite, mais pas plus. En plus, ce film donne faim car on voit pendant la moitié du temps de la nourriture qui, il faut le dire, a l’air assez appétissante. Si vous y allez (ce que je suis loin de conseiller, vous l’aurez compris), mangez un bout avant sinon, ça va ressembler à une heure et demie de torture... Mais il donne aussi faim de bon cinéma, de films qui ont de vraies idées de départ et une volonté de les traiter de façon originale et singulière. Là, ce n’est pas du tout le cas et c’est bien dommage d’en arriver là. S’il reçoit quand même le Label des spectateurs UGC, je n’y comprends plus rien. Mais là, ça serait quand même un peu « fort de café ».



 Rédiger Un Commentaire