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LA RELIGIEUSE

Au milieu du dix-huitième siècle, Suzanne a deux grandes sœurs mariées et n’est pas forcément intéressée par les hommes. On la contraint alors à prononcer ses vœux. Démarre alors une descente aux enfers…
Verdict:
Un film sans relief et sans vraies bonnes idées de réalisation. A force de rester sur un tel rythme, on finit un peu par s’ennuyer. Pourtant le propos aurait pu être fort et Pauline Etienne est une vraie découverte.
Coup de coeur:

Pauline Etienne

La date de sortie du film:

20.03.2013

Ce film est réalisé par

Guillaume NICLOUX

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Adapter aujourd’hui un roman de Diderot, qui plus-est une œuvre anticléricale, apparaitrait presque comme un acte artistique anachronique ou, en tout cas, quelque peu décalé. Il faut dire que l’exercice avait déjà été fait, il y a maintenant quarante-cinq ans, par un grand cinéaste nommé Jacques Rivette. Le film avait surtout fait parler de lui pour la censure qui lui avait été imposé et la longue polémique qui en avait suivi. A l’époque, cela avait un sens quasiment politique de s’attaquer ainsi à l’Eglise. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas, c’est le moins que l’on puisse dire, même si, visiblement, le réalisateur a eu du mal à trouver un couvent en France qui accepte qu’on y tourne certaines scènes et qu’il a dû se rendre en Allemagne pour trouver son bonheur. On peut donc se demander pourquoi Guillaume Nicloux, réalisateur plutôt habitué aux films policiers (et metteur en scène fin 2010 d’un film que je n’avais pas vu passer sur mes radars, Holiday), a décidé de s’atteler à cette tâche. Là n’est pas vraiment le problème et, en soi, cette histoire peut aussi être lue comme une ode à la liberté et au choix individuel, autant que comme une critique en règle de l’Eglise en tant qu’institution. Mais le problème, c’est que Guillaume Nicloux ne fait rien véritablement ressortir de son film qui s’avère être un objet assez plat et qui, peu à peu, perd de la force qu’il aurait pu avoir.

C’est dommage car le propos de Diderot, s’il a sans doute perdu de sa force dans une société de moins en moins marquée par le fait religieux, n’en reste pas moins décapant. En mettant en scène une jeune fille (elle n’a pas encore dix-huit ans) en proie à la fois à un doute intérieur mais surtout à une hiérarchie souvent terrible avec elle, Diderot posait de nombreux problèmes et notamment celui de la liberté et le rapport à la soumission. Suzanne n’a pas le choix de sa vie puisque ses deux sœurs sont mariées et que ses parents n’ont plus vraiment de quoi en marier une troisième. Mais, en plus, au début du film, on perçoit chez cette fille un désir d’aller vers Dieu. Celui-ci se transforme au fur et à mesure qu’elle vit dans un couvent dont elle pense au départ sortir assez vite. Je trouve que l’on ne voit pas assez la modification profonde dans l’esprit de Suzanne qui devient peu à peu réfractaire au couvent et à l’institution dans son ensemble, non par dégoût de Dieu mais bien par soif de liberté et par refus d’une forme d’enfermement. D’ailleurs, cette rébellion toujours présente, sous différentes formes, va la conduire dans un cycle infernal puisque les sœurs seront de plus en plus dures avec elles. A mon sens, c’est là que le film ne va pas assez loin dans la psychologie du personnage principal et laisse de la frustration chez le spectateur. Il y aurait sans doute eu moyen de creuser un peu plus profondément pour essayer de sonder véritablement les quelques contradictions de cette jeune fille. Pourtant, Pauline Etienne, l’interprète, est excellente et elle est pour moi une vraie découverte. Elle est un parfait mélange de force et de faiblesse mêlées.

La mise en scène est assez austère et, en un sens, correspond plutôt bien au propos, notamment avec une bande originale signée de Max Richter qui s’inscrit complètement dans l’ambiance générale. Mais il manque à la réalisation un petit quelque chose pour la faire sortir d’une routine dans laquelle elle s’enferme peu à peu. On a au bout d’un moment l’impression de voir beaucoup de scènes qui se ressemblent (ce qui n’est pas absurde en soi car c’est aussi le lot de la vie en couvent) mais surtout qui sont tournées de la même manière. Le tout est donc parfois un peu longuet car relativement linéaire. Aucune idée forte de réalisation n’émerge véritablement. Pourtant le scénario entraîne le personnage principal dans des types de tourments différents (mort d’une Mère supérieure très appréciée, haine de la suivante, amour d’une troisième) mais il y a une vraie continuité entre toutes ces étapes, de fait qu’elles se mélangent parfois un peu. La réalisation recèle aussi une sorte de paradoxe dans la manière de surligner le fait de montrer comment beaucoup de sentiments sont contenus chez Suzanne. En insistant beaucoup sur des scènes où elle se retrouve seule, il y a un côté un peu too much qui se fait jour. On perçoit bien les tourments intérieurs de la jeune femme mais c’est comme si, en les montrant de cette manière, le réalisateur s’exonérait un peu de véritablement les sonder et à force de suivre sans vraiment analyser le personnage, La religieuse rate une bonne partie de son réel intérêt. Et je le regrette sincèrement.



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