La Critique
Depuis plus de trois mois et son triomphe cannois, le nouveau film de Valérie Donzelli s’annonçait comme un des gros évènements de la rentrée cinéma. Je n’avais pas vu son film précédent (La reine des pommes) qui avait laissé des souvenirs assez mitigés aux différents critiques. Là, par contre, presque tout le monde a acclamé ce film. Il était donc temps d’aller le voir pour se faire une idée plus précise sur ce qui s’apparente à un des phénomènes de la rentrée. Et, honnêtement, le buzz est mérité puisque La guerre est déclarée est un excellent film.
Au départ, on peut se dire que le sujet est lourd (la maladie d’un enfant) mais, dès la première scène, on sait que l’enfant va survivre. L’enjeu n’est donc pas là, mais plutôt dans la façon dont le couple va surmonter les épreuves successives. En effet, ce n’est pas du tout un film sur la maladie, mais plutôt sur l’amour d’un couple face à cette maladie. Et c’est là la grande réussite de ce film : faire d’un sujet à la base plutôt compliqué un film qui se rapproche le plus souvent d’une forme de comédie, puisqu’on rit beaucoup. Mais l’émotion est aussi toujours présente, bien que la réalisation se garde bien de verser dans le pathos. En fait, on passe à quelques moments très rapidement du rire aux larmes. Tout est contenu et vu toujours de façon un peu détournée. Certaines scènes peuvent même paraître quelque peu hors-sujet (celle de la fête notamment), mais elles découlent de la même volonté du scénario et de la réalisation de se concentrer véritablement sur le couple. Certaines séquences sont donc là pour montrer que celui-ci a besoin de s’évader d’un quotidien qui n’est pas drôle.
Une vraie énergie sort de ce film. On ne s’ennuie jamais, notamment du fait que l’on s’accroche d’entrée à ces deux personnages principaux. Il faut dire aussi que la réalisatrice rivalise de trouvailles pour faire de son film une réussite. D’abord, certaines scènes sont tout simplement superbes (notamment l’annonce de la maladie ou celle de la réussite de l’opération), aucune séquence est identique à la précédente. Valérie Donzelli a un vrai don pour garder un rythme approprié avec des moments où tout s’accélère et d’autres où elle prend le temps, comme cette pause musicale au milieu. La chanson vaut ce qu’elle vaut (il faut le dire, ce n’est pas génial) mais cela a le mérite de casser une forme de routine qui aurait pu s’installer. La voix-off a un rôle très important dans ce film car celle-ci a deux objets : le premier est de créer une sorte de distanciation avec l’histoire qui, justement, évite au film le travers de la sensiblerie exacerbée ; le deuxième est de garder un rythme soutenu. Ainsi, quand certains passages pourraient être trop longs (et pas forcément utiles) à montrer, alors la voix-off permet de les accélérer et de garder une vraie dynamique. De fait, les cent minutes qui forment ce film passent à une vitesse folle, pris que nous sommes dans le rythme trépident des aventures de ce jeune couple tellement attachant.
L’autre grande réussite de la réalisatrice se situe au niveau du travail sur le son et notamment sur la musique. C’est rare de voir une bande son (pas une musique originale) aussi bien s’accorder au film, tout en restant très éclectique (de Bach à Yuksek, en passant par Morricone ou Peter von Poehl). C’en est même assez magique et il faut le souligner. Enfin, ce film apparaît comme un vrai hommage pour tout le service médical français, et c’est assez rare pour être mentionné.
REVU LE 08/09/2011