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TimFaitSonCinema
15 / 20  (2)

J. EDGAR

Au crépuscule de son existence, au début des années 70, John Edgar Hoover, fondateur et directeur du FBI depuis presque 50 ans, se retourne sur sa vie professionnelle, mais aussi sur sa vie privée.
Verdict:
Un film formellement pas loin d’être parfait mais qui souffre d’une construction et d’un scénario qui ne sont pas forcément à la hauteur. Dommage même si ça reste tout de même assez fort.
Coup de coeur:

La photographie

La date de sortie du film:

11.01.2012

Ce film est réalisé par

Clint EASTWOOD

Ce film est tagué dans:

Biopic

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 La Critique


Cela commence à faire un moment que le début d’année est marqué par la sortie d’un nouveau film d’Eastwood qui produit maintenant autant que Woody Allen, ce qui n’est pas peu dire… Mais, depuis trois ans et Gran Torino, Clint Eastwood semble sur une pente quelque peu glissante : Invictus n’était pas mauvais, loin de là, mais décevait tout de même alors qu’Au-Delà, malgré quelques bons passages, était le film le plus médiocre d’Eastwood depuis très longtemps. A l’annonce de ce projet de film sur Hoover, une figure mythique de l’histoire américaine, je me disais que J. Edgar pourrait constituer le symbole d’un renouveau du réalisateur. Le sujet semblait en tout cas lui convenir beaucoup plus que le film précédent. Mais alors, qu’en est-il ? Ce film m’a laissé bien plus pantois qu’autre chose. Et presque deux jours plus tard, je ne sais toujours pas trop quoi en penser…

J. Edgar est pour le moins un film dense, sans doute trop, nous y reviendrons. Eastwood s’attaque de manière assez frontale à un homme qui a marqué l’histoire américaine de la fin de la première guerre mondiale jusqu’au début des années 1970. John Edgar Hoover a fondé ce qui deviendra le FBI, en mettant en place tout un système de fichage beaucoup plus « scientifique » et en recrutant des hommes experts dans tous les domaines nécessaires aux enquêtes. C’était aussi un personnage assez trouble, adepte des écoutes illégales et qui a notamment constitué des dossiers plus ou moins compromettants sur toutes les personnes importantes du pays. Eastwood décide donc de s’intéresser à l’œuvre mais aussi à la vie de ce dernier, sur une période de plus de 50 ans, rien que ça !! Et c’est là que le bât blesse en grande partie.

Raconter un demi-siècle de la vie de quelqu’un qui a toujours été au cœur du système, dans un pays en pleine mutation, était sans doute une ambition bien trop forte en un temps de 2h15. Beaucoup d’éléments ne sont pas assez creusés, tant dans les aspects publics que privés du personnage. Il y a des ellipses parfois beaucoup trop importantes. Celles-ci font perdre un peu de sens à la compréhension du personnage dans sa globalité. A d’autres moments, il y a des dialogues un peu longs dont on ne voit pas forcément le réel intérêt. Des aspects importants historiquement (quel lien a eu Hoover avec la mafia ? quelle relation a-t-il entretenu avec les différents présidents ?) sont évacués, ce qui est aussi un peu gênant. Avec un tel personnage, il y a possibilité de faire un film sur des aspects très précis, sans que cela perde de l’intérêt mais ce n’est pas la voie choisie ici. Par contre, Clint Eastwood n’a pas peur de se confronter à ce qui fait un peu la « légende » de Hoover : sa présumée homosexualité. Si celle-ci n’a jamais été prouvée, Eastwood choisit de la montrer dans toute son ambiguïté, et c’est plutôt pas mal fait. J. Edgar est finalement un film qui parle de l’Amérique dans son ensemble à travers un homme mais aussi d’un homme à travers l’évolution de ce pays. Sans doute un programme bien trop vaste en si peu de temps.

Ce problème est renforcé par la construction globale du long métrage qui est, selon moi, quelque peu bancale. En fait, pendant tout le film, il raconte son histoire pour que celle-ci soit écrite. Cela donne des allers-retours assez fréquents entre passé et « présent », qui permettent de garder un certain rythme, c’est sûr, mais qui sont souvent sources de plus de confusions qu’autre chose. Parfois, on ne sait plus bien où on en est réellement et c’est un peu embêtant. On a toujours l’impression qu’il manque quelque chose qui aurait pu servir de fil conducteur à tout le scénario : une relation, un évènement ou tout simplement un trait de personnalité auraient pu constituer ce fil rouge. Cela vient forcément de la volonté globalisante du scénario qui ne choisit pas réellement un angle d’attaque précis mais essaie plutôt de cerner le personnage dans toute sa complexité. Par contre, ce qu’on peut dire, c’est que, formellement, ce long-métrage est assez impressionnant. On sent vraiment qu’Eastwood maîtrise tout à la perfection et son film est assurément réussi de ce point de vue-là. La photographie est particulièrement magnifique. L’image est presque en noir et blanc et on a toujours l’impression d’un filtre qui masque les couleurs.

Beaucoup de gens disent que le film vaut en grande partie pour l’interprétation de DiCaprio. Personnellement, je le trouve plutôt bon, c’est certain, mais je ne trouve pas non plus la performance d’acteur exceptionnelle. Il gagnera sans doute l’Oscar du meilleur acteur dans un mois et demi et ça sera mérité pour l’ensemble de sa carrière, mais j’ai du mal à vraiment accrocher à ce rôle, je ne sais pas vraiment pourquoi. Le fait de réussir à le faire jouer le même personnage sur presque 50 ans est par contre assez fort, même si je trouve que, sur les vingt premières années de sa vie, on ne voit pas du tout assez de changements physiques, ce qui engendre parfois quelques confusions. Cela vient aussi de la construction pas toujours claire dont nous avons pu parler. Tout cela pour dire que ce film m’a tout de même laissé quelque peu interloqué et que j’ai encore du mal à réellement l’évaluer. C’est vraiment le type de long-métrage qui mériterait un second visionnage pour l’apprécier dans sa totalité et pouvoir en saisir tous les aspects. Si je trouve un peu de temps, je n’y manquerai pas. Clint mérite quand même bien ça…


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mht 16.01.2012, 18:10

Je n'irai pas voir ce film mais quelle critique, précise et argumentée ! Pour quelqu'un qui ne savais que penser du film, chapeau !
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mht 16.01.2012, 18:11

erreur de ma part, " pour quelqu'un qui ne savait pas ..."
je suis un peu perturbée, mes excuses !


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