La Critique
Un film assez étrange qui a une originalité très importante, surtout dans une époque où les films sont de plus en plus calibrés par un genre ou pour un public (ce qui peut parfois ne pas être plus mal) : le fait de passer en quelques secondes de la comédie la plus pure à des moments bien plus dramatiques et intimistes. La relation entre les deux personnages principaux est notamment basée sur ce principe puisqu'on évolue toujours entre les deux registres. Une scène est particulièrement révélatrice de tout l'esprit qui anime le film : celle de la danse en cellule, image superbe de l'ombre des deux protagonistes enlacés, au son d'une musique de plus en plus couvert par les insultes des gardes à l'encontre de leur voisin de cellule.
De plus, il est intéressant de voir comment le problème du SIDA est traité dans ce long métrage : jamais éludé, il est à la fois point de départ d'un drame mais aussi d'un épisode vaudevillesque. Finalement, c'est là que réside la principale force de ce film et c'est ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais : une sorte de liberté de ton qui permet de passer extrêmement rapidement entre deux registres, sans que cela ne choque.
Mais, pour réussir ce qui peut s'apparenter ici à un tour de force, il fallait au moins un acteur capable de jouer sur les deux registres et Jim Carrey est la personne la plus appropriée. En effet, s'il est toujours très drôle dans certaines mimiques ou postures, il possède une incroyable faculté à changer très vite de tête (une « plasticité étonnante du visage » diront certains) et offrir des scènes bien plus dramatiques en un quart de seconde. Ewan McGregor, son compère dans le film, a, lui, un rôle moins difficile mais dont il s'accommode avec sobriété. Certaines trouvailles de réalisation (dont une scène dont je n'ai toujours pas compris comment elle avait pu être réalisée) renforcent l'impression que, pour une première réalisation, les deux scénaristes du film ont plutôt réussi leur coup.