La Critique
Un nouveau film de Roman Polanski est forcément un évènement et Carnage n’échappe pas à la règle : il fait donc partie des films à aller voir, sans forcément trop se poser de questions. De plus, le casting me faisait vraiment envie avec deux acteurs et deux actrices de grande qualité. Par contre, ce qui me chiffonnait un petit peu avant la séance, c’est le fait que ce film est directement adapté d’une pièce de théâtre, Le Dieu du Carnage, écrite par Yasmina Reza (co-scénariste du film d’ailleurs). C’est toujours quelque chose qui m’inquiète car, d’après moi, le cinéma est justement fait pour sortir des contraintes formelles du théâtre. Mais, après tout, avec un réalisateur comme Polanski, on se dit que tout est possible. Mais, malheureusement, si le film n’est pas malhonnête, il n’arrive jamais à dépasser cet écueil.
Le théâtre et le cinéma sont deux arts différents, selon moi assez dur à réconcilier, surtout dans une adaptation si proche du texte. Dans le premier, la parole a une importance toute particulière et même décisive. Carnage est ainsi un vrai film de dialogues, forcément. Et ceux-ci sont plutôt réussis, notamment dans la façon dont les « couples » se recomposent peu à peu. Parfois, les deux femmes sont d’accord entre elles contre les hommes, parfois, c’est un couple contre un autre… Bref, pendant toute la durée de ce huis-clos, les opinions changent assez rapidement et ça, c’est plutôt bien montré. Les conversations et les situations sont souvent à la fois tranchantes et drôles. Après, de mon opinion, c’est un film qui ne dépasse jamais le simple fait de l’anecdote ou de la péripétie.
La réalisation est très correcte – Polanski n’est pas un manche – mais n’arrive jamais non plus à dépasser l’aspect « théâtre » du film. Le réalisateur réussit tout de même à faire monter une sorte de pression autour des quatre personnages, au fur et à mesure que le film avance. Il est aussi aidé par de très bons acteurs, notamment Christoph Waltz, excellent ici, et qui peut donner sa pleine mesure dans ce rôle. Au final, il n’y a vraiment pas grand-chose à dire de plus sur un film qui ne restera pas dans les annales, si ce n’est qu’une et quart est une durée tout de même très limite pour un long-métrage. En même temps, un tel film basé exclusivement sur une pièce de théâtre ne peut pas durer beaucoup plus longtemps. Il faut donc s’interroger sur la pertinence de l’adaptation. Et là…