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TimFaitSonCinema
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À MOI SEULE

Gaëlle est libérée par Vincent, l’homme qui l’enfermait depuis huit ans. Mais, alors que le monde s’ouvre de nouveau à elle, Gaëlle doit réapprendre à vivre sans celui qui était son « tout ».
Verdict:
Sur un sujet vraiment pas évident, Frédéric Videau s’en sort particulièrement bien. Un film puissant porté par un duo de jeunes acteurs très performants.
Coup de coeur:

Le duo d’acteurs

La date de sortie du film:

04.04.2012

Ce film est réalisé par

Frédéric VIDEAU

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Frédéric Videau est un réalisateur et scénariste un peu inconnu du bataillon, il faut bien le dire. De fait, il n’avait rien fait depuis plus de huit ans. Il revient donc avec un film au sujet de prime abord assez compliqué et ardu. Il s’inspire en effet d’un fait divers qui a marqué l’Europe ces dernières années : la détention pendant huit ans (un hasard ??) de Natascha Kampusch par un homme qui l’a séquestré dans une cache aménagée chez lui, sans lui laisser la possibilité de s’échapper. Il y a là-dedans une grande part d’horreur, mais aussi de nombreuses zones de mystère. Ici, cette histoire sordide n’est qu’une idée de départ puisque le réalisateur ne cherche pas du tout à raconter cette affaire de façon réaliste mais plutôt à essayer d’en comprendre les mécanismes principaux, que ce soit lorsque la jeune fille est en captivité mais aussi, et c’est peut-être là le plus intéressant, lorsqu’elle est libérée. Pour cela, il replace dans la France d’aujourd’hui une situation qui, de toute façon, est assez tragiquement intemporelle. À moi seule montre en tout cas une façon très intelligente de traiter une histoire connue en la « réinventant ». Et cela donne vraiment un bon film.

Ce qu’il faut dire d’emblée, c’est qu’une des grandes forces de ce long métrage est la façon dont il est construit. On voit toujours à la fois ce qui se passe pour cette jeune fille après s’être délivrée de l’emprise de cet homme mais aussi cette période où elle était contrainte de rester chez lui. Les deux se répondent toujours de façon très intelligente puisqu’on découvre peu à peu certains éléments grâce à l’enchaînement de ces séquences. Ce lien montre aussi la façon dont le personnage central féminin est marqué de façon indélébile par ce qui lui est arrivé. Parce que, ce qui est particulièrement terrible dans ce film, c’est que, peu à peu, on a l’impression que, dans les faits, cette jeune fille était presque plus « libre » chez son ravisseur que dans une nouvelle vie qu’elle n’appréhende pas correctement et où elle a l’impression que personne (ni même ses parents) ne sont en mesure de la comprendre. Cela est du aussi à l’absence de jugement que porte le film sur cette situation. La relation entre le bourreau et sa victime est montrée à différents stades mais elle est toujours empreinte d’une certaine ambigüité, parfois terrible à voir. C’est cela qui donne une vraie puissance à ce film puisque, lors de certaines séquences, cela atteint un tel point que ça en devient presque dérangeant.

Du point de vue de la réalisation, il y a une vraie volonté d’un certain de dépouillement de la part de Frédéric Videau. Il n’y a pas de chichis, rien n’est vraiment laissé au hasard mais il n’y en a jamais trop. Il prend néanmoins le temps de filmer ce qu’il ressent le besoin de montrer pour faire comprendre son message. On sent chez lui un désir de ne jamais s’écarter de son sujet de départ, de ne pas dévier sur autre chose qui pourrait altérer la force de tout le film. Il évite ainsi de nombreux pièges. Le réalisateur peut aussi s’appuyer sur un couple d’acteurs assez impressionnant, deux « révélations » qui signent avec ce film leur vraie entrée dans l’âge adulte du cinéma. Agathe Bonitzer est assez impressionnante dans la façon de montrer le détachement par rapport à ce que son personnage vit mais aussi la froideur qu’elle a par rapport à ceux qui l’entourent après sa libération. Son bourreau, lui, est magnifiquement interprété par Reda Kateb, déjà repéré dans Un Prophète et qui arrive à rendre toutes les émotions et tous les sentiments qui passent dans la tête de cet homme qui ne sait plus trop se situer, au bon d’un moment, par rapport à cette jeune fille qui est devenue plus qu’une prisonnière. Un duo d’acteurs au sommet pour un drame singulier.



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