Toggle navigation
TimFaitSonCinema
14 / 20  (0)

38 TÉMOINS

Louise rentre d’un déplacement et se rend compte que la rue où elle habite a été le lieu d’un crime. Personne n’a rien vu ni entendu, même son fiancé, qui dit ne même pas avoir été là. Mais celui-ci va finalement se confier et avouer avoir entendu un cri…
Verdict:
S’il y a quelques longueurs pas forcément très utiles, le long-métrage reste tout de même plutôt intéressant. 38 Témoins est surtout un film au propos vraiment fort.
Coup de coeur:

La séquence de la reconstitution

La date de sortie du film:

14.03.2012

Ce film est réalisé par

Lucas BELVAUX

Ce film est tagué dans:

Drame

Chargement...


 La Critique


Le tandem Lucas Belvaux-Yvan Attal revient après Rapt, un film plutôt intéressant sur la façon dont un baron de l’industrie était pris en otage puis « revenait à la vie ». Là encore, pour 38 témoins, le réalisateur s’intéresse à un sujet que l’on pourrait qualifier de « social », puisqu’il s’agit de la façon dont réagissent les habitants d’un quartier par rapport à un meurtre, et notamment l’un d’entre eux, qui va se démarquer de tous les autres afin d’avouer ce qu’il a entendu, et que tous les autres ne peuvent pas ne pas avoir entendu de même. Thème assez original, mais qui semble aussi plutôt compliqué au premier abord à traiter au cinéma. Lucas Belvaux s’en tire plutôt bien puisque le film est prenant et surtout, remue le spectateur et lui fait se poser des questions plutôt fortes autour du thème du mensonge et de l’indifférence par rapport à un drame.

Ce drame, c’est un meurtre que le réalisateur ne nous montre pas. De même, assez vite, l’enquête semble bloquée puisque personne n’a rien vu. Mais un homme va décider de se mettre en face de ses propres responsabilités et avouer sa lâcheté. Oui, il a entendu des cris et oui, il n’a rien fait alors que la victime aurait pu être sauvée. Cette constatation va changer sa vie, notamment dans sa relation avec sa compagne. Celle-ci cherche à le comprendre et à l’aider mais plus rien n’est possible. Il y a aussi une journaliste qui va révéler le scandale dans toute sa cruauté, renseignée par un policier : cet homme n’est pas le seul à avoir entendu mais personne n’a rien fait. C’est toutes ces relations qui vont finalement nous être données à voir, mais aussi la réaction du quartier vis-à-vis de celui qui a relancé l’enquête et qui met donc tout le monde en difficulté.

Le rythme instauré à tout le long métrage est assez bizarre. De fait, il n’y a pas grand-chose à dire et on a parfois l’impression que le réalisateur rallonge un peu la sauce de façon artificielle avec des séquences pas forcément utiles, notamment par rapport au travail du personnage principal, qui est pilote de bateaux dans le port du Havre. C’est surtout le cas dans toute la première partie du film qui, honnêtement, aurait pu un petit peu être raccourcie pour plus insister sur les conséquences des aveux de ce personnage principal. Mais c’est aussi une ambiance qui est instaurée dans ce film, notamment grâce à une musique simple mais de qualité, où deux thèmes accompagnent les personnages et leurs actions. Sinon, la réalisation est particulièrement sobre, sans grands effets. Mais, pour un tel sujet, c’est sans doute ce qu’il fallait faire.

Ce qui est assez marquant dans ce film, c’est la façon dont il prend le spectateur à témoin du drame qui s’est joué : pas le meurtre en lui-même, que l’on ne verra jamais et qui est finalement secondaire, mais celui que 38 personnes n’aient rien fait et que tous ces gens aient menti à propos de ce qu’ils avaient vu ou entendu cette nuit-là. Face à cette incompréhension, on se pose forcément nous-mêmes des questions sur notre propre attitude dans ce genre de cas mais aussi sur la lâcheté humaine. C’est particulièrement le cas lors de la scène assez terrible de la reconstitution : les masques tombent et tous les témoins se retrouvent face à leurs responsabilités. Lucas Belvaux a, là, une vraie maitrise pour prendre son temps et montrer vraiment les réactions de chacun face au dégoût d’eux-mêmes. Vraiment très impressionnant. On ne ressort donc pas indemne de la séance, et c’est déjà une véritable force d’un film qui, partant d’une idée assez complexe, réussit à développer un propos fort, qui marque. Le cinéma n’est pas toujours là pour cela, mais quand c’est fait comme cela de façon intelligente, on ne peut que s’en réjouir.



 Rédiger Un Commentaire