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TimFaitSonCinema
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SAMBA

Samba Cissé est d’origine sénégalaise et vit en France depuis dix ans. Il se retrouve en centre de rétention et fait la rencontre d’Alice, cadre supérieur en pleine dépression, bénévole dans une association pour sans-papiers. Ces deux destins si différents et en proie à leurs propres difficultés vont tenter de s’apprivoiser dans un monde qui ne fait de cadeaux à personne…
Verdict:

C’est encore l’histoire de deux personnes que rien n’aurait dû réunir mais qui, assez vite, ne peuvent plus rien faire l’un sans l’autre, mais l’environnement est bien plus sombre ici avec un arrière-plan social et politique plus prononcé. Moins convaincant qu’Intouchables mais ça reste quand même une comédie réussie. Plutôt dans le haut du panier.

Coup de coeur:

Charlotte Gainsbourg

La date de sortie du film:

15.10.2014

Ce film est réalisé par

Eric TOLEDANO Olivier NAKACHE

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Quand on sort d’un succès aussi dingue que celui d’Intouchables, ça ne doit pas forcément être facile de se remettre au travail. C’est pourtant ce qu’ont décidé de faire Eric Toledano et Olivier Nakache qui, à la fin de l’année 2011, avaient surpris tout le monde (eux y compris, sans doute) avec la réussite de leur long métrage. Presque 20 millions d’entrée en France (et 9 millions en Allemagne…), dix semaines consécutives à la première place du box-office, des nominations à ne plus savoir qu’en faire (pour un seul trophée d’importance : le César du meilleur acteur pour Omar Sy). Plus qu’un film, Intouchables est devenu pendant un temps un véritable phénomène de société, dont on parlait un peu partout (et un peu n’importe comment, d’ailleurs). Personnellement, j’avais trouvé ça dément, car, au-delà de la performance exceptionnelle de François Cluzet et Omar Sy, les réalisateurs parvenaient très bien à parler d’un sujet pas forcément drôle dans une comédie qui, elle, pour le coup, valait vraiment le détour. Et je suis d’autant plus à l’aise pour le dire que j’avais fait ce jugement après l’avoir vu en avant-première trois semaines avant qu’il ne sorte sur les écrans et que l’on ait presque plus le droit de dire que ce film était bon sous peine de passer pour un suiveur… Presque trois ans plus tard, revoilà les deux compères qui, avant ce film, s’étaient tout de même taillés une réputation de très bons faiseurs de comédie (Nos jours heureux, Tellement proches). Avec une pression forcément énorme sur les épaules, d’autant qu’Omar Sy est encore de la partie (en même temps, il a toujours joué dans leurs films). Forcément, toute critique peut difficilement s’effectuer sans comparer avec leur précédent long métrage. J’essaierai de ne pas le faire mais c’est plus qu’humain et c’est aussi ce qui attend Toledano et Nakache toute leur vie après un tel succès (ça en a même coulé certains)… Dans l’absolu, on peut dire que les deux réalisateurs s’en sortent plutôt pas trop mal car ils réussissent à faire un bon film, loin d’être parfait mais qui séduit quand même largement.

 

Evacuons donc d’entrée cette question de comparaison avec Intouchables, tout de même loin d’être inintéressante car ils ont finalement fait avec Samba un long métrage qui ressemble un peu dans sa structure et sa trame générale (deux destins que tout oppose qui se rencontrent et essaient de s’apprivoiser, nous y reviendrons) mais qui est finalement assez différent car beaucoup moins porté sur la comédie mais bien plus social et politique. D’ailleurs, la première scène est assez édifiante et je l’ai trouvé assez formidable (au-delà du fait que l’on entende du Parov Stelar, ce qui est toujours agréable) : en trois minutes et un seul plan (on suit en fait une pièce montée), on passe des paillettes d’un mariage où il y a visiblement beaucoup d’argent aux arrières salles du restaurant où on retrouve Samba en train de faire la plonge, tout cela alors que la musique s’estompe. C’est peut-être un peu caricatural ou complaisant sur le principe mais c’est une très bonne façon de rentrer dans le sujet et c’est cinématographiquement assez fort. Passée cette entrée en matière réussie, on tombe malheureusement dans une mise en contexte un peu trop plan-plan et qui manque de beaucoup d’originalité puisqu’on assiste à la rencontre entre Samba et Alice, dans le cadre d’un centre de rétention et qu’on comprend très vite que la relation entre eux ne va pas être seulement « professionnelle » (malgré les nombreuses mises en garde de la jeune collègue d’Alice). Samba et Alice, ce sont deux faiblesses bien différentes qui se rencontrent et qui, d’une certaine manière, vont se compléter, s’entraider et finalement réussir à s’en sortir ensemble. Malgré leurs différences de statut social, ces deux personnes vont avoir besoin l’une de l’autre pour s’épanouir, sortir de leur solitude, et vivre, tout simplement. Ainsi, on est tout à fait dans la même idée générale qu’Intouchables, même si, ici, il y a tout de même la  dimension amoureuse qui entre en ligne de compte. Et c’est cela qui est à la fois rassurant (car Toledano et Nakache maitrisent plutôt bien ces rencontres improbables et, une nouvelle fois, la vérité sur la relation se fait dans un café, alors qu’il fait nuit noire dehors) mais aussi un peu dérangeant, parce que la comparaison est encore plus évidente.

 

Mais là où leur précédent film tirait clairement du côté du feel-good movie (même parfois de façon trop marquée, mais c’est aussi ce qui faisait son charme), Samba lorgne plus sur la comédie sociale, avec son côté davantage sombre. En effet, il y a ici une vraie recherche de réalisme, parfois un peu trop poussée (je ne sais pas vraiment quoi penser de l’accent d’Omar Sy pendant tout le film) mais qui permet surtout de montrer une réalité : celle des sans-papiers et leur manière de survivre. Ainsi, toutes les scènes de travail (on voit à peu près tout ce que peut faire un ouvrier au noir) sont particulièrement intéressantes car c’est là que l’on observe réellement tous les soucis qu’ils peuvent avoir. Mais peut-être le film ne va pas assez loin dans cette veine, en revenant presque invariablement à la comédie et avec une scène drôle ou un bon mot pour s’en sortir, comme si les réalisateurs n’arrivaient pas totalement à assumer leurs choix un peu plus radicaux. C’est par exemple le cas de cette scène de striptease sur une nacelle, qui m’a un peu gêné car bien trop décalée pour être honnête. C’est davantage amusant quand ça s’inscrit dans une vraie crédibilité. Les personnages sont aussi dans l’ensemble trop caractérisés et manquent donc un peu de crédibilité. C’était déjà le cas dans Intouchables mais je trouve que cela passait mieux. Pourtant les acteurs sont tous bons avec une petite mention spéciale pour Charlotte Gainsbourg que j’ai trouvée particulièrement convaincante ici. Un dernier souci avec la musique de Ludovico Einaudi (même si j’adore ce que fait ce pianiste italien) car, utilisée comme elle l’est dans le film, elle est clairement too much tant elle balise trop clairement ce que le spectateur est censé ressentir. C’est en étant sans doute plus ambitieux, sans toutefois totalement assumer leurs choix, que Toledano et Nakache font de ce Samba une moins bonne réussite que leur film précédent même si ça reste tout à fait correct et très drôle par moments. 



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Hervé 18.11.2014, 19:43

Oui c'est moins convaincant qu'Intouchables et surtout beaucoup trop politiquement correct sur les sans-papiers (incarnés par un Omar Sy extrêmement sympathique) et finalement très lisse.
Reste un film qui se laisse voir mais sans relief car, en définitive, aucune des 2 approches (comédie et drame social) n'est vraiment réussie.


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