Toggle navigation
TimFaitSonCinema
13 / 20  (1)

GEMMA BOVERY

Martin Joubert, ancien éditeur à Paris et fan de littérature française, est revenu dans sa Normandie natale pour reprendre la boulangerie familiale. Lorsqu’un couple d’Anglais s’installe à côté de chez lui, c’est sa vie qui est bouleversée, d’autant que leurs noms – Gemma et Charles Bovery – lui rappellent forcément le classique de Flaubert. Il va alors voir dans leur vie une sorte d’adaptation grandeur nature du roman…
Verdict:

S’il n’y avait pas Fabrice Lucchini pour faire un show dont il a le secret, ce Gemma Bovery serait bien moins réjouissant et apparaitrait presque fade. En effet, à partir d’une idée de départ plutôt sympathique, la mise en images manque de tout (de rythme, de folie et de mordant) pour que le film puisse être plus qu’une aimable comédie, facilement oubliable… 

Coup de coeur:

Fabrice Lucchini

La date de sortie du film:

10.09.2014

Ce film est réalisé par

Anne FONTAINE

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

Chargement...


 La Critique


Après sa petite escapade australienne (Perfect mothers) pas si désagréable, même si j’avais trouvé la réalisation un peu légère au final, voilà qu’Anne Fontaine revient en France pour réaliser son quatorzième film. Et cela en à peine plus de vingt ans, ce qui montre bien sa capacité à produire assez rapidement ses longs métrages. Pourtant, une nouvelle fois, elle ne part pas d’un scénario original (alors que c’était l’une de ses spécialités) mais elle choisit plutôt d’adapter (avec Pascal Bonitzer) un roman graphique (nom un peu pompeux donné à une bande dessinée pour adultes) écrit par Posy Simmonds. Et celle-ci n’est pas une inconnue dans le monde du cinéma puisque l’une de ses autres œuvres avait déjà été mise à l’écran, cette fois par Stephen Frears. Il s’agissait de Tamara Drewe, critique assez acerbe de la société rurale anglaise, avec un humour et une vachardise assez réjouissants. Et ce qui est peut-être le plus amusant, c’est que, déjà là, c’est Gemma Arterton qui jouait le rôle titre du film. D’ailleurs, le rapport entre Tamara Drewe et Gemma Bovery ne se limite pas à la seule présence de cette actrice anglaise ou d’un titre au style identique puisque, dans l’ensemble, l’idée de départ et la trame se ressemblent assez nettement avec le même genre de personnage féminin qui, en arrivant, bouleverse tout un équilibre visiblement établi depuis longtemps. Alors que c’était tout un village dans la première bande dessinée adaptée (qui est pourtant la plus récente…), c’est dans Gemma Bovery un homme qui va principalement voir sa vie bouleversée par ce couple et surtout par cette jeune femme qui lui rappelle bien trop le grand classique de Flaubert. Idée de départ amusante et intéressante. Le casting, rencontre entre l’actrice anglaise qui monte et un Fabrice Lucchini toujours très à l’aise dans ce genre de rôles, promettait lui aussi beaucoup. Bref, Gemma Bovery avait tous les arguments pour séduire. Mais, malheureusement, si on passe un bon moment devant ce long métrage, il n’y a vraiment pas de quoi en dire beaucoup plus.

 

On peut vraiment dire de ce film qu’il est « sympathique » avec tout ce que cela comporte de sous-entendus. En effet, l’intrigue générale se tient à peu près (à quelques incongruités près), c’est drôle par moments, et le twist final n’est pas dénué d’intérêt. De sorte que l’on ne s’ennuie jamais véritablement mais, en même temps, on n’est à aucun moment captivé ou entrainé véritablement dans cette histoire. On la regarde de loin, un peu comme Martin qui observe toujours d’un coin de l’œil ce qui se passe chez ses nouveaux voisins afin de confirmer sa théorie « Bovery = Bovary ». Pourtant, dans cette façon de croiser la vie réelle et la fiction de Flaubert, il y avait là un terrain de jeu vraiment intéressant mais le scénario semble toujours vouloir en revenir à des choses très simples et assez caricaturales. C’est par exemple le cas dès que le rapport au corps de Gemma Bovery est évoqué puisque la réalisation en fait des tonnes autour de l’attirance qu’elle provoque sur tous les hommes (certaines scènes tournent même au grotesque). De même, dans la construction, le fait que le scénario soit tiré d’une bande dessinée apparait trop nettement car c’est une succession de vignettes qui montrent, chacune, un aspect bien précis. A aucun moment, la réalisatrice cherche à aller beaucoup plus loin que l’idée de départ alors que l’on sent clairement qu’en prenant un peu plus de risques dans sa réalisation et dans son scénario, il y avait matière à faire beaucoup mieux. C’est par exemple vrai dans la façon dont sont traités les personnages secondaires, bien trop neutres ici (nous y reviendrons). Quelque chose de plus acerbe n’aurait pas été de trop et aurait donné à Gemma Bovery un aspect moins « plat ». C’est justement là que Stephen Frears était intéressant dans Tamara Drewe.

                                                                                                                          

Clairement, le film a été écrit en (grande) partie pour Fabrice Lucchini, à tel point que, à certains moments, ce n’est plus vraiment le personnage (au demeurant assez peu crédible) d’ancien bobo retiré dans sa boulangerie que l’on voit devant nous mais bien le Fabrice Lucchini qui fait un show pas possible dès qu’il se trouve sur un plateau télé avec ses références littéraires et son phrasé si particulier. Personnellement, j’adore son jeu et j’y trouve toujours un grand plaisir donc je serais bien en peine de me plaindre mais, tout comme dans Alceste à bicyclette (qui faisait un peu de la même façon référence à un grand auteur, en l’occurrence Molière), sa présence a tendance à cannibaliser le film qui tourne alors tout entier autour de lui. D’ailleurs, ici, tous les autres acteurs ont l’air un peu effacés, que ce soit volontaire (les deux maris anglais sont complètement inexistants) ou non. C’est notamment le cas pour une Gemma Arterton qui semble ne jamais arriver à véritablement se placer dans un rôle il est vrai assez compliqué à appréhender car, finalement, cette Gemma qu’elle joue n’est pas vraiment au cœur du propos mais apparaît plutôt comme celle autour de laquelle Martin va inventer une sorte d’histoire parallèle. Ses réelles intentions ou ce qu’elle pense vraiment ne sont jamais traités avec beaucoup d’intérêt et c’est un peu dommage car il y avait sans doute-là matière à aller plus loin et à proposer autre chose (encore ce manque de prise de risque ou d’initiative, c’est selon). Les autres seconds rôles sont bien trop caricaturaux (Elsa Zylberstein en nouvelle riche horripilante par exemple) pour avoir un réel intérêt. Tout cela fait finalement de ce film un objet pas désagréable sur le principe mais pour lequel on sent que ça aurait pu être (un peu) mieux. Alors, forcément, ça rend un peu chafouin… 



Avatar Gravatar

Hervé 21.10.2014, 20:05

Oui un film sympathique même si je peux ajouter que quelques semaines après sa vision, il n'en reste rien.
Pour ma part, Gemma Bovery fait clairement partie des déceptions de la rentrée (malgré la présence de Luchini, c'est dire si le reste est trop light et lisse).


 Rédiger Un Commentaire