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COUPE DU MONDE 2014 : DEMI-FINALES - BILAN GLOBAL

 L'Article


Demis

C’est enfin l’heure des demi-finales, alors qu’il ne reste plus que quatre équipes, (censées) être les meilleures de la compétition. Pour cette édition, on est gâté avec quatre très grands pays de football qui, chacun, ont connu leurs heures de gloire en Coupe du Monde (même si les Pays Bas n’ont jamais réussi à remporter le trophée). Deux confrontations qui sont des remake de finales et qui font saliver le spectateur que l’on est. En plus, c’est la fin des matchs à 13h au Brésil, ceux qui nous faisaient souvent vivre des parties d’une moindre intensité. Maintenant, plus d’excuses et place au beau jeu…

Et ce qui est assez fou, c’est la différence entre les deux matchs puisque si l’un restera éternellement dans les mémoires alors que, de l’autre, on ne se souviendra de presque rien si ce n’est du nom du vainqueur. Retour sur deux demi-finales si opposées.


Demi 1

Aussi étrange que cela puisse paraître entre deux pays qui ont marqué l’histoire de la Coupe du Monde (avant ce match, il s’agit des deux recordmans de finales, avec sept chacun),  c’est seulement la deuxième fois qu’ils s’affrontent dans cette compétition. Et c’était il n’y a pas si longtemps puisqu’il s’agit de la finale de l’édition 2002 pour une victoire brésilienne 2-0 (doublé de Ronaldo). Pourtant, c’est un choc énorme entre deux sélections qui semblent monter en puissance au cours de cette compétition.

Un moment d’histoire, tout simplement

Il y a certains matchs dont les personnes plus âgées nous reparlent avec des étoiles dans les yeux tant elles sont devenues à travers les âges absolument mythiques. Il y a la finale de 54 où l’invincible Hongrie avait fini par perdre 3-2 face à l’Allemagne de l’Ouest. Il y a aussi la demi-finale Italie-RFA, achevée sur le score de 1-1 après 90 minutes avant que, une demi-heure plus tard, les Italiens l’emportent 4-3. Dans cette liste, on trouve aussi la mémorable demi-finale entre la France et l’Allemagne de l’Ouest en 1982 (on en a suffisamment parlé ces derniers jours). A partir du 8 juillet 2014, il y aura à jamais cette demi-finale entre le pays organisateur, le Brésil et l’Allemagne (toujours dans les bons coups). En effet, regarder ce match, c’était assister à un moment unique, à une page d’histoire et à un désastre national, tout cela en moins de deux heures. Magie et cruauté du football réunies dans ces instants qui marquent à jamais. Le Brésil qui comptait sur cette Coupe du Monde pour exorciser les vieux démons de 1950 (défaite face à l’Uruguay) a sans doute vécu là le « jour le plus triste de son histoire » (c’est la presse qui le dit) avec une humiliation en mondovision. C’est le plus gros écart lors d’une demi-finale, c’est la plus grosse défaite du Brésil en Coupe du Monde, c’est tout plein d’autres choses, mais c’est surtout un match totalement surréaliste et extra-ordinaire. Mais comment a-t-on pu en arriver là ?

Une véritable démonstration

Ce qui est le plus étonnant, c’est que les Brésiliens, sans leur star offensive (Neymar, blessé) et leur pilier défensif (Tiago Silva, suspendu) avaient plutôt bien entamé leur match avec un pressing très haut, une pression de tous les instants et une volonté réelle de mettre de l’impact dans les duels. Un peu surpris, les Allemands reculaient même assez vite. Mais le souci, c’est que cette façon de jouer ne dura que six ou sept minutes tout au plus, le temps que la Mannschaft s’adapte et que, surtout, le trident au milieu de terrain (Khedira-Schweinsteiger-Kroos) prenne la main et asphyxie la pauvre doublette Fernandinho-Luiz Gustavo, très vite noyée. Sur leur première véritable occasion, un coup de pied arrêté, l’Allemagne avait frappé avec un Müller étrangement seul à la réception d’un corner. Le scénario ressemblait exactement à celui du match contre la France où l’Allemagne avait marqué très tôt avant de contrôler tranquillement le résultat. Mais le Brésil, lui, sombra complètement, notamment collectivement avec une désorganisation palpable (montées de Marcelo jamais couvertes), une incapacité à faire autrement que balancer des ballons devant. Puis il y eut ces six minutes de pure folie où le Brésil encaissa quatre buts coup sur coup, tous à l’issue de belles actions collectives mais aussi d’un attentisme de la défense absolument effarant à ce niveau et de pertes de balles impardonables. Ne parvenant pas à se remobiliser assez vite, les Auriverde étaient soufflés par la vitesse allemande. A 0-5 après une demi-heure, la messe était évidemment dite et le score devenait gênant pour les Brésiliens : voir cette sélection mythique dans un tel état faisait vraiment peine et si le Allemands étaient à féliciter pour leur efficacité, on ne pouvait s’empêcher de penser à ce pays qui a tant investi dans cette Coupe du Monde et qui se retrouvait humilié de cette façon.

Une deuxième mi-temps étrange

Alors que certains supporters quittaient déjà le stade et que Luiz Felipe Scolari procédait à deux changements, la mi-temps reprenait avec dix bonnes minutes brésiliennes. Si l’on ne se mettait pas à rêver d’un formidable retournement de situation (encore que, avec le football, on ne sait jamais trop), on était quand même content de voir les Brésiliens essayer au moins de sauver l’honneur. Mais, malgré quelques tentatives, un Paulinho plus présent dans l’entrejeu et un Bernard réussissant enfin quelques dribles, la muraille Neuer était trop infranchissable pour permettre au pays hôte de marquer au moins un but. Au contraire, l’Allemagne reprenait la maîtrise du ballon et contrôlait parfaitement ce match. J’ai personnellement trouvé leur attitude plutôt intelligente : concentrés, les joueurs n’ont jamais fait n’importe quoi mais, en même temps, ils n’ont pas complètement poussé car on avait l’impression qu’ils auraient sinon pu finir avec un score encore plus sévère. En face, le Brésil a réussi à garder ses nerfs pour ne pas « casser » gratuitement des joueurs allemands. Le rythme était donc assez étrange, pas très emballant, sans que cela empêche l’entrant Schürrle de claquer un doublé (dont un deuxième but absolument splendide). En toute fin de match, le Brésil sauvait l’honneur (ou ce qu’il en restait) en réussissant à marquer un but. 7-1, score final absolument inimaginable alors que le match débutait. Score aussi irréel et qui ne dit pas forcément la véritable valeur des deux équipes. Mais, en tout cas, un score qui pose des questions, notamment sur le pourquoi d’une telle humiliation.

Les raisons de la débâcle

Dans tout sport de confrontation, il faut toujours mettre en perspective la performance des deux « combattants » car le rapport de force se trouve bien à la croisée des deux. Et là, on a assisté à un de ces moments où l’une des équipes réussit tout ce qu’elle entreprend alors que, en face, c’est la catastrophe à tous les points de vue. Il faut d’abord féliciter les Allemands qui ont proposé une partition collective absolument parfaite avec, en maîtres d’œuvre principaux les milieux de terrain Kroos et Khedira, absolument sensationnels. Parfois un peu fragile jusqu’aux huitièmes de finale, la Mannschaft a réussi à se rééquilibrer en passant Lahm à son poste d’arrière droit, profitant du retour en forme de Schweinsteiger et Khedira. Solide partout, dotée d’un grand gardien, d’un buteur efficace (Klose), d’un attaquant génial (Müller) et d’un joker de luxe épatant (Schürrle), cette Allemagne-là fait vraiment peur. Mais il faut aussi dire qu’ils ont gagné face à une équipe d’une infinie tristesse. Alors que j’avais trouvé du mieux face à la Colombie, notamment dans les mouvements offensifs, les Brésiliens ont étalé au grand jour toutes leurs failles lors de ce match. Etant donné l’ampleur de la défaite, la double absence de Tiago Silva et Neymar ne peut pas être une excuse suffisante. Selon moi, les raisons sont au moins au nombre de deux. La première est psychologique : la pression sur l’équipe était telle depuis le début du Mondial que, à un moment, ça a craqué de toute part et c’est sans doute le but de Klose qui a vraiment déclenché cette crise de confiance généralisée. Six minutes plus tard, c’en était terminé avec déjà cinq buts dans la musette. Pourtant, je me disais que, ayant vu la mort de très près contre le Chili, cette équipe parviendrait justement à surmonter toutes les épreuves. Grave erreur. La deuxième raison tient à l’effectif de cette sélection. Honnêtement, il ne fait pas rêver et quand, en plus, on a enlevé les deux meilleurs joueurs, ça ne ressemble plus à grand-chose. Quand on voit par exemple le quatuor offensif présenté hier, ça fait vraiment peine pour ce grand pays de football qu’est le Brésil. Cela tient aussi à des choix parfois surprenants de la part de Scolari (maintien à tout prix de Fred, complètement absent ; titularisation de Bernard, visiblement plus que crispé ;…). Le Brésil n’en n’a pourtant pas fini avec cette Coupe du Monde et il faudra se remobiliser pour aller jouer la troisième place, dans une ambiance qui sera forcément beaucoup moins joyeuse…

Le joueur : Neymar Jr.

Neymar Jr.

Ce choix va évidemment paraître étrange car il s’agit justement d’un joueur qui était absent sur la feuille de match. Mais je suis persuadé qu’il a joué un rôle très important car les Brésiliens ont semblé griller énormément d’influx nerveux lors des jours précédant le match à propos de cette perte, en en faisant des tonnes et des tonnes. D’ailleurs, le fait que le maillot de Neymar était porté par Julio César et David Luiz pendant l’hymne du pays était encore un signe du surinvestissement des joueurs sur cette absence, qui leur a sans doute coûté plus d’énergie qu’on ne le pense pour réellement préparer le match.

Si on parle uniquement du terrain, comment ne pas faire un focus sur la performance de la doublette Khedira-Kroos, absolument énorme pendant tout le match, sur le nouveau match presque parfait de Neuer (qui ressemble de plus en plus à un robot) ou sur le but du record inscrit par Klose (seizième inscrit en quatre participations). De toute façon, quand on gagne 7-1 en demi-finale de Coupe du Monde, c'est qu'il n'y a pas grand-chose à dire...


Demi 2

Alors qu’ils s’étaient rencontrés en finale du Mondial 1978, les Argentins et les Hollandais avaient surtout offert un quart de finale superbe dont je me souviens encore en 1998, match qui restera à jamais marqué par ce but extraordinaire de Bergkamp (l’un des plus grands génies que le football ait connu) et une victoire finale des Bataves. Et puis ils s’étaient même à nouveau rencontrés dans les phases de poule il y a huit ans, pour un score qui aurait du nous mettre la puce à l’oreille (0-0). Surtout que, depuis le début de la compétition (et surtout des phases finales), les deux sélections avaient surtout brillé par un jeu minimaliste et une prise de risque réduite à la portion congrue. Ce match en a en tout cas été une preuve supplémentaire.

Deux équipes qui ne veulent pas vraiment attaquer

Malgré les talents offensifs que l’on trouve des deux côtés, l’Argentine et les Pays Bas ne se sont pas particulièrement fait remarquer depuis le début de cette Coupe du Monde par un jeu offensif véritablement léché. Si les Oranje ont passé cinq buts aux Espagnols il y a presque un mois maintenant (ça paraît loin !), c’est surtout en étant hyper-efficace dans le jeu de contre et en se reposant sur Robben et Van Persie, deux joueurs de grande qualité. Le premier est resté à son niveau, le second a peu à peu décliné, devenant de plus en plus invisible au fur et à mesure que la compétition avançait. Quant à l’Albiceleste, sa percussion offensive repose sur Messi et Di Maria. Ce dernier étant absent, ça devient tout de suite beaucoup plus compliqué, même si Higuain a prouvé lors du quart de finale qu’il pouvait être utile. Pas de surprises au coup d’envoi, si ce n’est le retour de De Jong (pas un créateur…) côté néerlandais, celui-ci ayant pour mission presque unique de suivre Messi dans tous ses déplacements. Pendant cent-vingt minutes, on va alors assister à un match assez soporifique (la preuve, j’ai piqué du nez plusieurs fois) où pas grand-chose ne se passe. La preuve : les gardiens n’ont eu aucune parade vraiment importante à effectuer. Peu ou pas de frissons, quelques accélérations de chaque côté, mais pas de quoi faire se lever les foules. Les joueurs majeurs semblent un peu en dedans et on sent, de chaque côté, une vraie crainte de se découvrir ne serait-ce qu’un peu, au risque de se faire contrer et de perdre le match. Parfois, il y a de bons 0-0, qui sont de vraies oppositions tactiques, mais là ce n’est pas le cas, ce qui donne au final un match très décevant dont il n’y a pas grand-chose de plus à dire, si ce n'est que, avec un peu plus de réussite, les hollandais auraient pu passer à la toute dernière minute du temps réglementaire mais un superbe retour de Mascherano a empêché Robben d'offrir la finale à ses coéquipiers. Le tout s’est donc joué aux tirs au but. Van Gaal n’a pas pu retenter son coup de poker ultime (changer de gardien) et les Argentins ont parfaitement maitrisé cette épreuve toujours un peu étrange. On retiendra la qualification de l’Argentine, mais pas grand-chose de plus… Surtout quand on se souvient du match de la veille...

Le joueur : Sergio Romero

Sergio Romero

Il n’a pas eu grand-chose à faire pendant la partie, si ce n’est une ou deux interventions au poing mais le gardien remplaçant de Monaco (si, si, c’est une histoire vraie) a réussi à être décisif pendant la séance des tirs au but en repoussant deux tentatives adverses, et de belle façon en plus. Forcément, dans un match aussi fermé et peu passionnant, c’est ce que l’on retiendra même si la performance de Vlaar dans le cœur de la défense hollandaise a plutôt été intéressante, jusqu’à ce qu’il rate son tir au but ou si celle de Mascherano, très présent dans le combat, a aussi été remarquable. Toujours cette cruauté du football qui fait passer en si peu de temps de héros à zéro…


C'est finalement un grand classique auquel nosu aurons droit en finale puisque ce sera la troisième fois que l'Allemagne et l'Argentine se rencontrent au dernier stade de la compétition après 1986 (victoire argentine) et 1990 (revanche allemande). Il s'agira donc d'une belle et on peut espérer, justement, que le match sera lui-même intéressant. Etant donné ce qu'a montré l'Argentine jusque là, on peut avoir des doutes mais j'ai confiance en ses grands joueurs pour se réveiller au bon moment. En face, l'Allemagne arrivera en pleine confiance, avec son milieu de terrain qui a tout détruit sur son passage contre le Brésil. Logiquement, la Mannschaft sera favorite mais on verra bien cela dimanche dans un contexte si particulier. Pour la troisième place (match souvent assez folklorique), c'est tout à fait ouvert et je ne peux pas en dire grand-chose sinon que le Brésil est dans l'obligation de laver son honneur.



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Fiz 10.07.2014, 22:28

100% d'accord avec ton analyse des demis. Je me souviendrai longtemps de la victoire historique de cette superbe Mannschaft face au Brésil... alors que dans l'autre demi avec l'Argentine, je me suis endormi comme toi, c'était une grosse purge.
Honnêtement, la Mannschaft mérite mille fois de gagner cette coupe du monde (par le jeu offensif et spectaculaire pratiqué), ce serait même totalement immoral que l'Argentine gagne vus leurs matchs ternes et soporifiques. Mais on le sait, l'issue des matchs est parfois injuste, et je me méfie quand même des argentins qui ont vraiment une équipe pour réussir à "pourrir" le match, et même un ou deux joueurs pour réussir le hold-up parfait (Messi et Di Maria).


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