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TimFaitSonCinema
Alors qu’il vient de faire du surf avec des amis, Simon est victime d’un accident de la route. En état de mort cérébral, son cœur fonctionne encore et ses parents doivent alors prendre une décision concernant le don de cet organe. Dans le même temps, une femme attend la greffe de cœur qui pourra lui permettre de continuer sa vie.
Verdict:

D’un roman magnifique, Katell Quillévéré n’arrive pas à un tirer un long métrage dans la même veine. En diluant un peu trop le récit, elle perd beaucoup de ce qui fait la puissance du livre : l’urgence absolue autour de ce cœur. Ca reste un film tout à fait correct, traversé de très beaux moments, mais qui a peiné à véritablement me satisfaire. Si vous avez le choix, préférez plutôt l’ouvrage de Maylis de Kérangal…

Coup de coeur:

Le premier quart d’heure

La date de sortie du film:

01.11.2016

Ce film est réalisé par

Katell QUILLÉVÉRÉ

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Pour cette fin d’année, Réparer les vivants était l’un des longs métrages que j’attendais le plus mais que, dans le même temps, je redoutais également beaucoup. En effet, ce nouveau film de Katell Quillévéré avait, sur le papier à peu près tout pour me plaire : une réalisatrice aux commandes dont j’avais beaucoup apprécié le précédent long métrage (Suzanne), nombre d’acteurs dont j’aime particulièrement le jeu dans la distribution (Tahar Rahim et Bouli Lanners, entre autres), une bande son écrite par celui qui est aujourd’hui l’un des maîtres en la matière (Alexandre Desplat) et, surtout, le fait que ce soit l’adaptation d’un roman que j’avais tout particulièrement apprécié. Mais c’est aussi cette raison qui me poussait à être un brin méfiant puisque, après avoir lu l’œuvre de Maylis de Kerangal (et m’être pris une sacrée claque, au passage), je m’étais dit qu’il s’agissait sans doute là de l’un des romans les moins adaptables au cinéma que je connaisse, notamment en raison de sa structure extrêmement morcelée et de son côté résolument choral (qui, souvent, rend moins bien au cinéma). Quand j’ai appris que, finalement, il allait bien connaître un passage sur grand écran (ce qui n’est guère étonnant, finalement, pour un tel succès de librairie), j’ai presque ressenti une certaine déception. Mais je gardais confiance dans cette jeune réalisatrice qui a le cran de relever le défi, en me disant qu’avec des bonnes idées de mise en scène, des comédiens au top et une gestion du tempo efficace, elle avait moyen de faire quelque chose de costaud. Il faut dire qu’elle avait déjà réussi, dans son précédent film, à raconter vingt-cinq ans de la vie d’une jeune femme (depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte) en un peu plus d’une heure et demie, sans que cela paraisse incongru. Alors, ce passage de l’écriture à l’image est-il réussi ?

 

Pour dire les choses franchement, et ne pas tourner autour du pot longtemps, Réparer les vivants a peiné à vraiment me convaincre. Je le considère comme un bon film mais pour lequel je ne peux pas m’enthousiasmer. Et, en comparaison du roman de Maylis de Kérangal, j’ai trouvé cette œuvre beaucoup moins forte et presque un peu « fade ». Forcément, j’ai bien conscience que ma critique est en grande partie biaisée par le fait que j’ai lu le livre, mais c’est ainsi… Aurais-je davantage apprécié le long métrage en ne l’ayant pas lu ? C’est évidemment une question à laquelle il est difficile de répondre. Donc, ne nous y attardons pas. Le film mérite que l’on s’y intéresse pour ce qu’il est véritablement, d’autant que Katell Quillévéré est une réalisatrice qui est loin d’être neutre et qui a de vrais partis-pris de mise en scène. C’est notamment le cas dans un premier quart d’heure assez envoutant. Il n’y a presque aucun dialogue alors que l’on suit Simon de la chambre de sa petite amie jusque dans la mer avec ses camarades de surf. Cette séquence en mer est d’ailleurs assez impressionnante, avec des ralentis spectaculaires au cœur des rouleaux et une manière de filmer la mer comme un corps vivant franchement réussie. Un certain suspense s’enclenche même puisqu’on sent le danger poindre. Mais il viendra un peu plus tard, avec ce qui est sans doute l’une des meilleures idées du film (cette mer qui recouvre peu à peu la route, comme la vision de ce que le conducteur a en tête). Ce qui s’apparente à un prologue, tant il est presque « en dehors » du film, finit alors dans un fracas terrible. Et c’est à partir de là que le long métrage débute véritablement, mais aussi que les choses se gâtent un peu… Le nombre de personnages en jeu va peu à peu augmenter et le souci, c’est que le film ne parvient pas à tous leur donner l’importance qu’ils méritent véritablement.

 

Rien que dans ce que l’on peut considérer comme la première partie du long métrage, il y a un grand nombre de protagonistes : les parents de Simon, le médecin qui leur annonce la nouvelle, celui qui est en charge de leur demander pour le don d’organes, une infirmière… On passe de l’un à l’autre sans avoir le temps d’approfondir leurs sentiments. La réflexion des parents est ainsi complètement passée sous silence alors que c’est un choix très fort qu’ils doivent effectuer. Pourtant, il y en a, des choses à dire et à montrer et tant de pistes sont ouvertes mais jamais exploitées… C’est d’ailleurs pareil tout au long du film, que ce soit pour la « receveuse » et sa famille ou encore pour l’équipe chargée d’effectuer le « transfert » du cœur. A force d’accumuler les personnages, ça tourne un peu à la galerie qui bloque toute émotion puisqu’on passe de l’un à l’autre sans avoir le temps de vraiment s’y attacher. Mais surtout, on finit par perdre ce qui est vraiment au centre du récit : le cœur en lui-même et le sentiment d’urgence qui l’accompagne. Et c’est ce qui m’a vraiment dérangé car, ce qui est essentiel dans le livre (construit clairement autour d’une durée de vingt quatre heures) est peu présent ici. C’est pourtant dans ce cas-là quelque chose d’essentiel et qui, pour le coup, pouvait être tout à fait traité dans un cadre cinématographique. Là, on a le sentiment que la problématique temporelle n’est jamais mise en question. Le scénario préfère prendre son temps sur des discussions sans grand intérêt. La dernière image du film répond à la première, signe que la boucle est bouclée et que ce cœur continue de vivre, même si c’est dans un corps différent. Il est juste dommage que cet organe ne soit pas la pierre angulaire autour de laquelle le long métrage se construit. Il aurait sans doute gagné en émotions, en puissance et en force.



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Fiz 13.11.2016, 18:02

Déception. C'est étonnant, ce film arrive curieusement à être ennuyeux et sans émotions (ou presque) malgré un sujet très "palpitant". J'ai cherché les raisons d'un tel ennui:
1) le manque d'intensité et de rythme dans ce film qui compte beaucoup de longueurs.
2) trop d'actrices et d'acteurs moyens (Kool Shen, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval et ses 2 fils, Alice Taglioni) dont le jeu sonne faux.
3) une musique, plutôt belle au départ, mais qui devient vite lancinante et répétitive.
Voilà les principales raisons d'un loupé qui m’amènent à ta conclusion: il faut surtout lire le roman!


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