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TimFaitSonCinema
Après plus de dix ans d’absence, Louis revient dans sa famille car il a une grande annonce à faire : il va mourir bientôt. Le temps d’une journée, autour d’un repas, les souvenirs et les rancœurs vont revenir à la surface et bouleverser sa mère, son frère et sa sœur, chacun à leur manière…
Verdict:

Avec Juste la fin du monde, Xavier Dolan prouve une nouvelle fois qu’il peut être un magnifique faiseur d’images, capable de séquences magnifiques et magnétiques. Mais, ici, l’ensemble ne suit pas forcément, du fait notamment d’un côté hystérique bien trop marqué, jusque dans certaines performances d’acteurs caricaturales et d’une mise en scène trop théâtralisée. Le talent est là, c’est certain, mais le réalisateur peine encore un peu à réellement le maitriser.  

Coup de coeur:

Marion Cotillard

La date de sortie du film:

21.09.2016

Ce film est réalisé par

Xavier DOLAN

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Doit-on encore continuer de parler de Xavier Dolan comme d’un jeune cinéaste ? En effet, le québécois continue de détonner puisqu’à à peine vingt-sept ans, il vient de livrer rien de moins que son sixième long-métrage, ce qui est absolument exceptionnel et presque unique dans l’histoire du Septième Art. Si, dans le monde du cinéma, son âge reste effectivement une « anomalie », le nombre de ses œuvres le fait déjà passer dans la catégorie des metteurs en scène presque chevronnés, d’autant qu’il n’est pas prêt de s’arrêter puisque son nouveau projet (le premier long métrage tourné en anglais) est déjà sur les rails. Et c’est à croire que le garçon est hyperactif car cette profusion de films ne l’empêche pas de continuer à tourner des clips (Hello pour Adele, rien que ça) ou à doubler des personnages célèbres pour les versions québécoises des films (historiquement, c’est lui la voix de Ron Weasley au Québec). Pourtant, on ne peut pas dire que la qualité de ses films en pâtisse, bien au contraire puisque, dans ceux que j’ai pu voir, je trouve une vraie évolution positive entre le prétentieux Les amours imaginaires, le plus convaincant Tom à la ferme et, enfin, le puissant Mommy qui, pour le coup, m’a beaucoup marqué et me semblait être la preuve que le réalisateur avait vraiment muri et maitrisait mieux son art. D’ailleurs, on peut également suivre cette progression à travers les récompenses qu’il a obtenues au Festival de Cannes (dont il a également été membre du Jury en 2015), du Prix Regards Jeunes en 2009 pour J’ai tué ma mère au Grand Prix (sorte de médaille d’argent) pour Juste la fin du monde l’année dernière en passant par un Prix du Jury (médaille de bronze) en 2014 pour Mommy. Avec son nouveau long métrage, Xavier Dolan confirme-t-il qu’il ne doit plus être considéré comme un jeune réalisateur et qu’il a bien atteint une certaine maturité ?

 

Tout d’abord, on peut noter que ce film marque une étape très importante dans sa carrière puisque c’est le premier à avoir un tel casting. En effet, les premiers longs-métrages étaient surtout interprétés par des acteurs canadiens assez peu connus chez nous même si, là-bas, Anne Dorval ou encore Suzanne Clément sont de vraies pointures. Pour Juste la fin du monde, il retrouve Nathalie Baye, côtoyée pour Laurence Anyways (dans un rôle d’ailleurs très proche de ce qu’Anne Dorval joue habituellement chez Dolan). Sinon, ce ne sont que des nouveautés et, chose assez amusante, ce sont également tous des égéries de marque de luxe (hasard ou coïncidence ?). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sont des comédiens très demandés, ce qui montre bien le pouvoir d’attraction actuel de Dolan. Pouvoir réunir Vincent Cassel, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Nathalie Baye et Léa Seydoux dans un seul et même film, c’est quand même quelque chose. La gestion de ce casting pose d’ailleurs question mais nous y reviendrons un peu plus tard. Malgré ce qui s’apparente à un changement de « standing », Juste la fin du monde s’inscrit dans la continuité de sa filmographie puisque, d’une part, il s’agit de la deuxième fois qu’il adapte une pièce de théâtre pour le cinéma (après Tom à la ferme) mais, surtout, on retrouve ses thèmes de prédilection et notamment celui des dysfonctionnement familiaux. En effet, le spectateur se retrouve ici au milieu d’une réunion de famille dont on sent dès le départ qu’elle a toutes les chances de mal tourner tant les personnages sont, chacun à leur manière, complètement barrés. Entre une mère protectrice mais dépassée, un grand frère au caractère plus qu’ombrageux, une petite sœur qui semble perdue et une belle sœur discrète que tout le monde prend pour une idiote, la galerie est complète et, très vite, la tension monte entre eux, avec le personnage de Louis qui est une sorte de catalyseur de toutes les rancœurs refoulées depuis bien longtemps.

 

Et, pendant une bonne heure et demie, on va se retrouver au cœur d’une sorte d’hystérie qui va aller crescendo. Avec sa mise en scène très resserrée sur les visages et une photographie globalement sombre, Dolan choisit vraiment d’amener le spectateur au plus près des personnages et de leurs sensations, sans lui laisser vraiment de choix. C’est une intention louable pour l’immerger mais, à la longue, le sentiment d’hystérie qui habite les personnages et les disputes incessantes qui en découlent ont fini par me fatiguer. Et je crois que cela vient surtout de la performance des acteurs que j’ai trouvée globalement trop caricaturale, notamment un Vincent Cassel qui surjoue tellement que ça en devient presque grotesque. Nathalie Baye (maquillée comme une voiture volée) et Léa Seydoux sont également souvent à la limite. Finalement, c’est un Gaspard Ulliel étrangement discret (comme s’il perpétuait son rôle dans Saint Laurent) et Marion Cotillard, que j’ai trouvée incroyable, qui sont les plus convaincants. D’ailleurs, dans l’ensemble, c’est dans le silence et le calme que le film est le plus fort, notamment dans la manière de montrer ce que la belle sœur comprend car, justement, elle est à l’écoute des autres. En termes de mise en scène, on sent malheureusement trop que c’est une adaptation théâtrale, notamment dans le découpage très net en scènes où Louis a une discussion (ou ce qui y ressemble) successive avec chacun des membres de la famille. Le réalisateur ne parvient pas à dépasser cet écueil et c’est un peu dommage. Sinon, on retrouve Dolan tel qu’on le connaît, c'est-à-dire en formidable faiseur d’images mais qui ne sait pas toujours véritablement doser ses effets. Il est ainsi capable de séquences absolument sublimes, notamment dans le lien entre image et musique (la scène du matelas). Mais, en contrepoint, d’autres scènes semblent être des caricatures de son propre travail (la chorégraphie sur Dragosta din Tei comme une réponse au Céline Dion de Mommy). Capable du meilleur comme du « pire », Dolan doit encore trouver la bonne formule pour dompter un talent toujours aussi évident.



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Fiz 21.10.2016, 21:22

Alerte daube!! Ce film est un ratage total. L'interprétation est outrancière et hystérique... tout fait très artificiel dans ce film où rien n'est crédible une seconde!
Xavier Dolan est en effet capable du meilleur quand il réalise des clips, mais aussi du pire quand il réalise des films... après le très surcoté "Mommy", je crois que cette fois c'est clair.


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