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TFSC EN MODE EURO 2016 : BILAN GLOBAL - LES BLEUS ONT-ILS RÉUSSI LEUR EURO ?

 L'Article


Bilan général

Au début de la compétition, l’objectif fixé par la Fédération était d’atteindre les demi-finales. De mon côté, je trouvais également que c’était un horizon raisonnable, avec une génération de qualité mais aussi de gros manques et des inconnues à certains postes. Au vu du déroulement de la compétition, ne pas atteindre ce stade des demi-finales aurait été une immense déception et pas loin d'être un accident industriel.

Alors, avoir atteint la finale fait-il pour autant dire que la France a réussi son Euro ? En différents points, j'essaierai de répondre à cette question et vous trouverez à la fin de cet article le bilan statistique de chacun des joueurs sur cette compétition ainsi que mon bulletin de notes personnalisé.


UN BILAN SPORTIF GLOBALEMENT POSITIF

Avec cinq victoires, un match nul et une défaite, 13 buts marqués pour 5 encaissés, et une place de finaliste, l’Equipe de France quitte la compétition avec des statistiques plus que correctes. Jusqu’en demi-finale, elle avait eu un parcours que l’on peut qualifier de largement à sa portée. Le groupe n’était pas compliqué même si la France a eu des difficultés dans chacun des matchs. L’Irlande et l’Islande, malgré leurs qualités, n’étaient pas des adversaires à même de pouvoir vraiment inquiéter les Bleus, même si ces derniers n’ont pas toujours été sereins. Finalement, le match qui permet de définir la qualité du tournoi est bien celui joué en demi-finale. Face aux champions du Monde en titre, les Bleus ont plié mais n’ont jamais rompu, parvenant même à mettre deux buts aux Allemands, pour atteindre la finale. C’est la grosse victoire que cette génération attendait, celle qui la fait changer de dimension et qui fait de ce tournoi une réussite. La défaite en finale contre ce Portugal-là, sans génie et après avoir globalement dominé, laisse un vrai goût d’inachevé, même s’il ne faut pas oublier que la demi-finale a été gagnée contre le cours du jeu. Une compétition n’est belle que si on la gagne et, forcément, cette place de finaliste est rageante mais, si on y réfléchit un peu à tête reposée, ça reste un beau résultat.

Gignac

Le destin de cette équipe n'a pas tenu à grand-chose. Ah, si on pouvait à peine modifier la trajectoire de cette frappe...

En termes de jeu, les Français ont été loin de tout maitriser au cours de la compétition. Leur seul match véritablement abouti, où ils ont dominé et ont su vite plier l’affaire a eu lieu en quarts de finale, face à l’Islande. Sinon, entre les rencontres dominées mais gagnées en fin de match (Roumanie et Albanie), celle jouée à mi-temps (Irlande), celle où ils ont beaucoup souffert (Allemagne) et la finale, sur laquelle je suis toujours aussi circonspect, on ne peut pas dire que la France se soit simplifié la tâche. Surtout, Didier Deschamps a semblé tâtonner pour mettre en place une tactique performante, changeant presque à chaque mi-temps jusqu’en quarts de finale où une organisation s’est réellement dessinée, d’ailleurs différente à  celle que l’on attendait au départ. On peut se dire que le sélectionneur a toujours su réagir et les résultats lui ont globalement donné raison mais on peut s’interroger sur ce manque global de cohérence dans la façon de jouer de l’équipe. Bizarrement, en finale, là où il aurait sans doute davantage du modifier de choses en cours de match, Deschamps est resté très classique dans ses changements

UN LIEN RENOUÉ AVEC LE PUBLIC ?

Depuis quelques jours, on entend partout que la plus belle réussite de cette Equipe de France, au-delà même de sa performance sportive, est d’avoir su « reconquérir le cœur des Français » pour reprendre une expression à la mode. Il faut dire que, depuis quelques années, la relation entre les Bleus et le public était compliquée, notamment depuis le fameux épisode de Knysna. Accusés de ne penser qu’à eux, de ne pas jouer en équipe, de s’en moquer du public, les joueurs étaient décriés à la fois pour leur comportement sur et en dehors du terrain. Didier Deschamps a beaucoup travaillé pour modifier cette image et la victoire en barrage face à l’Ukraine en novembre 2013 a ouvert la voie à une rapprochement de plus en plus visible et certains choix du sélectionneur ont plutôt été dans le sens d’un apaisement du débat. Lors de cette compétition, on a senti les Français soutenir fortement les Bleus, même si ce n’était pas toujours une ambiance de feu dans les stades. On a vécu de vrais moments de liesse collective, notamment après la victoire face à l’Allemagne en demi-finale. Mais cette « reconquête » du cœur des Français n’est-elle pas complètement artificielle ? L’Equipe de France a-t-elle vraiment changé ?

Ambiance

Un air de 1998 a flotté sur la France lors de ces mois de juin et juillet 2016...

Selon moi, l’engouement autour des Bleus lors de cet Euro est symptomatique à la fois du manque de culture sportive mais aussi de la schizophrénie de notre pays. En effet, le comportement des Bleus n’a aucunement changé entre cette compétition et les précédentes. Ils ont les mêmes habits de luxe, les mêmes casques sur les oreilles, ils parlent toujours de la même façon, ils n’ont pas fait plus d’autographes qu’avant, ils sont passés de leur bus à leurs hôtels sans un regard pour le public massé à proximité,… Ah, si, il n’y a qu’une différence, mais elle est de taille : ils ont (plutôt) bien joué et ont gagné, de sorte à atteindre la finale. Ainsi, étant donné qu’ils ont vaincu, tous les maux qui, quelques mois auparavant, faisaient dire au grand public que les footballeurs étaient des jeunes gens surpayés et égoïstes, ont disparu comme par enchantement. Ce n’est pas une nouveauté car les seuls moments où les Français se sont approprié leur équipe, c’est uniquement quand ils ont gagné. Dans notre pays n’existe pas une véritable culture sportive qui fait que la sélection nationale est soutenue quoi qu’il se passe, dans les bons comme dans les mauvais moments.

Au risque de passer pour un aigri, voire un pisse-froid (mais je l’assume parfaitement), je m’interroge sur l’effervescence de ces « supporters » dans trois mois, quand il faudra donner de la voix contre la Bulgarie au Stade de France ? Ca m’étonnerait qu’il y ait la même motivation, ce qui, d’une certaine manière est logique, mais a tout de même tendance à m’agacer. Car c’est bien beau de voir tout le monde dans la rue pour encourager les Bleus, d’entendre toutes ces personnes qui n’y connaissent pas grand-chose au football donner leur avis sur la composition d’équipe, mais, franchement, si le soutient était plus constant, je pense que tout le monde y trouverait son compte, et notamment les joueurs. Et si, par malheur, les Bleus venaient à échouer pour être de la partie en Russie, je vous assure que les discours habituels sur les joueurs trop gâtés vont refaire surface. En ce sens, je suis persuadé que le lien entre les Français et les Bleus n’a pas plus été renoué que cela au cours de cet Euro. Si cette équipe a dégagé une image sympathique, c’est en grande partie parce qu’elle est allée en finale car il ne faut pas oublier que dans les vingt-trois de l’Euro 2016 figurent cinq joueurs qui faisaient partie des participants à la Coupe du Monde 2010, celle des fameux « caïds immatures qui commandent à des gamins apeurés » pour reprendre une formule devenue célèbre…

QUEL AVENIR POUR CETTE ÉQUIPE ?

Même si, à chaud et après une telle déception, on n’a pas envie de se projeter aussi loin (deux ans, en football, c’est une éternité), il va falloir très vite s’y remettre car les qualifications pour la prochaine Coupe du Monde commencent dans moins de deux mois et dans un groupe avec les Pays-Bas, la Suède, la Biélorussie, la Bulgarie et le Luxembourg, il ne va pas falloir faire n’importe quoi pour être de la partie en Russie (les premiers de groupe se qualifient et les huit meilleurs deuxièmes s’affrontent en barrage). Après cette compétition, on a quand même la sensation que l’avenir appartient plutôt à ces Bleus. En effet, le groupe de l’Euro était plutôt jeune et de nombreux joueurs sont appelés à évoluer positivement en deux ans. Et les options supplémentaires, notamment dans le domaine offensif, sont immenses. A la vue du groupe de 2016,  s’il doit y avoir un vrai motif d’inquiétude, il se situe dans les couloirs au niveau défensif. Bacary Sagna et à plus forte raison Patrice Evra ne représentent pas l’avenir mais la relève peine à véritablement s’imposer. Sinon, à tous les autres postes, on se sent plutôt tranquille pour arriver en 2018 avec un réservoir de qualité.

Griezmann / Coman

Griezmann et Coman, la "nouvelle génération" sur laquelle la France peut compter lors des prochaines années

Il y aura pour Deschamps de vrais choix à effectuer, notamment parce que ce groupe a bien fonctionné en l’absence de plusieurs joueurs qui en étaient des cadres il y a encore quelques mois. C’est par exemple le cas de Varane qui devrait retrouver sa place sans trop de souci à la rentrée. Pour Mamadou Sakho, les choses semblent plus compliquées tant Koscielny et Umtiti semblent avoir pris une bonne longueur d’avance au cours de cet Euro. Mais le cas qui semble le plus compliqué à première vue est bien la gestion de Karim Benzema. A la fois en termes de profil de jeu mais aussi de vie de groupe, le réintégrer ne serait pas sans poser quelques problèmes, sans parler de l’opinion publique qui ne semble pas prête à le voir de nouveau sous le maillot bleu. Et si Didier Deschamps a toujours fait preuve de pragmatisme, je ne suis pas persuadé qu’il ait oublié les déclarations de Benzema avant l’Euro et ce qui en a découlé. Si ça ne tenait qu’à moi, il ne reviendrait pas immédiatement en équipe de France mais je ne suis pas sélectionneur !

Les statistiques des Bleus sur l'Euro 2016

Statistiques

Le bulletin de notes des Bleus

Bulletin de notes

Après cette compétition, il appartient à cette génération de continuer sur sa lancée, de se qualifier pour la Coupe du Monde 2018 et de bien y figurer. Personnellement, je les soutiendrai comme je l'ai toujours fait. Est-ce que ce sera le cas pour tous ceux que l'on a vu si démonstratif ces derniers jours ? La réponse à cette question sera intéressante...



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mh tainturier 13.07.2016, 08:52

J'aime pas vraiment le foot, mais j'aime les finales où la France joue, comme le commun des Français. Mais j'aime surtout lire tes articles que je trouve de qualité et qui apportent un recul juste et pertinent. Je suis impressionnée par tes qualités d'analyse ! Et alors le foot m'intéresse. Comme quoi on peut prendre plaisir à lire, même sur un sujet peu motivant au départ. Bravo !
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Axel 13.07.2016, 11:57

Je suis complétement d'accord avec toi sur le rapport des français à leur équipe nationale. Il n'y a d'engouement que lors des victoires parce que la grande majorité des français ne regarde pas de foot régulièrement (quasi tout est payant) et que les victoires apportent un esprît de fête que tout le monde aprécie et que peu d'autres occasions sont capables de générer. L'engouement et le soutien sont pour moi plus liés à l'ambiance et au sentiment collectif qu'à l'aspect sportif ou l'image des joueurs.

Pour revenir sur l'équipe de France, je suis très circonspect sur Deschamps. J'ai du mal à voir une cohérence tactique dans son travail depuis 4 ans. Je reconnais par contre sa gestion de groupe et l'état d'esprît qu'il a construit au sein de cette équipe. Cela a permis d'avoir une équipe solide, qui ne lache jamais un match comme on a pu le voir pendant cet euro. A voir pour la suite mais je ne pense pas que cela puisse nous permettre de dominer facilement notre groupe de qualification à la coupe du monde ou une grande compétition.

Sinon bon boulot d'analyse et je partage globalement ton bulletin de note. Je mettrai un peu moins pour griezzmann qui a très bien fini mais peu créer. Un peu moins aussi pour sagna qui a très peu apporté offensivement et qui fait pour moi un euro similaire à Rami par exemple. Je te trouve sévère avec Pogba qui n'a pas été pire que Matuidi. A part si on le note par rapport à son célèbre potentiel qui s'apparente de plus en plus à un des grands mystères de l'humanité. .


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