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TimFaitSonCinema
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DHEEPAN

Un ancien soldat souhaite fuir la guerre civile au Sri Lanka et, pour cela, il « s’invente » une famille avec une jeune femme et une fille de neuf ans. Ensemble, ils vont arriver en France, dans un quartier compliqué, et vont essayer de construire un foyer, alors qu’ils se connaissent à peine et que les difficultés s’accumulent pour eux.
Verdict:

Si Dheepan prouve encore la maitrise qu’a Jacques Audiard de son art, il n’en reste pas moins un film quelque peu bancal, devant lequel on ne sait pas bien sur quel pied danser et où quelques séquences (notamment la fin) sont même franchement discutables. Pour une Palme d’Or, ça me semble un tout petit peu limite…

Coup de coeur:

La scène des escaliers

La date de sortie du film:

26.08.2015

Ce film est réalisé par

Jacques AUDIARD

Ce film est tagué dans:

Drame Palme d'Or

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 La Critique


Ce nouveau film de Jacques Audiard marquait une sorte d’anniversaire pour moi puisque, pour la dixième année consécutive (depuis 2005, en fait), j’allais voir au cinéma la Palme d’Or, décernée plus de trois mois auparavant à Cannes. Et pour dire les choses d’emblée, c’est sans doute la Palme d’Or que j’ai le plus de mal à comprendre, dans toutes celles que j’ai pu voir. Si certains longs métrages ne m’avaient pas vraiment convaincu (je pense là à Oncle Boonmee ou même à Winter Sleep), je pouvais concevoir le processus qui avait poussé le jury à donner la récompense suprême. Pour d’autres, c’était tellement évident que la question ne se posait même pas (The Tree of life, Amour ou La vie d’Adèle). Par contre, pour ce Dheepan, j’avoue que je suis assez circonspect, non pas que ce soit un mauvais film, très loin de là, mais il a tellement rien d’exceptionnel que ça me semble même assez étrange. Et, surtout, les deux précédents longs métrages d’Audiard, repartis de Cannes avec « seulement » un Grand Prix (Un prophète) ou même bredouille (De rouille et d’os) me semblaient vraiment supérieurs. Alors, peut-être est-ce dû à une sélection plus faible ? Je n’en sais trop rien. En tout cas, ce qui est assez amusant, c’est que, après plus de vingt ans d’attente entre 1987 (Sous le soleil de Satan) et 2008, le cinéma français s’est donc vu primé pour la troisième fois en huit ans (avec Entre les murs, La vie d’Adèle et, donc Dheepan) et même la deuxième fois en trois éditions (et presque trois fois en quatre ans si on considère Amour comme un film français et non autrichien, sa nationalité officielle). Assiste-t-on à un renouveau du cinéma hexagonal, est-ce seulement conjoncturel ou, au contraire, les sélections cannoises sont-elles de plus en plus faibles ? Vaste débat qui n’a pas lieu d’être ici. Il y a déjà suffisamment à dire de ce Dheepan qui, au final, m’a laissé plus dubitatif qu’autre chose.

 

Forcément, avec un réalisateur qui reste sur de telles réussites, on attend beaucoup et on est donc bien plus exigeant qu’avec un metteur en scène qui sort de nulle part. Depuis une bonne dizaine d’années, Audiard s’est installé comme un auteur qui compte vraiment en France mais qui est aussi une sorte d’ambassadeur du cinéma hexagonal à travers le monde, lui qui est considéré, notamment aux Etats-Unis, comme celui qui représente le mieux l’esprit du Septième Art à la française (qui a toujours eu, à tort ou àraison, une place un peu à part, comme le rugby français, d’ailleurs, mais c’est encore un autre problème). Avec De battre, mon cœur s’est arrêté, Un prophète puis De rouille et d’os, il avait placé la barre très haut, notamment parce que, à chaque fois, il réussissait parfaitement à mêler les genres, que ce soit le romanesque avec l’action, le romantique avec le côté plus social,… Là, c’est encore ce qu’il essaie de faire avec son nouveau film mais la greffe prend bien plus difficilement, du fait d’une construction qui semble beaucoup moins travaillée que pour ses œuvres précédentes. Alors que les premières images (d’ailleurs assez extraordinaires) se déroulent au Sri Lanka, on arrive assez vite en France, au cœur d’une cité, et pendant la première moitié du film, on est vraiment dans un film social, presque documentaire, sur l’intégration dans une société d’une famille qui n’en est même pas une mais qui doit le faire croire. Des pistes sont lancées mais jamais réellement suivies d’effets et le rapport du couple est lui aussi un peu trop rapidement esquissé pour en faire un véritable axe sur lequel pourrait s’appuyer le long métrage. C’est d’une certaine manière dommage car il y avait sans doute là des choses vraiment intéressantes à montrer mais, en même temps, cela permet au scénario de ne pas tomber dans une certaine forme de caricature, même si on peut déjà estimer que l’image qui est donnée de la banlieue française (hyper violente, régie par le trafic de drogues) peut l’être un peu trop.

 

Et puis, de façon assez brutale, Dheepan change de registre en se tournant vers le film de genre et même, d’une certaine manière vers une relecture moderne du western. La violence devient ainsi omniprésente et ne nous lâchera plus jusqu’à la fin et elle s’amplifiera même pour exploser dans un final assez dingue, fait d’une montée de tension exceptionnelle. Cette séquence dans les escaliers (il ne faut pas en dire plus pour ne pas tout dévoiler) est en effet fascinante tant elle est maitrisée dans la forme mais semble un peu too much dans le fond, même si c’est aussi là qu’on reconnaît ce qui fait le génie d’Audiard : ne pas avoir peur de tenter des séquences, qui, chez d’autres, seraient plus ridicules qu’autre chose mais qui, chez lui, gardent une réelle force. D’ailleurs, il y a quelques passages oniriques entre deux séquences (notamment avec des éléphants) qui sont également un peu borderline mais qui passent quand même. Car le bonhomme maitrise parfaitement son long métrage formellement, mais ça, maintenant, on le sait et, forcément, on attend un peu plus. Là où, dans ses films précédents, il parvenait à transcender ce savoir-faire dans la réalisation, c’est ici malheureusement bien plus plat. Il est également toujours un formidable directeur d’acteurs, puisque les comédiens principaux, inconnus, sont excellents. Et puis, il y a ces trois dernières minutes qui, personnellement, m’ont vraiment embêtées et même laissées un goût amer. En fait, je ne comprends surtout pas à quoi elles servent et ce qu’Audiard veut montrer avec (ou ai-je peur de saisir ce qu’il cherche vraiment à signifier ?). C’est toujours un peu décevant de terminer un long métrage avec une dernière séquence qui ne nous plaît pas, surtout quand le reste ne nous avait pas non plus enthousiasmé. Attention, Dheepan reste un bon film, même très réussi par moments, mais de là à lui attribuer une Palme d’Or, j’avoue être un peu surpris. On va dire que c’est pour l’ensemble de son œuvre précédente, alors…



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Fiz 13.10.2015, 14:09

Ce film est une belle arnaque! Je n'ai trouvé aucun intérêt à ce film au discours misérabiliste qui dénigre la France: quel tableau noir... en comparaison à l'image donnée de la Grande-Bretagne à la fin!
Pour moi, c'est une palme d'or exclusivement politique car le film aborde le sujet social et actuel des migrants, et visiblement ça suffit pour décrocher la palme! Mais rien de très nouveau, on avait déjà eu au moins une autre palme d'or politique avec le documentaire sans nuances de Michael Moore (Fahrenheit 9/11 en 2004).


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