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TimFaitSonCinema
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UNE BELLE FIN

John May a un travail un peu particulier puisqu’il est chargé de trouver des connaissances aux personnes qui décèdent sans famille connue et d’organiser leurs funérailles. Alors qu’il se fait renvoyer, il doit gérer une dernière affaire qui lui tient particulièrement à cœur puisque Billy Stoke vivait dans le même immeuble que lui…
Verdict:

Porté par un Eddie Marsan exceptionnel et qui méritait depuis longtemps un tel rôle, Une belle fin est un film d’une infinie tendresse, à la fois poignant et drôle. Si le long métrage souffre peut-être d’un scénario un peu simpliste par moments, il n’en reste pas moins une très jolie surprise, réalisée avec beaucoup de talent.

Coup de coeur:

Eddie Marsan

La date de sortie du film:

15.04.2015

Ce film est réalisé par

Uberto PASOLINI

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


J’ai du mal à m’expliquer pourquoi mais ce film me faisait vraiment envie. Et, alors que je pensais vraiment ne pas pouvoir le visionner, une heureuse conjonction (et des parents motivés) m’a permis de le voir, et même plus que ça, puisque la séance était à l’Eldorado, à Dijon, qui est, pour moi, un cinéma absolument mythique (et vous devez le savoir si vous me suivez depuis un certain temps). Pourtant, ce n’est pas le long métrage dont on a le plus entendu parler ces derniers temps. Il est vrai que l’on est bien loin des super productions américaines, des grosses comédies françaises ou même des films d’auteurs exotiques. Avec Une belle fin, Uberto Pasolini, dont c’est le premier film qui sort en France, prend le parti d’une voie beaucoup moins stéréotypée, de sorte que son long métrage est assez original, à la fois par son sujet, sa façon de le traiter et le ton utilisé, nous y reviendrons. Pourtant, au premier abord, on attendait pas forcément le neveu de Visconti (eh oui, il y a un petit piège assez amusant puisque, pour le coup, il n’a rien à voir avec Pier Paolo Pasolini, mais bien avec une autre légende du cinéma italien) sur un tel ton, puisqu’il est surtout connu pour être le producteur de l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma britannique, à savoir The Full Monty, dont j’ai quelques vagues souvenirs mais sans plus… Il avait aussi réalisé un long métrage resté inédit chez nous, bien qu’au titre assez improbable (Sri Lanka National Handball Team) et qui semblait pour le coup une vraie comédie. Avec Une belle fin, il s’attaque à un sujet a priori relativement casse-gueule, notamment du fait de son côté déroutant. Mais il parvient à signer l’un des plus beaux films de ce début d’année, rien que ça.

 

Ce qui marque principalement, c’est l’incroyable tendresse qui se dégage de cette œuvre. En effet, si c’est un mot que j’utilise assez rarement pour parler d’un long métrage, c’est vraiment le premier qui m’est venu à l’esprit en sortant de la séance. C’est notamment le cas par le traitement qui est fait du personnage principal, qui est presque de toutes les séquences. John May est observé avec un regard extrêmement bienveillant, lui qui est très loin des codes actuels et dont on a presque le sentiment qu’il s’est trompé d’époque : avec sa vie bien rangée, son costume toujours repassé, sa façon de regarder trois fois avant de traverser, il a tout du personnage presque trop caricatural qui finirait par énerver le spectateur. Mais ici, ce n’est pas du tout le cas car si les premières séquences nous montrent bien tous ces aspects, le reste du film va permettre de donner au personnage un côté presque décalé et drôle, parfois à la limite du burlesque (comme lorsqu’il regarde dans la même direction qu’une statue). Très vite, on a une véritable tendresse et une vraie empathie pour cet homme qui ne semble vivre que par procuration (scène assez bouleversante où il regarde l’album photo de toutes les personnes seules qu’il a enterrées). Et puis, il faut le dire, l’interprète est tout simplement incroyable, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Et c’est une juste récompense pour un acteur qu’on a l’impression d’avoir vu dans de très nombreux films, notamment dans des rôles de méchants un peu médiocres (il faut dire qu’il a bien le physique de l’emploi) et qui prouve ici qu’il peut être un très grand comédien, presque sans parler, mais en faisant passer énormément de choses dans son visage et, surtout, dans ses attitudes. Il est pour beaucoup dans la réussite globale d’Une belle fin.

 

Mais il faut aussi féliciter le réalisateur qui, grâce à une mise en scène très épurée, prend vraiment la peine de coller à son sujet, sans jamais en rajouter. On ne peut pas dire qu’il réinvente le cinéma, loin de là, mais il y a dans sa façon de réaliser à la fois une vraie maitrise mais aussi cette volonté de faire vraiment correspondre le fond et la forme (avec une deuxième moitié où la mise en scène se fait un peu moins statique), de ne rien brusquer et de conserver toujours une certaine retenue. Et ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’incroyable modestie de cette mise en scène car on sent vraiment que le réalisateur se met au service de son histoire et de son personnage principal et c’est rare que ce soit autant le cas (c’est d’ailleurs aussi le cas pour une musique qui ne fait qu’accompagner, sans jamais trop en faire). S’il doit y avoir un défaut à ce long métrage, il est plutôt à trouver du côté du scénario. En effet, si l’histoire de base est plutôt intéressante et si, en creux, ce film dit beaucoup de l’Angleterre (et de nos sociétés occidentales dans leur globalité), avec son côté incroyablement inhumain, tant dans les relations de travail que dans la manière où l’on peut très vite être oublié, j’ai trouvé l’ensemble un peu trop fléché par moments. Il y a finalement peu de surprises dans ce qui se passe au cours du long métrage. C’est plutôt dans la manière dont le drame (surtout), le côté social et la comédie (moins) sont entremêlés qu’il faut plutôt chercher l’originalité. Et, pour moi, il y a une minute en trop à la fin du film (et je sais que d’autres ne sont pas d’accord avec ce jugement et trouvent même cette conclusion splendide) mais elle n’a pas complètement refroidi mon enthousiasme global pour cette Belle fin. Alors que ce film a pour sujet de départ la mort, Uberto Pasolini signe là l’un des longs métrages porteur du plus de vie et d’espoir depuis pas mal de temps. Merci, tout simplement…



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JCT 08.05.2015, 08:01

Je me sens visé. J’ai adoré la fin du film, tout le film d’ailleurs. Voilà un cinéma humain, un regard très doux sur un homme qu’on imagine moqué par ses contemporains (la clique Canal +) pour son inadaptation à la vie moderne et à ses codes esthétiques, et une très belle histoire.


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