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TimFaitSonCinema
Jacques est dans une sacrée panade : il a été licencié de l’usine où il travaillait, sa copine l’a quitté et les dettes se font toujours de plus en plus importantes. Quand Gardot, le truand local, lui propose de gagne beaucoup d’argent en tuant sa femme, il n’hésite pas longtemps. Mais il ne sait pas encore qu’il se lance dans un drôle d’engrenage…
Verdict:

Si tout n’est pas vraiment maîtrisé, notamment dans le dernier tiers, et qu’on ne sait pas toujours dans quelle direction veut vraiment aller le film, il n’en reste pas moins qu’Un petit boulot est un film pas déplaisant à regarder, vraiment drôle par moments, porté par des dialogues au cordeau et des acteurs en forme. Une petite réussite, quoi…

Coup de coeur:

La qualité des dialogues

La date de sortie du film:

31.08.2016

Ce film est réalisé par

Pascal CHAUMEIL

Ce film est tagué dans:

Comédie policière

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 La Critique


Assurément, Pascal Chaumeil avait la carrure pour être l’un des réalisateurs de comédies populaires dont la France est plutôt friande. Il faut dire qu’il avait frappé fort avec L’Arnacœur en 2010 puisque cette comédie romantique un peu décalée avait remporté un vrai succès public (presque quatre millions d’entrée) mais également critique. La profession l’avait même reconnu avec pas moins de cinq nominations aux César, ce qui est particulièrement rare pour un film de ce genre. Celui qui avait débuté sa carrière en étant assistant de Luc Besson (notamment sur Léonou Le cinquième Element) et avait poursuivi en réalisant des épisodes de séries télé comme Engrenages ou Fais pas ci, fais pas ça (démontrant au passage un certain sens de l’éclectisme), tout en tournant un très grand nombre de publicités, avait clairement réussi son entrée dans le monde du cinéma, ce qui n’est pas toujours évident. Son deuxième long-métrage (Un plan parfait) que, personnellement, j’avais trouvé encore meilleur, a rencontré bien moins de succès (à peine plus d’un million de spectateurs), malgré la présence du plus que bankable Dany Boon, ce qui a un peu freiné son ascension. Pour se « refaire », il est parti tourné un film en anglais, avec un casting assez impressionnant (Pierce Brosnan, Toni Collette, Imogen Poots…) resté inédit chez nous, ce qui est assez incompréhensible. De retour sur le continent, il a été mis à la tête d’un projet porté notamment par un scénario de Michel Blanc qui adapte là un roman de l’écrivain écossais Iain Levison. Pour l’occasion, il retrouve Romain Duris, qui était de l’aventure pour son premier film. Malheureusement, Un petit boulot restera comme son dernier long métrage, puisqu’il s’est éteint à la toute fin de la post-production de son film (que l’on peut donc complètement considérer comme le sien). On ne saura donc jamais de quels succès aurait pu être fait la suite de sa carrière mais intéressons-nous d’abord à cette ultime œuvre, car elle le mérite.

 

Très rapidement, on est plongé dans une ambiance très sombre, puisque l’histoire se déroule dans une ville du Nord de la France où la principale usine a fermé et laissé sur le carreau de trop nombreux ouvriers. C’est donc l’exact opposé de la Côte d’Azur et ses palaces, là où se déroulait en grande majorité L’Arnacœur. D’ailleurs, si ce dernier était une vraie comédie romantique, même si c’est son côté quelque peu décalé qui lui donnait son charme, Un petit boulot est bien moins facile à mettre dans une case. En effet, on est dans ce que l’on peut appeler une sorte de comédie noire où l’histoire racontée est plutôt amusante mais où le fond social est très dur. Et c’est peut-être là à la fois une des qualités du film mais aussi l’un de ses principaux défauts. En effet, en jouant toujours sur une sorte de décalage, le scénario parvient à la fois à être drôle, avec un humour assez proche de celui des frères Coen (grinçant à souhait, mais également absurde, comme lors de la scène du commissariat), mais aussi émouvant par moments, notamment grâce à ce personnage de Tom, le meilleur ami de Jacques qui se bat pour conserver son emploi malgré toutes les difficultés. Mais le souci, c’est que l’aspect social de l’histoire n’est sans doute pas assez traité pour avoir un réel impact sur le film dans son ensemble. Il y a bien sûr quelques éléments (comme ce contrôleur de gestion infect joué par un Alex Lutz délicieusement à contre-emploi) mais ça reste trop peu pour que tout ce qui se trouve en arrière-plan de l’histoire principale donne au long-métrage plus de puissance de ce côté-là. C’est comme si le scénario avait peur de s’aventurer vraiment du côté de la comédie sociale à la Ken Loach, alors qu’il en a réellement la possibilité.

 

Le film en reste plutôt à ce qui s’apparente à son programme de base, même si le côté policier n’est pas non plus traité avec beaucoup de véhémence. Cela permet en tout cas au rythme de ne pas véritablement retomber, surtout dans une première moitié globalement meilleure que la seconde. En effet, au fur et à mesure que l’histoire avance, et que Jacques se retrouve vraiment pris dans une sorte d’engrenage (dont il ne cherche pas foncièrement à sortir d’ailleurs), le film se fait plus prévisible et donc moins convaincant. Et, honnêtement, la petite histoire d’amour n’est franchement pas utile à l’ensemble. On a l’impression qu’elle est parachutée là pour donner un peu de charme mais elle a surtout tendance à plomber le scénario, notamment du fait de son côté très peu crédible et franchement gnangnan. En fait, bien plus que par son scénario dans sa globalité qui, comme on l’a vu, manque de mordant et d’une ligne directrice claire, Un petit boulot vaut surtout pour la qualité des dialogues avec certaines répliques qui font vraiment mouche. Michel Blanc, qui campe un truand à l’allure générale un peu trop « gentille » pour être vraiment crédible, s’est d’ailleurs réservé les meilleures lignes du scénario avec des punchlines de haut-niveau. Rien que pour certaines, vraiment savoureuses, le film vaut le détour. Le jeu d’acteurs est aussi à souligner car si, au départ, on a vraiment du mal à se faire à Romain Duris dans ce rôle d’ouvrier du nord - lui que l’on connaît tellement dans d’autres compositions bien loin de cet univers -, il finit quand même par emporter la mise assez rapidement, faisant de son personnage un vrai petit bonheur de comédie. Gustave Kervern (un peu toujours dans le même rôle) ou encore Thomas Mustin sont de vrais bons seconds rôles, ce qui, dans ce genre de longs métrages, est toujours important.  On peut dire du dernier film de Pascal Chaumeil qu’il est globalement réussi et qu’il ne dépare pas dans une filmographie finalement bien trop courte.




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