Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Tom est un jeune publicitaire montréalais qui se rend dans la famille de son compagnon pour les funérailles de celui-ci Mais, arrivé là-bas, il se rend compte que personne ne sait qui il est et qui était vraiment le défunt. Le frère aîné, Francis, semble quand même avoir une petite idée, ce qui ne le ravit pas…
Verdict:

Un film qui, sans être forcément irréprochable, est par moments assez impressionnant et joue parfaitement d’une ambiance toujours un peu anxiogène. La mise en scène est davantage épurée que dans son long métrage précédent. Et ça réussit mieux à son auteur, très bon aussi devant la caméra, comme ses deux acolytes.

Coup de coeur:

Les trois acteurs principaux

La date de sortie du film:

16.04.2014

Ce film est réalisé par

Xavier DOLAN

Ce film est tagué dans:

Drame familial Thriller psychologique

Chargement...


 La Critique


Xavier Dolan, c’est déjà une carrière assez fascinante alors qu’il n’a que vingt-cinq ans. En effet, Tom à la ferme est son quatrième film en tant que réalisateur, à un âge où, dans le milieu du cinéma, on est rarement derrière la caméra. Et ce n’est pas fini puisqu’il a pour projet d’être en capacité de pouvoir montrer son nouveau projet au prochain Festival de Cannes (dont la sélection sera annoncée tout bientôt). En plus, chacun de ses longs métrages a connu un vrai succès, notamment auprès de la critique, du premier J’ai tué ma mère à Laurence Anyways, en passant par Les amours imaginaires. Tout cela en s’offrant un énorme buzz en réalisant un clip ultraviolent pour le groupe Indochine. Bref, Xavier Dolan, c’est un peu le prodige du cinéma actuel, du genre tellement précoce que ça en serait presque agaçant. Personnellement, je n’ai vu que son deuxième film et je ne l’avais pas beaucoup apprécié, trouvant surtout la mise en scène bien trop prétentieuse, comme si le réalisateur voulait absolument se donner un genre que son histoire ne lui permettait peut-être pas et qu’il voulait montrer tout ce qu’il savait faire (plutôt bien d’ailleurs, reconnaissons-le) avec une caméra. En somme, ce metteur en scène ne m’avait nullement impressionné et m’avait même un peu énervé. C’est un peu pour cela que je n’étais pas allé vois on film suivant. Mais, décidant que la période d’embargo était finie (elle ne fut donc pas bien longue), il était temps de donner une nouvelle chance au jeune québécois et voir ce qu’il était capable de faire pour la première fois avec une adaptation et donc une idée originale qui vient de lui. En effet, Tom à la ferme est tiré d’une pièce de théâtre (du même nom) que le dramaturge et le cinéaste ont adapté ensemble. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela réussit à Dolan puisqu’il signe un long métrage bien plus convaincant !

 

Ce qu’il faut d’abord dire, c’est que si certains codes du théâtre transparaissent de façon assez évidente – l’unité de lieu et l’unité de temps notamment – , on est très loin d’avoir l’impression d’assister à du théâtre filmé. En effet, Xavier Dolan signe un vrai film, avec une véritable mise en scène de cinéma. D’ailleurs, parlons-en tout de suite car c’est l’un des points (si ce n’est LE point) qui m’avait le plus dérangé dans Les amours imaginaires. Là, on ne peut pas dire que le réalisateur fasse preuve d’une totale sobriété, mais, néanmoins, c’est beaucoup plus posé dans la mise en scène avec moins d’envolées inutiles et un recentrage bienvenu sur les personnages. Bien sûr, il y a quelques passages un peu plus discutables au niveau du style (notamment ce changement de format au milieu d’une séquence) et une musique parfois un peu trop présente, mais, dans l’ensemble, c’est bien meilleur, comme si Dolan avait atteint une forme de maturité. Il faut aussi dire que son sujet lui impose d’être bien plus « calme ». En effet, on reste presque toujours au même endroit (cette ferme) et l’action est concentrée sur un temps assez court (trois semaines tout au plus). Surtout, cette histoire est très vite centrée sur deux personnages que tout oppose : Tom et Francis, le frère de son compagnon décédé. C’est autour d’eux que va se construire tout le long métrage et ce qui est assez fascinant, c’est la relation qu’ils vont peu à peu nouer. Elle est faite à la fois de dégoût, de fascination, de violence mais d’une certaine forme de tendresse. Bref, elle est complètement paradoxale et parfois totalement incompréhensible, et fait de Tom à la ferme un film souvent dérangeant car on ne sait plus bien où se placer en tant que spectateur. La séquence du tango est en ce sens assez symptomatique.

 

Ainsi, ce long métrage peut être assimilé à la fois à un drame familial (puisque c’est dans cette cellule que tout se déroule et on en sortira très peu) mais aussi et peut-être surtout à un véritable thriller psychologique, où tout est sujet à pression et manipulation. Dolan est en effet très doué pour faire monter une vraie tension au fur et à mesure que la relation centrale devient de plus en plus perverse. Il faut dire que, dans son genre, le frère est sans doute l’un des personnages les plus tordus que l’on ait vu depuis pas mal de temps au cinéma. Il est par moments vraiment flippant et a surtout des réactions parfois inattendues et surprenantes. En plus se trouve là au milieu un personnage lui aussi assez fou, celui de la mère, qui, pour le coup, ne sait pas grand-chose de ce qui se trame réellement mais qui va laisser exploser sa colère dans une scène mémorable. On peut tout de même regretter un côté sans doute un peu trop caricatural dans chacun des personnages qui sont des prototypes bien clairs et qui manquent un peu de nuances. Mais là où Tom à la ferme est fort, c’est qu’au bout d’une demi-heure, on a du mal à voir où le film va réellement nous emmener et comment il va pouvoir éviter d’être répétitif. Et, soit par petites touches, soit grâce à l’arrivée d’un nouveau personnage qui, à sa manière, vient de nouveau dérégler le semblant d’ordre qui s’était installé, le scénario évolue et prend même de l’ampleur. Les touches d’humour sont aussi présentes mais on rit toujours jaune et jamais franchement car il y a toujours un aspect un peu dérangeant dans ce qui est dit et montré. Tom à la ferme est vraiment le genre de long-métrage qui, malgré ses défauts, marque le spectateur parce qu’il ne peut pas laisser indifférent. C’est fort, intense, et parfois brillant. On n’en demande pas beaucoup plus, parfois…




 Rédiger Un Commentaire