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TimFaitSonCinema
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THE VOICES

Jerry mène une vie tout ce qu’il y a de plus ordinaire, puisqu’il habite à Milton, une petite ville américaine, travaille dans la société locale qui fabrique des baignoires et, célibataire, il essaie de séduire Fiona, la jeune anglaise qui travaille à la comptabilité. Mais il a aussi la particularité de parler avec son chat et son chien, surtout quand il ne prend pas ses médicaments…
Verdict:

Avec un ton très frais, des situations cocasses, un vrai mélange des genres, et un Ryan Reynolds retrouvé pour l’occasion, The Voices est un long métrage qui a vraiment son charme. Et ce qu’il dit en filigrane de la schizophrénie ne doit pas non plus être passé sous silence car c’est loin d’être inintéressant. Un film qui mérite qu’on s’y intéresse de près.

Coup de coeur:

Ryan Reynolds

La date de sortie du film:

11.03.2015

Ce film est réalisé par

Marjane SATRAPI

Ce film est tagué dans:

Inclassable

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 La Critique


Aussi étonnant que ça puisse paraître, The voices est le premier film de Marjane Satrapi que je vois. Pourtant, celle qui s’est fait connaître par la bande-dessinée, a connu une grande renommée en adaptant elle-même (avec l’aide de Vincent Paronnaud) son plus grand succès : Persepolis. Un Prix du Jury au Festival de Cannes, une nomination à l’Oscar du meilleur film d’animation (battu par Ratatouille, quand même), un César du meilleur premier film,… Bref, c’était l’un des événements cinématographiques de l’année et, sans que je ne me l’explique trop, j’étais passé à côté… Ses deux films suivants (Poulet aux prunes et La Bande des Jotas), eux, ont connu moins de succès. Le premier était encore une adaptation d’un de ses albums et le second, son premier « vrai » film (où elle jouait également le rôle principal), était passé complètement inaperçu sur les écrans mais pas dans la presse où il s’était fait littéralement dézinguer. On peut considérer ce long métrage comme une sorte d’essai et donc faire de The Voices son véritable premier film de fiction. Pour cela, elle s’est engagée dans un drôle de projet, où on ne l’attendait pas forcément. En effet, il s’agit d’un film tourné en Allemagne, mais ayant pour lieu une ville typique des Etats-Unis et réunissant un casting anglophone (acteurs canadiens, anglais et américains, qui plus est). Pour corser le tout, le scénario fait partie depuis pas mal de temps de la fameuse black list (une sorte de sondage annuel qui recense les meilleurs scénarios qui n’ont toujours pas été produit). Autant dire que le projet dans sa globalité avait quelque chose d’assez détonnant et, forcément, d’excitant. Ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre, j’ai un peu hésité avant d’aller voir ce film et je n’ai finalement pas été déçu du voyage puisque, avec The Voices, Marjane Satrapi offre l’un des films les plus délicieusement inclassables depuis longtemps.

 

En effet, et c’est peut-être ce qui caractérise le plus ce long métrage, il est presque impossible de le faire rentrer dans une « case » (comme on aime tous bien le faire). Si on voulait résumer rapidement, on pourrait dire que c’est en fait un croisement entre la comédie et le film d’horreur. Ce n’est ni le premier ni le dernier film à s’essayer à ce mix pas toujours facile à doser. Mais, là où ça va un peu plus loin c’est qu’on ne peut pas s’arrêter à une telle définition puisqu’il manque quand même une bonne partie du propos du long métrage, plus sérieux même si c’est toujours en arrière-plan. Il s’agit de tout ce qui tourne autour d’une réflexion pas complètement vaine sur la schizophrénie et ses conséquences. Ce qui est fort dans The Voices, c’est justement la manière dont tout cela s’imbrique de façon presque naturelle et le mélange entre l’humour et l’horreur fonctionne très bien car, justement, le scénario ne s’engage jamais complètement dans l’une des voies. Alors, oui, c’est vrai que l’on peut un peu regretter que l’aspect « policier » du film soit complètement oublié (de fait que le personnage principal n’est en fait jamais vraiment en danger) ou que la fin du film tienne un peu moins la route mais cela répond aussi à une volonté qui, assumée comme ici, passe finalement plutôt bien. Le tout s’inscrit dans un univers assez drôle puisque c’est celui d’une certaine Amérique que l’on pourrait qualifier d’intemporelle : celle des petites cités industrielles qui tournent autour d’une fabrique où tout le monde (ou presque) travaille, avec leur bowling, leur pub et leur restaurant chinois. Tout cela mis bout à bout donne à ce long métrage un aspect vraiment sympathique. Et, globalement, on peut en parler comme d’un vrai petit plaisir de cinéma.

 

Car, franchement, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi ouvertement barré : le fait que des animaux parlent, passe encore, mais que des têtes sans corps le fassent aussi (avec des effets spéciaux magnifiques), c’est déjà un peu plus rare. Et là, je ne parle même pas du générique de fin qui est sans doute la chose la plus déjantée qui m’ait été donnée de voir (inracontable tant tout est lunaire, de la musique aux déguisements). Et, en plus, le scénariste s’est clairement fait plaisir sur les dialogues puisque la plupart sont très savoureux avec une petite préférence pour ceux avec les animaux (et surtout le chat, un vilain absolument génial). L’ensemble se tient bien aussi parce que les acteurs sont au diapason avec une vraie mention spéciale pour Ryan Reynolds qui s’était un peu égaré ces derniers temps (il a payé très cher l’énorme ratage de Green Lantern). Il est excellent ici dans ce rôle de simplet dépassé par ses pulsions. Les actrices sont elles aussi tout à fait dans le ton et donnent une belle énergie à tout le long métrage. Mais, au-delà de tout cet aspect presque fun de l’ensemble du film, The Voices est loin d’être dénué d’intérêt dans ce qu’il raconte de la schizophrénie car c’est en effet là que se situe le cœur du film : si Jerry voit la vie en rose (surtout dans son entreprise…) c’est parce qu’il est malade et, lorsqu’il prend les médicaments, on voit (enfin) le monde tel qu’il est véritablement et c’est beaucoup moins joyeux. On regrette presque de ne pas plus pouvoir observer cette différence de point de vue car, finalement, on reste très majoritairement sur celui de Jerry. Finalement, tout au long de cette histoire, ce sont ces deux mondes (le réel et l’imaginaire) qui vont s’affronter avec un homme qui ne sait pas vraiment où donner de la tête entre une réalité angoissante et un imaginaire rassurant. Et on va même nous montrer d’où vient cette schizophrénie, dans un passage assez fort. Même si tout cela passe un peu au second plan, il me semble que c’est là le réel intérêt de The Voices et là où il arrive à (un peu) dépasser ce qui peut presque s’apparenter au départ à une bonne blague de scénariste.




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