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TimFaitSonCinema
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THE SESSIONS

Mark O’Brien est atteint de polio depuis l’âge de six ans. Cela ne l’a pourtant pas empêché de devenir poète et journaliste. Alors que sa vie se déroule principalement dans un poumon d’acier, il cherche quand même une relation amoureuse…
Verdict:
Un film à la fois intelligent et « doux » sur un sujet pour le moins complexe à traiter. La performance des trois acteurs principaux, et surtout celle de Helen Hunt, donne à ce long métrage une vraie force.
Coup de coeur:

Helen Hunt

La date de sortie du film:

06.03.2013

Ce film est réalisé par

Ben LEWIN

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Ben Lewin n’est pas le réalisateur le plus connu des Etats-Unis, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, entre la réalisation de séries télé (dont Ally McBeal), il a mis en scène quatre films en un peu moins de quarante ans, dont aucun ne reste vraiment dans les mémoires. Son précédent a même été réalisé il y a presque vingt ans. Néanmoins, il a réussi à faire parler de lui l’année dernière en remportant notamment le Prix du public américain de la fiction au célèbre Festival de Sundance avec son nouveau film. Celui-ci a aussi été récompensé lors de cérémonies annuelles un peu moins prestigieuses, notamment pour le jeu des acteurs (Helen Hunt a même été nominé aux Oscars pour meilleur second rôle). Il faut dire que ce The Sessions n’est pas un long métrage qui passe facilement inaperçu car il aborde un sujet à la fois complexe et polémique (en France, notamment) : l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées. Car, pour son retour derrière la caméra, Ben Lewin a décidé d’adapter un article écrit par Mark O’Brien et racontant comment la rencontre avec une assistante sexuelle a changé sa vie d’homme très lourdement handicapé. Dis comme cela, ce film pourrait sembler assez glauque ou, en tout cas, dérangeant. Mais, dans les faits, il n’en est rien car Ben Lewin trouve le bon ton et la distance appropriée pour s’intéresser à cette question. Il signe ainsi un long métrage pas renversant mais vraiment de qualité.

Le film débute par ce qui semblent être des images d’archives de Mark O’Brien recevant son diplôme de l’Université de Berkeley. D’entrée, le long-métrage s’inscrit donc dans le côté « histoire vraie » qui est, il faut bien le dire, un peu agaçant. Mais, bon, en même temps, c’est le cas et c’est bien un petit moment du destin de ce poète et journaliste qui va nous être montré. Car le film adopte un angle particulier et une période précise, en ne se contentant pas de dérouler le parcours de cet homme. Non, ce qui est au cœur du film, ce sont bien ces quatre séances avec une assistante sexuelle et The Sessions délaisse ainsi ce qui est superflus. Le début de la vie adulte de Mark O’Brien passe en accéléré. On saisit néanmoins les souffrances de cet homme, à la fois physiques mais aussi psychologiques. Un sentiment amoureux nait par exemple avec une assistante mais cela se finit mal car les sentiments ne sont pas vraiment réciproques. Cette histoire, racontée en deux-trois minutes permet vraiment de poser des bases de compréhension du reste. C’est en fait finalement l’arrivée d’un nouveau prêtre dans la paroisse, avec qui il va construire une relation de confiance, qui va bouleverser le personnage. A partir de là, le film se ralentit bien plus et on rentre peu à peu dans le cœur du sujet : la sexualité chez une personne très lourdement handicapée.

Forcément, cela soulève des questions et le film ne les élude jamais. C’est le cas notamment du rapport à la prostitution ou encore du regard des autres. Mais en les traitant de façon très naturelle, mais aussi très fine, The Sessions a le grand mérite de montrer ce qu’il est possible et quel impact cela peut avoir sur une personne handicapée. Après, on reste dans un cas très particulier et le fait que ce soit une histoire vraie renforce cet aspect. Ce n’est pas forcément facilement ou automatiquement généralisable mais, au moins, ce film nous aura permis de nous interroger sur cette problématique. Si le film n’est ni glauque ni misérabiliste, c’est en grande partie grâce au regard extrêmement doux qu’il pose sur le personnage principal mais aussi l’assistante sexuelle. De plus, Mark O’Brien a une bonne dose d’autodérision sur sa condition et cet humour, parfois grinçant, permet au film de ne jamais tomber dans la sinistrose à laquelle un tel sujet pouvait pourtant pousser. Au contraire, ce film respire une vraie sensibilité, une vraie tendresse. Quelque chose de « doux » se dégage en quelque sorte de ce film, sans que cela soit forcément simple à expliquer. Cela tient à la fois de l’ambiance, du jeu des acteurs et d’une mise en scène assez minimaliste qui place au centre le personnage principal. Il y a quand même quelques petites longueurs et des éléments un peu plus discutables, mais, dans l’ensemble, on les oublie assez vite.

De plus, dans ce film, Helen Hunt est assez formidable. Elle interprète Cheryl, cette assistante sexuelle qui va beaucoup aider Mark à prendre confiance en lui. Son rôle est loin d’être évident car son personnage est toujours à la limite émotionnellement par rapport à son client. On sent une certaine attirance tout en distance (ces rapports qu’elle dicte comme autant de diagnostics médicaux). Elle rend parfaitement les sentiments ambigus qui niassent peu à peu, notamment dans la relation avec son mari, avec qui on a l’impression qu’elle voudrait parler tout en en étant incapable. John Hawkes, lui, dans un rôle plus « facile » car davantage marqué, s’en sort aussi très bien. Ses expressions de visage disent bien les sensations par lesquelles il passe. William H. Macy, lui, est impeccable dans ce rôle pas inintéressant du tout de prêtre qui va aider John en l’écoutant et en lui ouvrant à d’autres possibilités. On regrette presqu’un peu qu’il ne soit pas plus mis en valeur et qu’il ne serve parfois qu’à un rôle de réceptacle de la parole du personnage principal et donc de remplaçant d’une voix-off difficilement contournable ici). Avec la conjugaison de ces trois acteurs, The Sessions gagne en densité et en intérêt.



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