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TimFaitSonCinema
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THE SEARCH

La deuxième guerre de Tchétchénie vient de débuter et Hadji, un jeune enfant de neuf ans, se retrouve seul alors qu’il a assisté à la mort de ses parents. Parti dans une ville où se trouvent de multiples réfugiés, il rencontre Carole, une jeune femme qui travaille sur les droits de l’homme. Pendant ce temps-là, Kolia, une jeune Russe, va découvrir dans l’armée une nouvelle réalité qu’il ignorait jusque-là…
Verdict:

The Search est un film qui a le mérite d’aborder un sujet compliqué et sans doute trop oublié et qui, par moments, réussit à le faire correctement. Il est juste dommage que l’ensemble soit bien trop manichéen, que trois films cohabitent en un et que le personnage de Bérénice Béjo soit à ce point raté… Belle intention, sans doute, mais pas assez bien mise en image…

Coup de coeur:

Abdul Khalim-Mamatsuiev

La date de sortie du film:

26.11.2014

Ce film est réalisé par

Michel HAZANAVICIUS

Ce film est tagué dans:

Drame Film choral Film de guerre

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 La Critique


Avec son nouveau film, on ne peut pas dire que Michel Hazanavicius ait choisi la facilité, et c’est tout à son honneur. En effet, depuis 2011 et le succès de The Artist (Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur, faut-il le rappeler), on se demandait bien de quoi allait être fait la suite de la carrière de ce réalisateur qui s’était fait connaître au départ avec ses comédies : le mythique La classe américaine : le grand détournement pour la télé puis les deux volets (1 et 2) de OSS 117, devenus cultissimes (pour moi en tout cas). Ce qui rapprochait tous ses films, c’était le côté « hommage détourné » (aux grands films américains, aux comédies d’espionnage ou aux films muets) et Hazanavicius avait justement le don pour s’en approprier les codes et réussir à suffisamment s’enservir afin de créer des films très réussis tant sur la forme que sur le fond. Depuis le triomphe de 2011, on a parlé de projets à Hollywood (pas le truc le plus rassurant quand on voit les exemples récents de réalisateurs européens partis de l’autre côté de l’Atlantique…) ou encore d’un possible troisième volet d’OSS 117. Bref, les rumeurs ont été nombreuses et s’il y a bien un terrain où on ne l’attendait pas forcément, c’était du côté du film de guerre, avec un remake  d’un classique de la fin des années 40 (Les Anges marqués de Fred Zinnemann), le tout déplacé dans la fin des années 90, sur le terrain de la seconde guerre de Tchétchénie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est vraiment « courageux » de la part du réalisateur et cela à au moins deux titres. Le premier est le fait qu’il s’éloigne clairement de sa « zone de confort » et le second qu’il s’attaque à un conflit finalement très récent mais qui, en même temps, a toujours été passé un peu sous silence, malgré les horreurs commises et la relative proximité géographique. Courageux, oui, mais réussi ? C’est malheureusement là que se pose le principal problème de The Search

 

Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir trouvé ce film très moyen, car, à regarder quelques critiques, The Search s’est fait littéralement démolir, et ce dès sa présentation à Cannes en mai dernier. D’ailleurs, depuis, Hazanavicius a refait le montage du long métrage, en supprimant environ une demi-heure, ce qui montre bien qu’il a prêté d’une certaine façon attention aux remarques qui étaient faites. Mais, on pouvait s’interroger sur le bien-fondé d’un tel déferlement négatif. Cela ne constituait-il pas une sorte de retour de bâton d’une critique qui n’aime jamais trop le succès trop important d’un réalisateur ? Il y a peut-être un peu de cela mais, après avoir vu The Search, je me suis surtout dit que, malgré un vrai projet de cinéma – intrigant et excitant – et toutes les bonnes intentions du monde, Michel Hazanavicius avait surtout raté son coup... Néanmoins, même si, personnellement, le film a été très loin de me séduire, je resterai bien plus mesuré car, honnêtement, on a vu pire dans le cinéma français et le long métrage a même ses qualités. C’est juste que le nombre de défauts est plus important… En fait, en sortant de la salle, on se demande si le réalisateur n’a pas été pris à son propre piège. C’est en effet un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps et qu’il a justement pu mettre sur pied grâce à The Artist. Et montrer le conflit tchétchène est quelque chose de louable car, justement, c’est une guerre dont on sait très peu de choses, si ce n’est qu’elle fut très violente. Mais, pour autant, était-il obligé de faire un film aussi manichéen où les méchants sont très méchants (les Russes, vous l’aurez compris) et les gentils aussi gentils ? Je ne suis nullement là pour défendre les Russes et je n’ai pas de connaissances précises sur ce qu’il s’est vraiment passé. Mais là, le discours général est tellement clair et net que le spectateur est presque pris en otage en regardant le film. Et, avec ce genre de procédé, j’ai toujours un peu de mal…

 

Et, en fait, ce qui est sans doute le plus dommageable, c’est que ce n’est pas vraiment un film sur la guerre en Tchétchénie mais plutôt un long métrage qui parle d’un conflit qui pourrait se dérouler à peu près n’importe où avec des problématiques que l’on retrouve partout (déplacés, horreurs, transformation de l’homme en bête à tuer,…). Finalement, pas grand-chose de singulier ne ressort, du fait sans doute aussi d’un discours globalement trop simpliste et pas assez précis sur les particularités de ce conflit. A la place, on a droit à une quantité de grands discours assez lénifiants sur la guerre et ses problèmes, sur l’engagement occidental inexistant,… Encore des sujets de fond mais qui, traités comme cela, deviennent presque énervants. Et c’est là que le personnage central de Carole est vraiment problématique car, justement, c’est elle qui profère toutes ces belles paroles particulièrement naïves et à la longue vraiment agaçantes. Et puis, même sa relation avec le petit enfant est étrange : on ne comprend jamais bien son comportement et, parfois, elle est même complètement incohérente. C’est honnêtement l’un des personnages les plus étranges que j’aie pu voir au cinéma dernièrement, et, visiblement, Bérénice Béjo elle-même ne sait pas bien quoi en faire et elle finit par se perdre complètement. C’est renforcé par le fait qu’elle a face à elle la vraie révélation du film, un jeune garçon assez étonnant qui, sans dire un mot ou presque, fait passer beaucoup de choses sur son visage. Lui, justement, est loin des grands discours, mais il en dit bien plus. On aurait presque aimé que le film soit centré uniquement sur lui et non sur trois histoires en parallèle : celle de Hadji et Carole, celle de la sœur de Hadji, parti à sa recherche et, enfin, celle de Kolia, un jeune garçon russe qui va se faire enrôler dans l’armée russe et finir lui-même en Tchtchénie. Et cette construction est aussi l’un des vrais soucis du film…

 

L’introduction est assez intrigante avec cette vue à travers le prisme d’une caméra documentaire mais elle met tout de suite dans l’ambiance, et autant dire qu’elle n’est pas joyeuse, loin de là. On ne comprendra qu’à la toute fin ce que cette séquence signifie, dans un mouvement un peu trop artificiel pour être vraiment réussi. A partir de là débutent finalement les trois films qui vont cohabiter pendant plus de deux heures et qui, s’ils finissent par se rejoindre, n’arrivent jamais à former un tout homogène. C’est surtout le cas car tout est un peu trop déséquilibré tant dans l’intérêt que le spectateur porte à chacune des parties que dans la façon dont c’est traité. Par exemple, la partie que l’on qualifiera de russe (globalement, l’endoctrinement d’un jeune garçon tout doux au départ qui va devenir une brute) ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à réaffirmer que « la guerre, c’est mal et ça détruit la jeunesse », autant dire pas une révolution de pensée. Pourtant, sans qu’il y ait grand-chose de nouveau, ce sont sans doute les passages les plus forts car ils évitent la surenchère du discours sur l’image que l’on trouve dans les autres passages. Car tout ce qui concerne Hadji et sa sœur est empreint d’une incroyable capacité à tout surligner, et à ne plus laisser le choix au spectateur qui devrait forcément être ému. Cela finit par venir un peu vers la fin mais on a tellement l’impression d’avoir été « manipulé » que le charme est clairement rompu depuis longtemps. En voulant peut-être traiter trop de choses et en ne réussissant pas à former un ensemble homogène, Michel Hazanavicius finit par perdre un film qui s’étire en longueur sans que l’on ne sache véritablement pourquoi par moments. Et c’est encore plus frustrant car, clairement, le réalisateur sait faire avec une caméra et certaines séquences le prouvent encore. Mais là, il a sans doute raté sa cible, sans doute emporté dans un élan qui finit par lui coûter cher…




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