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TimFaitSonCinema
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THE REVENANT

Hugh Glass est trappeur et son groupe est attaqué par des indiens. S’en sortant indemne avec une dizaine d’hommes, il doit tout faire pour s’échapper, mais, blessé gravement par un ours, il est finalement laissé pour mort. Il va alors se lancer à travers les territoires hostiles pour retrouver celui qui est à l’origine de tout cela et assouvir sa soif de vengeance…
Verdict:

Iñárritu nous offre avec The Revenant un long métrage un peu dingue. Sublime par moments, joué avec une très grande intensité, le film souffre par moments d’un côté d’un manque de naturel, tant dans la réalisation que dans l’interprétation parfois à la limite de DiCaprio. Un grand film, oui, évidemment. Un chef d’œuvre, non.

Coup de coeur:

Certaines séquences, vraiment magistrales

La date de sortie du film:

24.02.2016

Ce film est réalisé par

Alejandro González IÑÁRRITU

Ce film est tagué dans:

Film d'aventure Western

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 La Critique


Cette fois-ci, le réalisateur mexicain a pris tout le monde de court. Lui qui laissait passer entre trois et quatre ans entre tous ses longs métrages, en enchaîne deux en autant d’années. Et ce qui est sans doute le plus marquant, c’est que ces deux œuvres connaissent un très grand succès critique puisque Birdman a remporté l’Oscar du meilleur film en 2015 alors que lui était récompensé en tant que réalisateur et scénariste. Cette année encore, The Revenant fait figure de favori avec pas moins de douze nominations aux Oscars. Cela fait actuellement d’Iñárritu le réalisateur vraiment à la mode. Il faut dire que le Mexicain n’est pas non plus un inconnu, loin de là. Personnellement, je suis tombé en admiration devant ce réalisateur avec son deuxième film – 21 Grammes – qui reste comme l’un de mes premiers souvenirs vraiment marquants au cinéma : sa construction labyrinthique et sa puissance dramatique m’avaient saisi (Amours Chiennes, son premier film, était un peu dans le même genre). Ses œuvres suivantes m’ont moins convaincu, entre un Babel au scénario pour le coup trop éclaté et un Biutiful bien trop plat. Même sur Birdman, je reste assez circonspect, reconnaissant sans peine la performance technique et la forme brillante, mais étant beaucoup moins emballé par le fond. Ce qui est peut-être le plus étonnant quand on parle de The Revenant, c’est que s’il est réalisé par ce qui s’apparente à un grand nom du cinéma actuel, il est tout de même présenté avant tout comme le nouveau film de Leonardo DiCaprio. Il faut dire que ce dernier est à la fois l’un des acteurs les plus réputés mais aussi l’un des plus rares au cinéma avec un ou deux (grand maximum) films par an, avec, la plupart du temps, des performances vraiment marquantes. La question que l’on se pose est la suivante : la rencontre entre ces deux talents fait-elle des étincelles, afin de nous offrir un film inoubliable ?

 

La réponse est loin d’être simple à donner de cette manière et, en fait, je me rends compte que j’ai vraiment du mal à me faire une véritable opinion sur The Revenant, même quelques jours après la séance. La question n’est pas de savoir si c’est un bon long métrage car ça l’est, sans aucune contestation possible. Mais, peut-on pour autant le faire grimper dans la catégorie des très grands films, ceux que l’on peut considérer comme des chefs d’œuvre ? Là, je suis honnêtement beaucoup plus circonspect et plusieurs éléments m’ont dérangé et m’ont empêché d’être complètement emporté par cette œuvre. Déjà, il y a un premier aspect, qui n’est pas directement lié au film en lui-même mais plutôt à sa promotion. En effet, outre le fait que tout (ou presque) soit centré sur la seule performance de Leonardo DiCaprio, c’est surtout ce qu’on a pu entendre en boucle sur le tournage qui finit par être agaçant et fait que l’on a du mal à voir le film sans a priori. En effet, réalisé dans des conditions parfois épouvantables (tant il faisait froid) et soumis à l’extrême exigence de son metteur en scène et de son chef opérateur (qui ne voulaient tourner qu’en lumière naturelle), The Revenant a connu un tournage chaotique, marqué par le départ de nombreux techniciens. C’est d’ailleurs assez étonnant de voir ce film sortir si peu de temps après Birdman, dont le tournage a également dû être assez gratiné, pour d’autres raisons, plus techniques. Après avoir entendu tout cela, on se dit que l’on a affaire là au projet le plus ambitieux du Mexicain, du genre que l’on peut se permettre quand on n’a plus rien à prouver et on espère nécessairement quelque chose de dantesque. Finalement, le résultat n’est pas vraiment à la hauteur de ces attentes sans doute démesurées et la déception n’en est que plus importante.

 

Mais le film en lui-même mérite largement que l’on s’y attarde car il y a des choses à dire, tant sur le fond que sur la forme. Et la vraie contradiction que l’on peut remarquer dans ce film, et qui lui donne son aspect singulier, se trouve au niveau de la notion de réalisme. En effet, on ne peut pas dire que le scénario recherche une vraie crédibilité tant Hugh Glass apparait presque comme un être surhumain, capable de se relever de tous les obstacles. Il résiste au froid, évite les flèches, ses blessures disparaissent rapidement et une nuit dans un « logement insolite » le fait ressortir presque comme « tout neuf » (comme une seconde naissance). Mais, en même temps, la manière de filmer d’Iñárritu n’a peut-être jamais été aussi réaliste, aussi proche de l’action. Ainsi, le spectateur est emporté au milieu des combats avec les indiens, ou avec l’ours (quelle scène) autant que dans les tempêtes de neige. Cette mise en scène permet au spectateur de vraiment ressentir ce que peut vivre le personnage et c’est en ce sens une grande réussite. Et on peut dire que l’on se prend quelques claques cinématographiques tant certaines séquences tiennent presque du génie. L’attaque des indiens, dès les premières minutes du film, est ainsi un grand moment de bravoure, avec un plan très long, maitrisé à la perfection et d’une très grande lisibilité. Franchement, on ne peut qu’être impressionné devant des scènes aussi sublimes. Le réalisateur est aidé pour cela par le formidable travail d’Emmanuel Lubezki à la photographie, qui donne à l’image une tonalité particulière et qui maitrise parfaitement la manière de filmer la nature. D’ailleurs, on reconnaît bien le style de Terrence Malick à certains moments (Lubezki est son chef opérateur attitré depuis Le Nouveau monde) avec, notamment, ces plans d’arbres en contre-plongée, ce qui n’est pas pour me déplaire…

 

D’ailleurs, on sent que le scénario s’est également inspiré d’une narration chère à Malick avec des « respirations » poétiques, que ce soit sous forme de flashbacks (pas forcément les meilleurs moments du film) ou tout simplement de plans de nature presque « gratuits ». Cela permet au spectateur de reprendre son souffle car, globalement, l’action et une forme de tension sont omniprésentes car on ne suit pas seulement le destin de Glass mais aussi celui du groupe de trappeurs auquel il appartenait ainsi que des indiens qui sont à leur trousse. La musique, sans doute un peu trop présente et pesante par moments, renforce cette tension de tous instants. Au-delà de cette « simple » histoire de vengeance, il y a également toute une dimension symbolique qui est extrêmement importante car, en fait, The Revenant est un film qui nous raconte à sa manière la naissance de l’Amérique que l’on connaît aujourd’hui et la construction de son identité. Ainsi, au travers de cette histoire de vengeances entre deux hommes, ce sont également deux conceptions de la vie dans sa globalité qui s’opposent, les deux étant constitutives des Etats Unis d’aujourd’hui. On a d’un côté Glass, le trappeur guidé par sa morale et sa foi en Dieu, et de l’autre Fitzgerald : raciste, sans foi ni loi, comme une première figure de celui prêt à tout par appât du gain. Leur duel final (dont je ne vous dévoile pas le vainqueur), est ainsi bien plus symbolique qu’il n’y paraît. Ce Fitzgerald est essentiel dans tout le récit et je voulais ici saluer la performance assez incroyable de Tom Hardy dans ce rôle : d’une intensité de tous les instants, il habite son personnage et se permet le luxe de ne pas être réellement éclipsé par le jeu de Leonardo DiCaprio, dont on reparlera un peu plus tard.

 

En fait, ce qui m’a sans doute le plus embêté, c’est l’aspect presque « artificiel » qui ressort trop à certains moments. Car le vrai souci avec Iñárritu n’est pas qu’il ne sait pas filmer, bien au contraire… C’est plutôt qu’il maitrise parfaitement son art et que, de façon assez claire, il en a conscience et a beaucoup de mal à le cacher. Alors, lors de nombreuses séquences, il y a toujours le petit truc en trop (un mouvement de caméra, un plan) qui rajoute la couche qu’il ne fallait pas et qui fait passer du sublime à l’agaçant, en perdant surtout une bonne dose de naturel. On voit alors les artifices et c’est toujours dommage. On a le sentiment que, d’une certaine manière, comme son personnage central, poussé par un désir de vengeance que rien ne semble pouvoir arrêter, le metteur en scène est lui aussi jusqu’au-boutiste dans sa réalisation et ça peut le desservir par moments. Quelques longueurs sont également à relever avec, là encore, des plans qui alourdissent inutilement l’ensemble. Et, enfin, on ne peut pas éviter d’évoquer l’interprétation de DiCaprio car, si on a autant parlé de sa performance, c’est parce que celle-ci devrait lui offrir l’Oscar du meilleur acteur, celui qu’il attendait depuis toujours et qui s’était refusé à lui, parfois de manière assez incompréhensible. Personnellement, je l’ai trouvé très bon, mais c’est le type de rôle qui a du mal à réellement me convaincre tant on a le sentiment qu’il en rajoute toujours un peu (là, dans le côté presque animal : bave aux lèvres et grognements sourds à répétition). Bien sûr, c’est son personnage qui veut cela mais je trouve que l’ensemble manque un peu trop de naturel pour être réellement éblouissant. C’est sans doute en fait le problème majeur de ce long métrage : formidable démonstration du talent du réalisateur et de l’acteur principal, mais qui ne parvient jamais à être assez spontané pour être complètement convaincant.



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Fiz 02.03.2016, 20:05

Ce film d'Inarritu vaut le détour, sans être un très grand film en effet.
Pour le positif :
- le film est visuellement splendide! Ce western a l'originalité de se passer dans le froid du grand Nord : les images de la nature et des immensités neigeuses sont superbes.
- le film maintient bien sous tension pendant les 2h30, avec des scènes de combats très réalistes et spectaculaires entre trappeurs et indiens, et bien sûr la scène de l'attaque du grizzly sur Di Caprio au début du film qui est assez impressionnante.
Pour le négatif :
- l'aspect caricatural des personnages et le coté démonstratif du film (tout est surligné) : ces 2 réserves tiennent au genre du western, mais aussi à la réalisation très "à l'américaine" de ce cinéaste mexicain.
En résumé, malgré ces réserves, c'est un film que je conseille!


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