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TimFaitSonCinema
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ROOM

Jack a cinq ans et vit depuis qu’il est né avec sa mère, dans une seule chambre, de laquelle ils ne peuvent pas s’échapper. C’est tout son monde et sa mère fait tout pour le rendre le plus normal possible. Un jour, elle décide de tout tenter pour les faire sortir, même s’ils ne sont pas forcément préparés à ce qui les attend dehors.
Verdict:

Même si l’ensemble manque un peu de sobriété dans la mise en scène, Room est un drame poignant qui parvient parfaitement à lier tous les aspects de la relation extraordinaire entre une mère et son fils. Le film est également porté par un duo de comédiens exceptionnels entre une Brie Larson criante de vérité et un Jacob Tremblay, révélation absolue du long métrage.

Coup de coeur:

Le duo d’acteurs principaux

La date de sortie du film:

09.03.2016

Ce film est réalisé par

Lenny ABRAHAMSON

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Chaque année (ou presque), un film indépendant fait sensation tout au long de l’année aux Etats-Unis avant de finir sa course par des nominations aux Oscars, sorte de point d’orgue à une carrière qui l’aura vu triompher dans un grand nombre de festivals. Ces longs métrages démontrent que, hors des grandes maisons de production, il existe également un cinéma indépendant vivant et, parfois, passionnant, bien loin des superproductions qui « polluent » parfois un peu le paysage. On peut penser ici aux Bêtes du Sud Sauvage, à Whiplash ou même, avant cela, à Little Miss Sunshine, autant de films qui ont connu à la fois un succès critique, public et en termes de récompenses diverses et variées. Ce sont aussi des œuvres qui nous ont fait découvrir des réalisateurs (Benh Zeitlin ou Damien Chazelle) et des comédiens (Quvenzhané Wallis, Abigail Breslin ou encore Paul Dano) dont on espère entendre reparler dans les prochaines années. Bref, c’est le cinéma américain alternatif que l’on aime bien et dont la crème de la crème sort sur nos écrans en France. En 2015, c’est donc Room qui a connu ce parcours. A la réalisation, on trouve un metteur en scène irlandais d’origine, qui n’avait pas trop fait parler de lui jusque-là. En effet, ses quatre premiers longs métrages ont connu des succès mitigés et s’ils étaient déjà sélectionnés dans différents festivals, ils n’avaient jamais réussi à se faire plus remarquer que cela. Même Frank, son dernier film, avec quand même Michael Fassbender et Maggie Gyllenhaal dans les rôles principaux, était passé complètement inaperçu lors de sa sortie en France. C’est finalement en adaptant le roman d’une romancière elle-aussi irlandaise (qui signe d’ailleurs le scénario) et en allant tourner au Canada que Lenny Abrahamson finit par obtenir une certaine reconnaissance. Son film Room mérite-t-il pour autant le « titre » de film américain indépendant de l’année ?

 

Si le long métrage est issu d’un roman, l’histoire en elle-même est inspirée de plusieurs faits divers : une femme est retenue par un homme et, dans le cas présent, un enfant est né de cette relation. On le comprend assez vite et Room ne cherche pas à jouer sur un quelconque mystère par rapport à ça. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est que le long métrage ne s’intéresse finalement pas à l’aspect glauque de la situation. Evidemment, certaines séquences nous font ressentir l’horreur de la condition de ces deux êtres, mais c’est surtout parce qu’on se l’imagine. Car, en fait, le long métrage se déroule presque exclusivement à travers les yeux de ce jeune enfant qui vient d’avoir cinq ans et pour qui le monde dans sa globalité est compris dans cet espace clos et pour qui tout ce qui se passe dans la télévision n’est en fait que pure invention. Le début du film est ainsi assez fascinant car on prend conscience de la façon dont sa maman a véritablement construit un univers propre afin qu’il puisse avoir des repères. C’est la première partie du film et elle est à la fois passionnante et particulièrement émouvante. Un jour, cette maman prend conscience qu’une telle existence ne peut plus durer et elle va alors tout mettre en œuvre pour les faire sortir de cette chambre, tout en expliquant à son fils qu’elle lui a menti depuis le début et que le monde, c’est bien autre chose que ce qu’il vit depuis sa naissance. Et là, la scène de l’évasion est un grand moment de cinéma puisqu’à la tension inhérente à ce genre de scènes (Jack parviendra-t-il à exécuter le plan mis en œuvre ?) se rajoute la découverte par cet enfant du « vrai monde » où le ciel n’est pas seulement vu à travers un simple velux. C’est franchement assez impressionnant dans la manière de mettre en lien ces deux aspects.

 

Et là où je trouve que Room prend vraiment tout son sens, c’est qu’il ne s’arrête pas à cette évasion mais va plus loin, en s’intéressant ensuite aux conséquences sur le couple mère-fils de ce brusque retour à la réalité. Ainsi, on passe par toutes les étapes de ce qui est une relation hors norme entre un fils et sa maman. Alors qu’ils n’étaient que tous les deux dans un monde imaginaire, ils vont devoir réapprendre à vivre dans la société et, forcément, à se détacher l’un l’autre. Les tensions entre la mère et ses propres parents rentrent également en ligne de compte, mais elles sont bien moins évoquées car on reste toujours à hauteur d’enfant. D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, les aspects juridique et médiatique ne sont pas du tout traités, ce qui fait finalement sortir cette histoire du simple fait-divers pour l’amener vers quelque chose de bien plus universel : la question de l’amour maternel et de la façon dont il peut se manifester en fonction des situations. Si cette dernière partie paraît à première vue moins prenante, elle n’en est pas moins vraiment intéressante dans sa manière de traiter toutes ces problématiques. Et la fin est assez magnifique, bouclant d’une certaine façon la boucle d’un long métrage qui, malgré des parties bien distinctes, forme un ensemble cohérent et de qualité. Cela vient aussi d’une réalisation qui tient plutôt la route même s’il est juste un peu dommageable que Lenny Abrahamson ait parfois un peu de mal à réfréner ses ardeurs et en fasse un peu trop, avec des effets de mise en scène pas forcément utiles. Je trouve d’ailleurs que la réalisation est plus intéressante dans la première partie, où c’est plus « contraint » que par la suite, où la liberté de cadre qui lui est offerte n’est pas toujours bien exploitée. Ça ne nuit pas vraiment au film dans son ensemble mais, personnellement, ça m’a dérangé plus d’une fois.

 

Le réalisateur peut enfin s’appuyer sur un duo d’acteurs principaux vraiment formidable, en plus de seconds rôles bien tenus. Brie Larson a remporté l’Oscar pour ce rôle et je pense qu’elle le mérite tant elle réalise une prestation vraiment convaincante où elle parvient à  être à la fois forte et sensible, dans un rôle finalement pas si évident que cela. Celle que j’avais découvert grâce à une petite apparition dans Don Jon et surtout pour son rôle dans States of Grace trouve la reconnaissance pour une carrière patiemment construite année après année. On tient sans doute là (avec Jennifer Lawrence) le futur d’Hollywood pour les vingt ans à venir du côté féminin. Mais la vraie révélation de ce film est celui qui joue son fils, le tout jeune Jacob Tremblay. Il est véritablement épatant pour jouer cet enfant qui découvre un nouveau monde. Le réalisateur s’attarde souvent sur son visage qui dit beaucoup de choses. On peut même se demander comment ça se fait qu’il n’ait pas été nominé en tant que meilleur acteur aux Oscars. Aurait-il pu faire de l’ombre au sacre annoncé de Leonardo DiCaprio ? Personnellement, je suis souvent assez dubitatif devant les performances d’enfants au cinéma mais il se dégage vraiment quelque chose de ce jeune garçon qui m’a ainsi autant fasciné que Quvenzhané Wallis dans Les Bêtes du Sud Sauvage il y a quelques années et cela ne m’étonnerait pas qu’on le retrouve dans les prochaines années dans d’autres grands rôles. Je lui souhaite en tout cas une belle carrière. C’est en grande partie pour ces deux performances, ainsi que pour la façon assez singulière de traiter un faits-divers assez incroyable, qu’il faut aller voir ce film, qui mérite donc bien tous les éloges qui ont pu être faits au cours de son parcours festivalier. 




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