La Critique
Et c’est le retour de Mission : Impossible, presque vingt ans après le premier épisode. Et ce qui est assez amusant (et rare pour ce genre de sagas), c’est que, à chaque fois, le réalisateur est nouveau. Cette façon de faire a donné des tons assez différents entre le premier de De Palma (plutôt sérieux), le deuxième de John Woo (franchement barré) ou le troisième mené par J.J. Abrams (un peu entre les deux). On a l’impression que depuis que ce dernier est producteur, une ligne directrice plus claire s’est établie. Brad Bird, aux manettes du quatrième épisode, avait le job, sans trop se donner non plus, pour ce qui était son premier film live après des années passées chez Pixar. Ce Protocole fantôme donnait surtout l’impression d’être extrêmement calibré et de ne pas laisser beaucoup de marge de manœuvre au réalisateur. En mettant Christopher McQuarrie aux manettes du dernier volet (dernier, pour l’instant, on s’entend), J.J. Abrams et Tom Cruise (également producteur et dont on peut penser que Mission : Impossible est presque ce qui lui permet encore d’exister à Hollywood) montrent qu’ils ne veulent pas trop laisser leur « bébé » partir dans n’importe quelle direction. En effet, McQuarrie est surtout connu pour ses scénarios (Usual Suspects ou Edge of tomorrow, c’est lui) et est plutôt nouveau du côté de la réalisation. On lui doit Jack Reacher (tiens, tiens, avec déjà Tom Cruise dans le rôle-titre), un honnête film d’action qui ne brillait pas par son originalité. Avec lui aux manettes, on était au moins certain que Rogue Nation serait un long métrage respectant les codes du genre, à savoir : un scénario avec quelques rebondissements pour tenir le spectateur en haleine, des bons mots pour le faire sourire et, surtout, des scènes d’action pour essayer de le scotcher à son siège. Ce long métrage remplit sa mission mais en ne faisant pas plus que le strict minimum.
Parce que j’ai eu d’autres choses à faire ces derniers temps (c’est pourquoi cette critique arrive si tard) et que, pour être honnête, ce film ne mérite pas vraiment qu’on s’y arrête longtemps, je serai assez rapide (et même un peu lapidaire) pour expliquer ce que j’ai pensé de ce long métrage. Ce que l’on peut commencer par dire, c’est que l’on ne s’ennuie pas, ce qui est déjà un bon point me direz-vous. Pendant plus de deux heures, on est dans un rythme effréné, fait d’une succession de scènes d’action, de quelques séquences pour qu’on comprenne où le scénario veut en venir et de certains dialogues plutôt amusants. D’ailleurs, merci encore au personnage de Simon Pegg qui apporte une bonne touche d’humour et de légèreté à l’ensemble. Au rayon des satisfactions également, un Tom Cruise qui ne fait pas les choses à moitié (puisqu’il a lui-même fait la plupart des cascades) et qui semble avoir un réel plaisir à retrouver ce rôle. Mais, sinon, c’est loin d’être captivant…
D’abord, le scénario manque bien trop d’originalité pour franchement nous captiver : le coup de l’équipe qui doit travailler sans aide extérieure car elle est compromise, j’ai l’impression de l’avoir déjà vu un paquet de fois dans plein d’autres films (et notamment dans le précédent volet). Pour ce qui est du fait de voyager à travers le monde (ici Vienne, Tanger et Londres), c’est devenu une forme d’« obligation » pour les films d’action donc pas grand-chose de surprenant. Ensuite, s’il y a bien une séquence qui est plus réussie que les autres, c’est celle qui se déroule à l’Opéra. C’est juste dommage que cette idée soit repompée (un peu honteusement) de Quantum of Solace, car sinon, la scène est plutôt pas mal foutue. Les scènes d’action sont percutantes dans l’ensemble mais, le souci est qu’elles en deviennent drôles tellement leur peu de crédibilité leur fait perdre assez vite de leur intérêt : ah, ces accidents en voiture et en moto (surtout) successifs dont Ethan Hunt se relève sans aucun dommage ! Enfin, je me pose encore des questions sur ce personnage féminin pour le moins étrange. Ce n’est pas une MI Girl car elle a un peu de profondeur et de mystère mais, en même temps, elle n’arrive jamais à trouver sa véritable place dans le récit puisqu’elle passe toujours derrière Ethan Hunt qui doit quand même rester la vraie attraction du long métrage. Ce personnage n’est sans doute pas aidé par son interprète. En effet Rebecca Ferguson (inconnue au bataillon jusque-là) est pour le moins improbable tant on a l’impression qu’elle sort tout droit d’un film des années 60.