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TimFaitSonCinema
Wei Ling Soo est le nom d’artiste derrière se cache Stanley Crawford, homme arrogant et volontairement désagréable. Immense magicien, il a aussi le don pour démasquer tous ceux qui se disent médium. Son meilleur ami le convainc de se rendre dans le sud de la France pour débusquer une jeune américaine qui sévit dans une riche famille. Cette rencontre va-t-elle remettre ses certitudes en question ?
Verdict:

Avec Magic in the moonlight, Woody Allen signe un long métrage que l’on peut qualifier de sympathique. On ne s’ennuie pas, l’image est jolie et l’ambiance des années folles très bien rendue. Mais c’est aussi un film largement oubliable, où rien n’est véritablement marquant.

Coup de coeur:

Les deux acteurs principaux

La date de sortie du film:

22.10.2014

Ce film est réalisé par

Woody ALLEN

Ce film est tagué dans:

Comédie romantique

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 La Critique


Comme le Beaujolais nouveau (et souvent à peu près à la même époque), le dernier né de Woody Allen revient comme un leitmotiv chaque année. Et cela depuis bientôt cinquante ans… Et moi, depuis 2005, je vais à chaque fois en salle, voir ce que donne le « nouveau Woody Allen » (devenu une sorte de marque déposée). Et ce qui est assez drôle, c’est que 2005 (avec Match point) marque aussi le début d’une histoire d’amour du réalisateur avec l’Europe puisque celui qui n’avait tourné jusque-là presque exclusivement à New York, ne va retourner que deux fois aux Etats-Unis en dix ans (Whatever works et Blue Jasmine). Et si le changement d’endroit est le plus visible, on a aussi remarqué, lors de ces dix dernières « fournées », une volonté de varier les styles avec de vrais drames (Le rêve de Cassandre, Blue Jasmine), des films choraux (Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ou To Rome with Love), des comédies romantico-dramatiques (Vicky Cristina Barcelona et Whatever works) et même un petit « délire » fantastico-historique avec Minuit à Paris. Bref, on a vraiment le sentiment que plus le temps passe, moins Woody Allen ne s’interdit de choses. En 2014, il a même été à l’affiche, en tant qu’acteur, d’un film qu’il ne réalisait pas (Apprenti Gigolo de John Turturro), ce qui est très rare. Il s’en sortait plutôt bien dans un rôle, il est vrai, taillé pour lui. Le souci, avec celui qui est devenu une légende, c’est qu’on a toujours le sentiment que, en faisant un film par an, il ne prend peut-être pas assez de temps pour vraiment fignoler ses longs-métrages (que ce soit au niveau du scénario ou de la réalisation). Avec lui, on sait que c’est rarement mauvais (encore que) mais que ce ne sont jamais de grands films. Après un Blue Jasmine, qui lui, était justement plus intense et plus réussi, Allen allait-il être dans la même veine pour ce cru 2014 ?

 

Assez vite (trop sans doute), on comprend que l’ambition du réalisateur n’est pas la même et que son Magic in the moonlight se veut plutôt être une « simple » comédie et non un drame, avec comme toile de fond le thème de la magie. Celui-ci a déjà fait l’objet de longs métrages de sa part (Le sortilège du scorpion de Jade ou Scoop par exemple) et, au cinéma, ça a toujours une résonnance particulière car, justement, le rôle du metteur en scène est finalement assez proche de celui du magicien. Mais, ici, le thème de la magie sert surtout à mettre en parallèle les illusions créées artificiellement avec celles de la « vraie vie ». Car s’il est un magicien très doué, Stanley Crawford est surtout le personnage le plus désabusé (et, donc, sans aucune illusion) que l’on puisse faire. Cela le rend à la fois désagréable et arrogant. Mais sa rencontre avec une jeune femme qui se prétend médium va le changer. C’est en fait exactement le même principe que dans Whatever works et, une nouvelle fois, on ne peut pas ne pas voir dans ce personnage principal une incarnation du réalisateur lui-même qui, comme il en a l’habitude, en dit beaucoup de lui à travers les images et les dialogues. Au fur et à mesure de sa rencontre avec Sophie, ses certitudes vont être remises en cause, déjà d’un pur point de vue professionnel mais aussi, et surtout, personnel (oui, il est possible d’être optimiste et même amoureux). Ces deux aspects finissent par s’entremêler, pour parfaire la transformation. C’est grâce à de longs dialogues (dont un au clair de lune) que l’on voit la modification qui s’opère chez Stanley, procédé très courant chez Woody Allen, qui adore orchestrer de très longues scènes où deux personnages se répondent avec des répliques douces-amères. De ce côté-là, il n’y a donc pas de grandes surprises à attendre dans le style général.

 

Même si le scénario est extrêmement balisé et la fin (trop) prévisible, il y a quand même une volonté de construire Magic in the moonlight comme une sorte de tour de magie. On sait très bien qu’il y a un « truc », on le sent, mais on a du mal à le définir. Si la révélation se fait à la fin, c’est surtout dans la relation entre Stanley et Sophie qu’une sorte de magie opère, celle-ci bien moins explicable, encore que ce soit plutôt « fléché ». Malgré un fond un peu décevant, si ce film séduit, c’est plutôt pour sa forme. En optant pour le sud de la France des années 20, Woody Allen se fait visiblement plaisir (il avait déjà abordé cette période dans Minuit à Paris). En tout cas, un gros travail est fourni sur les décors et les costumes, donnant à l’ensemble un petit côté « carte postale » que l’on retrouve presque toujours chez Allen depuis qu’il tourne en Europe. Grâce à une très jolie image concoctée par un maître en la matière (Darius Khondji, le roi de la photographie dorée, comme dans The Immigrant), le réalisateur nous plonge complètement dans une ambiance assez proche de ce que l’on imagine être un roman d’Agatha Christie. Tout cet aspect-là du long métrage est donc plutôt agréable et permet que l’on ne s’ennuie presque jamais. Et les deux acteurs principaux sont très bons (honnêtement, les autres comédiens ont des rôles vraiment trop secondaires pour être jugés) entre un Colin Firth que l’on avait un peu perdu de vue depuis Le discours d’un Roi et qui est excellent en homme revenu de tout qui va se voir obligé d’évoluer, et une Emma Stone, pleine de charme et pétillante comme tout. Elle prouve là qu’elle peut sans problème jouer sur tous les registres. Woody Allen a prouvé dernièrement qu’il pouvait en faire de même mais, là, de façon assez claire, il s’est offert une sorte de petite récréation, où le spectateur trouve un certain plaisir, car c’est mignon tout plein, mais jamais beaucoup plus. Parfois, ça suffit mais, personnellement, j’en attends quand même toujours un peu plus. Peut-être suis-je trop exigeant ?




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