La Critique
Que les choses soient claires d’emblée : de Luc Besson réalisateur, je n’espère plus grand-chose. En effet, depuis qu’il a annoncé il y a presque dix ans qu’il arrêtait la mise en scène, il n’a jamais été aussi prolifique et, de ce que j’ai pu en voir, ça a été loin de m’enchanter (pour dire les choses gentiment). Adèle Blanc-Sec était un film gentillet et plutôt agaçant alors que Malavita n’était pas loin d’être une farce. Après avoir vu les premières images de Lucy, je n’étais pas beaucoup plus rassuré mais cet été étant particulièrement chiche en films que l’on a vraiment envie de voir, je me suis retrouvé à une séance, ayant finalement assez « peur » de ce à quoi j’allais bien pouvoir assister… Pourtant, sur le principe, un film d’action avec une femme comme personnage principal, ça a quelque chose d’intéressant car c’est finalement très rare. Dernièrement, il y a eu Salt, qui faisait vraiment d’une femme l’héroïne du film. Et c’était Angelina Jolie qui avait pris le rôle. D’ailleurs, c’était aussi l’actrice que souhaitait au départ Luc Besson pour son long métrage mais ça n’a pas pu fonctionner comme cela. Il s’est donc retourné vers une autre star hollywoodienne, Scarlett Johansson qui, il y a quelques années, avait déjà donnée dans ce type de films avec son rôle dans The Island. Et puis maintenant qu’elle vit en France, elle a bien besoin de tourner dans des productions bien de chez nous, même si, avec la présence de Morgan Freeman au casting et le fait que ce soit tourné en anglais, c’est un film destiné à une diffusion internationale. D’ailleurs, Lucy est pour l’instant le plus gros succès de la carrière de Luc Besson aux Etats-Unis. Et même en France, la réussite est grande. Il faut vraiment s’interroger sur les raisons expliquant cet état de fait car Lucy est un long métrage d’une grande pauvreté…
Le premier tiers du film (une petite demi-heure puisque Lucy peine à atteindre les 90 minutes réglementaires) est absolument terrible. On a l’impression que le réalisateur (et scénariste puisqu’il s’est aussi crédité dans ce rôle) prend le spectateur pour un idiot. En effet, il surligne tout son discours par une quantité d’images tirées des actualités, montées très rapidement. C’est absolument terrifiant, tant sur le principe (on n’est pas des demeurés) que visuellement (ça donne une impression de patchwork complètement bâclé). En plus, tout cela se fait autour d’un discours assez improbable qui mélange science-fiction et pseudo-science, narré par un Morgan Freeman qui ne croit visiblement pas une seconde à son propre rôle (c’est d’ailleurs la deuxième fois en quelques mois, après Transcendance qu’il tient une partition similaire et qu’il n’est pas convaincant du tout…). En alternance, on suit l’évolution du personnage principal qui change radicalement avec ce qu’elle a dorénavant dans son corps (d’ailleurs, la scène de la transformation est absolument grotesque et d’une laideur absolue). Une fois cette mise en place effectuée, on peut espérer que le film va décoller mais, dans les faits, ce n’est jamais le cas et on a beau quitter Taïwan pour Paris, ça ne fonctionne jamais. Premièrement, le scénario est d’une faiblesse abyssale et on se demande même comment des acteurs peuvent accepter de faire partie d’une telle blague : c’est de la science-fiction de bas-étage, où se suivent des espèces de théories fumeuses et qui essaient d’expliquer ce qui est possible. Sinon, c’est une suite d’incohérences, d’ellipses incompréhensibles et de non-sens qui s’accumulent. En faire la liste serait bien trop long donc je ne vais pas perdre mon temps avec ça. Au rayon des satisfactions, il y aurait bien quelques scènes un peu plus réussies que les autres et notamment une poursuite en voiture dans Paris. Mais c’est bien peu et, même si je n’en attendais pas grand-chose, ce Lucy a quand même réussi à me décevoir et même à m’agacer par moments. Luc Besson est décidemment un cas à part dans le cinéma français…