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TimFaitSonCinema
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LION

Saroo est un jeune garçon de cinq ans qui vit à proximité d’une grande ville indienne. Un soir, il accompagne son frère afin de travailler avec lui. Mais celui-ci disparaît et Saroo se retrouve seul. Se réfugiant dans un train, il se réveille bien plus loin. Perdu dans la grande vile, il va devoir lutter pour survivre. Vingt ans plus tard, on retrouve Saroo qui part à la recherche de son passé…
Verdict:

Sans être vraiment mauvais, Lion est un long métrage qui m’a finalement bien plus agacé qu’autre chose. Ce qui m’a le plus dérangé est sans doute cette manière d’en rajouter à tous les niveaux autour d’une histoire qui, en elle-même, était suffisamment forte pour émouvoir et méritait plutôt un traitement sobre pour gagner en efficacité. Il y avait pourtant tout, ce qui est peut-être le plus frustrant, d’ailleurs…

Coup de coeur:

Sunny Pawar

La date de sortie du film:

22.02.2017

Ce film est réalisé par

Garth DAVIS

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Depuis quelques années, l’Inde semble être devenu une destination privilégiée pour pas mal de réalisateurs occidentaux. La mode a sans doute été lancée par le succès de Slumdog Millionaire même si, juste avant, A bord du Darjeeling Limited offrait déjà une plongée dans cet immense pays. Depuis, entre John Madden (avec les Indian Palace), Michael Winterbottom (l’ignoble Trishna), et même Claude Lelouch (Un + Une), ils sont quelques-uns à avoir basé leur intrigue en Inde. Certaines séries s’y sont même mises (comme lors de la dernière saison de Fais pas ci, fais pas ça). Je comprends tout à fait la fascination que peut induire ce quasi-continent, mais l’effet de mode me paraît toujours un peu suspect. Ainsi, quand j’ai vu que Lion, premier film d’un Australien qui a pour fait d’armes d’avoir réalisé quatre épisodes d’une minisérie créée par Jane Campion, était vendu en France comme le « nouveau Slumdog Millionaire », je me suis quelque peu inquiété. Non pas que je n’aie pas apprécié en son temps le film de Danny Boyle mais c’est plutôt l’argument en lui-même qui me semble extrêmement faible. C’est un peu du genre : « venez voir le film, ça se passe en Inde, ça va être super sympa et coloré ! ». Honnêtement, si j’y suis quand même allé, c’est que Lion a fait partie de la liste des films nominés pour le meilleur film aux derniers Oscars, ce qui n’est pas forcément gage de réussite absolue mais qui indique selon moi une qualité minimale. Si ça n’avait pas été le cas, j’aurais sans doute passé mon tour. Et peut-être aurais-je mieux fait d’ailleurs. Car si on ne peut pas dire que ce soit un mauvais long métrage, il y a quand même beaucoup trop d’éléments qui m’ont déplu pour que je considère ce film comme réussi.

 

Je préfère prévenir d’entrée de jeu que je pense être assez sévère dans cette critique même si, au fond, Lion est loin d’être un film que j’ai détesté. On peut même y voir certaines qualités sans trop se forcer. Les presque deux heures passent assez vite, il y a quelques beaux plans, une musique sympathique, de jolies performances d’acteurs et une histoire émouvante. Pris de façon individuelle, tous ces éléments pourraient même conduire à une réussite. Mais, une œuvre cinématographique reste l’association de très nombreux éléments dont la recette pour qu’ils fonctionnent ensemble est parfois compliquée à trouver. C’est malheureusement un peu ce qui se passe ici avec un long métrage dont on a le sentiment que le réalisateur n’arrive jamais à le prendre par le bon bout. Il faut dire que l’objet n’est pas si évident à appréhender, notamment dans sa forme, puisqu’il y a deux parties bien distinctes, qui se déroulent à vingt ans d’écart et qui ont finalement des ressorts dramatiques et des problématiques bien différentes. C’est d’ailleurs presque comme s’il y avait deux films en un et, ce qui est assez cocasse, c’est que, pour des raisons assez différentes, les deux ont peiné à réellement me convaincre. Toute la première partie du film est celle de l’enfance du personnage principal. Elle a un peu un côté Oliver Twist en Inde pas déplaisant avec un jeune garçon qui se retrouve seul dans une grande ville, à devoir se débrouiller pour survivre. Il va se retrouver confronté à plusieurs dangers, qu’il ne perçoit pas forcément tout de suite. Ce qui est bien, c’est que le film reste à hauteur d’enfant, ce qui permet de ne pas tomber dans quelque chose de plus glauque (même si tout le non-dit et le non-montré est terrible)… Par contre, la réalisation est plus que limite et, pour dire les choses franchement, on a l’impression que le film a été plongé dans du curry, avec un filtre jaune qui m’a rapidement dégouté… Heureusement, avec sa bouille toute mignonne et son énergie, le jeune Sunny Pawar parvient vraiment à nous séduire.

 

Sur toute la deuxième partie du long métrage, je suis encore davantage circonspect car je trouve que là, en plus d’une mise en scène qui ne s’améliore pas et qui devient même de plus en plus démonstrative, c’est bien le fond qui pêche sérieusement. En effet, il s’agit de la quête de Saroo pour retrouver son passé, alors qu’il s’est parfaitement intégré dans son nouveau pays qu’est l’Australie. Une telle recherche d’identité n’est pas forcément facile à mettre en image mais là, Garth Davis se plante complètement, préférant enchainer à peu près tout ce qu’on pourrait attendre : la dispute avec les parents adoptifs, la rupture avec la copine, le repli sur soi, et les recherches sur Google Earth… C’est très mécanique dans la construction et limite manichéen dans le propos (notamment sur la question de l’adoption avec un « gentil » et un « méchant »). Cela donne un côté extrêmement désincarné à l’ensemble, que ne parvient pas réellement à sauver un Dev Patel qui paraît un peu perdu. Le tout manque de souffle, de vie, et, donc, d’émotion. Plus le réalisateur en rajoute dans la réalisation, moins ça fonctionne… De plus, les seconds rôles sont complètement sacrifiés, notamment celui de la copine de Saroo. Cette histoire d’amour ne sert absolument à rien dans le récit et je me demande comment on peut autant sous-utiliser une actrice comme Rooney Mara… Nicole Kidman, elle, réussit à faire passer quelque chose lors de ses (trop) rares apparitions. L’ensemble donne finalement un objet loin d’être satisfaisant. Si ce qui est raconté est forcément émouvant, avec, en plus l’argument imparable de l’histoire vraie, la façon de le mettre en images est bien plus discutable et finit presque par desservir le sujet. La fin est en ce sens symptomatique avec une montée dramatique franchement artificielle car les retrouvailles sont attendues comme cela. Ces dernières minutes donnent surtout l’impression que faire deux heures de film sur cette histoire n’était pas forcément si utile, si c’était pour en arriver à une telle conclusion… J’aurais franchement eu envie d’apprécier davantage ce film mais ses trop nombreux défauts ont pris le dessus…




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