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TimFaitSonCinema
Recueilli dans une pousse de bambou, un bébé devient très vite une magnifique jeune femme que ses parents décident d’installer en ville pour qu’elle devienne une vraie princesse. Elle va ainsi être convoitée par tous les grands du pays mais va aussi découvrir sa vraie nature.
Verdict:

Mignon tout plein d’un point de vue purement formel, ce Conte de la Princesse Kaguya ne m’a pourtant jamais vraiment ému. L’histoire est jolie mais j’ai eu du mal à vraiment y accrocher et la fin a fini de m’achever… Cela reste malgré tout une petite merveille visuelle, mais pas grand-chose de plus.

Coup de coeur:

Le style visuel

La date de sortie du film:

25.06.2014

Ce film est réalisé par

Isao TAKAHATA

Ce film est tagué dans:

Film d'animation

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 La Critique


Décidément, pour moi, c’est l’année de l’animation japonaise. C’est le troisième dessin animé provenant de ce pays que je vois en moins de six mois, alors que ce n’est pourtant pas forcément ce que je recherche particulièrement d’habitude. Cela vient aussi du fait que les Studios Ghibli nous offrent cette année les longs métrages de leurs deux co-fondateurs puisque, après Le vent se lève de Hayao Miyazaki (le plus connu de tous les animateurs japonais), c’est au tour d’Isao Takahata de voir son œuvre sortir en France. Et comme pour Miyazaki, Takahata a annoncé que ce serait son dernier film. C’est donc, en 2014, une vraie page qui se tourne dans les studios japonais mythiques. S’il est moins connu que son collègue Miyazaki, Takahata s’est tout de même fait un nom puisque c’est lui qui a réalisé Le tombeau des lucioles, film demeuré mythique pour beaucoup de monde (mais pas pour moi car je ne l’ai toujours pas vu !). Pour son ultime long métrage, le réalisateur a réussi à mener au bout un projet qui lui tient à cœur depuis presque le début de sa carrière et, pour cela, les studios Ghibli ont engagé des sommes énormes, ce qui fait de ce Conte de la Princesse Kaguya le film le plus cher de leur histoire. Il faut dire que c’est aussi l’adaptation d’un conte qui est considéré comme l’un des textes fondateurs de la littérature japonaise (un peu l’équivalent du Roman de Renart chez nous, en gros) et qu’il ne lésine pas sur les moyens puisque, au final, son film dure plus de deux heures et quart, ce qui est une durée très rare lorsque l’on est dans l’animation, et encore plus quand, comme ici, ce sont encore les techniques traditionnelles qui sont utilisées. Mais si, dans l’ensemble, ce long métrage est plutôt joli, il n’a jamais réussi à complètement me transporter ou, au moins, à véritablement m’émouvoir.

 

Ce qui marque avant tout, c’est le style visuel qu’a voulu employer Takahata. En effet, on est très loin de ce que l’on peut voir actuellement avec ces déluges d’images de synthèses et des traits particulièrement nets, Le conte de la Princesse Kaguya présente plutôt une esthétique bien moins « précise » : la volonté n’est clairement pas d’être le plus réaliste possible mais plutôt d’exprimer au mieux les sentiments des personnages, à travers des coups de crayons presque à mains levés. On a parfois l’impression de voir de simples croquis mais s’ils semblent à première vue assez simples, ces dessins révèlent en fait une sacrée complexité et tous les arrières plans sont extrêmement travaillés. Ils représentent chacun une sorte de tableau indépendant, ressemblant à la fameuse estampe japonaise, avec ses traits fin et ses tons pastels. Car c’est là aussi l’un des aspects importants de ce film, les couleurs sont toujours très claires, donnant une vraie légèreté à toute l’image. Ainsi, du côté visuel, il n’y a absolument rien à dire et certains passages confinent même au génie, comme cette séquence où Kaguya s’échappe de son palais pour retrouver la campagne de sa jeunesse. Le coup de crayon se fait alors très différent, beaucoup plus marqué, montrant bien ce qui habite véritablement ce personnage, puisque c’est un mélange de colère et de déception. Mais si, sur la forme, Takahata réussit largement son coup, je dois bien avouer que ce que raconte le long métrage m’a beaucoup moins séduit. On est dans le vrai domaine du conte qui commence par « Il était une fois » et se termine de façon merveilleuse (au sens propre du terme). Il y a aussi certains éléments surnaturels, comme cette façon qu’a cette jeune fille de très vite grandir. Mais le souci c’est que, à mon goût, jamais cette histoire ne parvient à trouver le ton juste pour réellement émouvoir.

 

Pourtant, il y a de quoi faire avec ce récit de la vie d’une jeune fille élevée à la campagne mais qui va devoir aller habiter très tôt à la ville et y apprendre contre son gré les bonnes manières. D’ailleurs, dans cette confrontation entre ville et campagne se trouve l’un des aspects les plus intéressants de ce long-métrage et si le réalisateur ne prend pas clairement parti, on sent quand même que la nature et le côté bucolique et sans faux-semblants de la campagne de la jeunesse trouve plus grâce à ses yeux. Mais, à partir de cela, cette histoire ne créé pas vraiment de véritable enjeu dramatique fort, du genre qui pourrait faire que l’on s’attache réellement à ce personnage au demeurant plutôt sympathique et drôle par moments. Seul le choix de son futur époux apporte un peu de nouveauté mais ces scènes ne sont pas forcément non plus les mieux gérées car elles trainent un peu trop en longueur. C’est d’ailleurs là l’un des soucis de ce long métrage qui aurait sans doute gagné à être raccourci (d’une petite demi-heure environ) car quelques passages sont parfois un peu trop redondants et la fin (complètement borderline selon moi) traine vraiment en longueur. Ce manque d’enjeux dramatiques a fini par me perdre au bout d’un moment car je ne voyais plus vraiment d’intérêt à tout ce qui défilait devant mes yeux. On trouve quand même quelques très jolis moments, comme toute la séquence où la jeune fille (pas encore Kaguya, donc) apprend à marcher. On la voit peu à peu se mouvoir de plus en plus « normalement » et c’est très mignon, surtout dans la façon de montrer cela en une seule séquence. Mais ce n’est pas suffisant pour que je puisse accrocher à un film qui sera sans doute un peu trop long pour le jeune public et qui, ainsi, conviendra plus aux adultes. Et même pas besoin d’avoir une vraie âme d’enfant pour apprécier la virtuosité visuelle de l’ensemble. C’est juste un peu dommage que ça ne débouche pas sur plus d’émotion.




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