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TimFaitSonCinema
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LA FRENCH

Au milieu des années 70, Marseille est la capitale mondiale de l’héroïne. La French Connection, avec à sa tête le fameux Gaëtan Zampa, fait la loi. Le juge Pierre Michel se voit confier le grand banditisme. Il va alors changer radicalement les méthodes de la Police et tout faire pour mettre fin à ce trafic. Quitte à y risquer sa vie…
Verdict:

Oui, le cahier des charges du film de gangsters est respecté avec une reconstitution minutieuse et tous les passages obligés qui s’enchaînent. Mais cela ne suffit pas pour faire un vrai bon long métrage et, finalement, devant le manque de souffle et de surprises, on finit par trouver ça divertissant mais pas grand-chose de plus… Et c’est quand même dommage…

Coup de coeur:

La reconstitution des années 70

La date de sortie du film:

03.12.2014

Ce film est réalisé par

Cédric JIMENEZ

Ce film est tagué dans:

Film policier

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 La Critique


Et voilà le film français qui a coûté le plus cher cette année ! Du moins, c’est ce qui s’est dit car il est toujours difficile chez nous d’avoir les chiffres réels d’une telle production (alors qu’aux Etats-Unis, c’est plutôt l’inverse puisqu’on est souvent inondé de chiffres). On parle pour La French d’un budget de 17 millions d’euros (voire 26 selon d’autres sources), ce qui n’est pas rien (ça le place dans les 70 films français les plus chers de l’histoire) même si on reste très loin des 78 millions dépensés en 2008 pour Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques. C’est en tout cas Cédric Jimenez qui se trouve aux manettes, lui le marseillais d’origine qui rêvait depuis longtemps de pouvoir faire un film sur sa ville de naissance. Il avait été remarqué pour son premier long métrage, il y a deux ans, car celui-ci avait une idée de départ assez intéressante : celle de créer un film presque exclusivement à partir d’images de caméras de surveillance. Aux yeux de tous était effectivement un thriller que l’on suivait à travers ce média bien spécifique. Bien que je n’aie jamais eu le temps de le voir, c’est toujours un concept qui m’a intrigué et intéressé. Il lui a en tout cas visiblement permis de mener à bien un projet ambitieux comme celui qu’est La French, qui se veut être une « fresque romanesque plongée dans la réalité » pour reprendre la terminologie officielle (qui a son importance). Car, comme presque toujours avec ce genre de long-métrages, une polémique est née à la sortie du film, la famille du juge Michel ne le jugeant pas véridique, certains journalistes trouvant même que certaines choses étaient carrément historiquement fausses,… Mais, globalement, la critique a été plutôt enthousiaste autour de ce film, ce qui m’a a priori un peu étonné. Et, après l’avoir vu, j’avoue que je suis encore un peu plus interloqué car, personnellement, j’ai trouvé ça très moyen…

 

En tout cas, il est assez fascinant de voir combien les grands truands de ces années-là fascinent encore le cinéma. Puisque La French s’inscrit d’une certaine manière dans la lignée des deux films sur Mesrine (1 et 2), même si, là, Cédric Jimenez donne peut-être plus d’importance au côté de l’enquête (et notamment du juge, véritable figure centrale du film) et pas seulement à Zampa lui-même. Clairement, le réalisateur a l’ambition de réaliser une grande fresque et la référence qui vient tout de suite est évidemment à trouver du côté de Martin Scorsese (ce n’est sans doute pas un hasard si l’on retrouve là un morceau emblématique de Shutter Island, en l’occurrence On the nature of daylight de Max Richter). Et, honnêtement, sur la forme, le metteur en scène ne s’en sort pas trop mal puisqu’il livre une superbe reconstitution du Marseille des années 70 avec un gros travail sur les costumes, les décors, les véhicules,… Même la bande originale délicieusement seventies est parfaite. Honnêtement, on s’y croirait vraiment et sauf pour l’incohérence autour du PSG (au début des années 80, il n’y a aucune rivalité entre le club parisien et l’OM), c’est de ce côté-là vraiment réussi. Et puis le scénario a cela de bien qu’il parvient à faire défiler toutes les séquences que l’on attend de ce genre de films : quelques petites poursuites, des règlements de compte, des négociations en tout genre, de l’action mais pas trop, des écoutes téléphoniques,… Bref, on a droit à peu près à tout ce que l’on aurait pu espérer et, globalement, on ne s’ennuie pas trop, tant il se passe de choses. Il faut dire qu’en deux heures et quart, c’est six ans d’activité de cette organisation mafieuse qui sont passés en revue, aussi bien à travers les yeux du juge, qui s’y attaque frontalement, que ceux de Gaëtan Zampa qui, peu à peu, voit son empire s’effondrer. Alors, qu’est-ce qui cloche ?

 

Le souci principal se trouve dans le fait que La French ne va jamais vraiment chercher plus loin que ce qui est évoqué plus haut et semble au final se contenter de dérouler le programme attendu proprement, sans jamais trop prendre de risques, ce qui donne un côté un peu désincarné à l’ensemble. Le fait qu’il y ait presque deux films en un ne permet pas au scénario de creuser davantage les personnages qui deviennent alors un peu trop caricaturaux. Et je ne parlerai même pas des deux rôles féminins qui sont complètement délaissés, comme souvent dans ces films. Elles sont « ressorties » uniquement quand se fait ressentir le besoin de créer un enjeu dramatique. Dans l’ensemble, tous les rôles manquent de consistance et sont décrits à top grands traits, ce qui ne permet pas au spectateur de réellement s’y intéresser. Michel et Zampa apparaissent un peu comme les deux faces d’une même pièce (un sens de l’honneur identique, mais pas dans les mêmes buts) et une rencontre est créée assez artificiellement au milieu du film pour leur permettre de s’affronter et de s’expliquer, sorte de climax. Malgré tout, on n’arrive jamais à aller vraiment au-delà de l’image qu’ils donnent. Sans doute le fait que Gilles Lellouche en fasse un peu trop du côté gangster et que Jean Dujardin n’hésite pas à manier l’ironie comme il sait si bien le faire n’aide pas non plus vraiment à réellement incarner ces personnages. Et puis le scénario, extrêmement linéaire, est beaucoup trop illustratif pour que le film prenne vraiment de l’ampleur. Et, étant donné qu’il faut montrer beaucoup de choses très rapidement, la mise en scène en arrive souvent à des raccourcis assez terribles où tout est surligné pour être sûr que le spectateur ne ratera pas ce qu’il faut (la fin n’est pas loin d’être tragique de ce point de vue là). Avec une telle histoire, il y avait un sacré potentiel mais peut-être qu’en voulant faire en quelque sorte deux films en un, le scénario, et le long métrage dans sa globalité, finissent un peu par se perdre.




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